Le nouvel album d’Alborosie qui sort chez Greensleeves risque d’en surprendre plus d’un. Alors qu’on s’attendait à une avalanche de titres types Kingston Town, le Sicilien s’en va là où on ne l’attendait pas, c’est-à-dire vers la diversité. Il aurait pu continuer sur sa voie, celle qui lui a donné tant de succès ; au lieu de ça, Aloborosie ne s’égare pas dans la monotonie. Ce Escape from Babylon propose un certain nombre de morceaux très roots, à l’ancienne. Il nous ressort par exemple le Money riddim de Horace Andy. Mama she don’t like you est aussi un excellent tune dans la plus pure tradition early reggae en combinaison avec la chanteuse jamaïcaine Ieye et sa voix soul à la Dawn Penn. La majorité des titres sont donc très roots ; « back in the days », comme on dit en Jamaïque. Puppa Albo, comme il aime à se surnommer au moins une centaine de fois dans cet album, s’essaye même avec succès au rub-a-dub sur I can’t stand it, combinaison virtuelle avec Dennis Brown et hommage à Joe Gibbs. Mais ce qui nous surprend le plus sur ce nouvel effort de l’Italien, c’est sans doute le nombre important de titres aux sonorités reggae africain. Promised land, Mr. President, America - où le chanteur demande aux Etats-Unis de rappeler ses soldats qui occupent l’Afrique - et également Irusalem, aux paroles déjà entendues quelque part : « Irusalem, here I am. » Alborosie chercherait-il à rendre hommage à Alpha Blondy ? Pas sûr, mais, en tout cas, on ne peut s’empêcher d’y penser surtout quand, plus loin, on retrouve le titre Operation Uppsala, où le parallèle avec Opération coup de poing semble inévitable. Operation Uppsala relate en fait l’opération anti-drogue menée lors du festival Uppsla 2008 en Suède où notamment Sean Paul et Lee Perry avaient été arrêtés pour possession de marijuana. Que les fans de la première heure d’Alborosie se rassurent, il y a tout de même quelques titres très lourds dont seul lui a le secret. No cocaine, big ganja tune avec un petit clin d’œil au vétéran DJ David Rodigan, est très efficace et Real Story résonne presqu’autant que son hit Kingston Town, avec un nouveau gimmick tout aussi proche de ceux d’Eek-a-Mouse. Cet album à la pochette rappelant les plus grandes heures du label Greensleeves est donc une très bonne surprise de la part de ce musicien hors pair qui assure une fois de plus l’entièreté des instruments. On regrette tout de même que le chanteur italien ne s’éloigne pas plus des thèmes habituels du reggae. Peut-être nous surprendra-t-il sur ce point là dans un futur album…