Interview The Viceroys
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Interview The Viceroys

THE VICEROYS le 15 Septembre 2004 Nous avons discuté un moment avec les deux membres fondateurs de ce groupe mythique : Wesley Tinglin et Neville Ingram. A 50 ans passés, les Viceroys renaissent et ont sillonné la France en septembre 2004 avec Mateo Monk et Clinton Fearon pour le Reggae Bash. Rencontrés juste avant le premier concert de la tournée, les deux chanteurs reviennent, non sans amertume, sur la carrière d'un groupe qui avait tout pour faire très mal. Vous faites partie des légendes du reggae, c'est un plaisir de vous rencontrer. C'est une seconde vie pour le groupe, pouvez-vous nous expliquer ce revival ? Wesley : En Jamaïque, nous avons travaillé dur pendant très, très longtemps sans jamais avoir l'occasion de voyager et d'exporter notre reggae. On allait raccrocher, arrêter le reggae quand on nous a donné l'opportunité de repartir. On n'a jamais voyagé ! Je sais qu'on commence à être vieux mais on va devenir Big ! C'est pile le bon moment pour repartir ! Connaissez-vous les raisons de ce manque de promotion autour des Viceroys ? Vous auriez pu bénéficier de la popularité de groupes comme les Heptones ou les Mighty Diamonds… Wesley : C'est entièrement la faute des producteurs. Ils n'ont jamais misé sur nous… …et des gens comme Linval Thompson ? Wesley : Linval, Ok ! Mais pour des raisons que nous ignorons, les producteurs ont toujours exploités nos tunes à l'étranger, sans nous, en se gardant bien de nous verser de l'argent. Le temps va réparer tout ça. C'est notre deuxième venue en France. Où était la première, et quand ? Wesley : C'était au Pavillon (Pavillon Baltard à Nogent avec Max Roméo et The Ethiopians ndlr), en janvier de cette année. On a donné un bon show au Pavillon ! Que pensez-vous du public français ? Neville : Il est super ! Wesley : J'ai été si surpris de voir que les Français aimaient le reggae music ! C'était vraiment bien, et nous revoilà pour une quinzaine de dates ! Vous êtes prêts ? Wesley : Bien sur man, prêts et capables ! J'ai lu qu'il y a encore peu de temps vous travailliez en joaillerie, vous le faites toujours ? On bossait pour les grosses entreprises de joaillerie jamaïcaines. Neville : La musique est maintenant devenue notre job à plein temps. C'est un plaisir, après toutes ces années. Wesley : J'ai été chauffeur de bus aussi, j'ai fait plein de petits boulots. Neville : On parle de survie, là. A l'époque, on n'a pas pu survivre de la musique, il a fallu qu'on trouve autre chose pour nous nourrir. Mais on n'a jamais lâché la musique. On a toujours fait les deux. Wesley : On travaillait dans le même magasin et on chantait toute la journée ! C'est comme ça qu'on a atteint cette harmonie. Et cet ouragan ? Vous étiez encore en Jamaïque hier... Wesley : Oh my God ! C'était une expérience terrible. Mais le premier ouragan, Gilbert, a fait plus de dégâts. En fait, celui-ci n'est pas exactement passé au-dessus de la Jamaïque, mais tout au Sud. On a juste eu le droit à un vent violent. Les dégâts sont assez limités, heureusement. Et parlons de ce 3ème Viceroy. C'est un peu obscur, j'ai noté que c'était le cousin de Max Roméo : Gary Paul mais sur le cd c'est un certain Michael Gabbidon qui est crédité ?! Les 2 : C'est le même type ! (rires) Il chantait de la soul sur le label de Max Romeo, sous le nom de Gary Paul. Quand il chante avec les Viceroys, il prend son vrai nom : Michael Gabbidon. Il a fallu qu'il retourne à l'hôtel, c'est pourquoi il n'est pas là. "En Jamaïque, il n'y a que les trucs de dancehall qui marchent. Donc, nous réalisons nos albums et les exportons à l'étranger. Nous ne faisons plus de musique pour la Jamaïque" Après "Chancery Lane" en 1984, vous avez travaillé sur un album qui n'a jamais vu le jour. Avez-vous fini par le réaliser ? Wesley : C'est justement cet album "Love is all" qui vient de sortir en France. On l'a réalisé nous-mêmes en France et pour la première fois, nous sommes producteurs de notre album. Comment avez-vous réagi à l'annonce de la mort de Coxsone ? Wesley : C'est vraiment quelqu'un de très respecté dans le reggae music. Certains te diront ceci ou cela mais tout ce que j'ai à dire c'est qu'il a été un super producteur. C'est lui qui a rendu tout possible, pour nous. Notre premier titre, nous l'avons enregistré avec lui ("Love & unity"). Sur l'album "We must Unite", vous êtes backés par les Roots Radics et ce soir, vous jouez avec quel groupe ? Wesley : (regardant son pass pour voir le nom du groupe) : C'est le groupe qu'on entend…le…Boogie Brown Band, le groupe de Clinton Fearon. Clinton est vraiment un mec sympa, c'est un frère que nous connaissons depuis longtemps du Studio One. Mais il vit aux Etats-Unis maintenant. C'est Ernest (Sankofa) qui a organisé cette tournée. Ernest travaille pour nous maintenant et nous trouve des dates. Vous chantez des chansons, voire des hymnes rastas comme "Rising the strength of Jah" et "Leader and Hero", comment placez-vous le rastafarisme dans votre carrière et dans votre vie ? Neville : On a toujours vécu avec des Rastas. Mon père et ma mère étaient rastas. C'est un culte de famille. Wesley : Ma mère aussi, Rasta People ! On a grandi dans la religion. Vous avez abandonné les locks ? On vous a rarement vu avec de longues dreads ? Neville :Si ! Sur "We must Unite", on a tous les trois des locks mais on les couvre avec nos chapeaux. Sur "Ya Ho – The Viceroys at Studio One", on a tous les trois de longues dreads. Mais bon, tu sais, il faut les couper de temps en temps ! (rires) Neville : (enlève sa casquette et nous montre ses jeunes dreads) Je les refait pousser. Et ça pousse ? Oui, ça pousse bien ! (rires) Wesley : On adore la France, c'est un endroit super ! Les gens sont chaleureux. Quels sont vos projets ? Neville : On prévoit de sortir deux albums par an à partir de maintenant. De nouveaux albums, on en a déjà presque fini un. On continue de travailler, petit à petit. Et le titre de ce futur album ? On avait pensé à "There is Hope". (…) On sait maintenant produire par nous-mêmes et nous n'avons plus besoin de producteur. Ce qu'il nous faut, c'est de l'argent pour nos propres productions. Que pensez-vous du dancehall actuel ? Neville : La musique, par définition, prend plusieurs formes. On ne peut qu'accepter les dj's quand un mec fait avancer le truc et traverse le monde. Wesley : Tout le monde a une histoire à raconter, même les plus ignorants. Tout dépend de la façon dont tu la racontes (rires) Il faut leur donner une chance aussi ! Mais en Jamaïque, c'est le reggae de la vieille époque que les gens apprécient. Ils le comprennent mieux que les trucs de dj's qu'ils entendent actuellement. Même en France et en Angleterre, les gens adorent les vieux trucs, la vintage music. Parfois, il y a des imperfections mais c'est le crew Studio One ! Ken Boothe, les Silvertones et tous ces artistes. J'ai entendu parler d'une tournée qui réuniraient des artistes Studio One. Il nous veulent aussi au concert. Comment décririez-vous votre popularité en Jamaïque actuellement ? Wesley : En Jamaïque, il n'y a que les trucs de dancehall qui marchent. Donc, nous réalisons nos albums et les exportons à l'étranger. Nous ne faisons plus de musique pour la Jamaïque. Mais quand je rentrerai, j'ai décidé de sortir l'album "Love is All" en Jamaïque et bousculer les choses, retenter le coup…Yeah Man ! Vous avez des enfants ? Neville : J'en ai 2 Wesley : J'en ai 11 ! 8 garçons et 3 filles. Ils sont en Jamaïque. Euh non ! L'un d'entre eux est en Angleterre. Tu sais, j'adore la France et j'adorerai y vivre. A propos, nous avons un avocat en France : André Bertrand. Il est sensé faire quelques trucs pour nous. Il doit nous envoyer des royalties mais j'ai perdu son numéro. Tu le connais ? Non, mais je peux chercher pour vous et vous envoyez le numéro ? Ok, right. Reggae.fr a pu trouver ce numéro et l'envoyer aux Viceroys. André Bertrand est l'avocat français chargé de la plupart des affaires de droit concernant les reggaeman dont Familyman et les Wailers.
Par Max, Martin & Bosley
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