Interview King Riddim
interview Reggae français 0

Interview King Riddim

INTERVIEW KING RIDDIM 20 Février 2005 à Niort Entre deux concerts, Reggae.fr s'est installé dans le tour bus de King Riddim pour une petite interview. Rencontre avec Sly, leader/chanteur d'un groupe de passionnés, originaires de Normandie. Comment va King Riddim ? King Riddim va bien merci. On vient de sortir l'album et on est en grosse tournée promotionnelle. On commence vraiment à prendre la direction artistique que l'on veut. Au niveau communication, on a encore des progrès à faire mais bon… Tu as dressé le bilan de votre 1er album "La Jungle" ? "La Jungle" a été une étape qui nous a permis de passer à autre chose. On a fait des rencontres intéressantes qui nous ont donné la niaque pour faire "Positif ?!". Rencontrer les Gladiators ou Horace Andy te donne une grosse leçon de sagesse et d'humilité. Quand tu vois tous ceux qui arrivent du jour au lendemain et qu'on propulse au rang de "stars", ça fait du bien de rencontrer des artistes qui font les choses avec sincérité. Comment fonctionne le groupe ? On entend beaucoup parler de Sly et King Riddim… J'écris les textes et quand j'écris, tout me vient en même temps. Une mélodie va me venir sur les mots et je me fais toute la base rythmique dans ma tête. Je guide un peu les musiciens qui, dans l'exécution, vont apporter leur touche. Chacun peut apporter son grain de sel mais je tiens à ce que le tout soit cohérent. C'est vrai, le fonctionnement est plus ou moins cadré parce qu'on est huit musiciens. L'essentiel étant d'être tous dans le même esprit et c'est ce qu'on a trouvé. C'est pour ça que ça fonctionne. Globalement, l'album "Positif ?!" affiche une certaine cohérence… Les morceaux et les textes ont été créés dans un laps de temps assez court. Il y avait déjà une unité. C'était la vibes d'un moment. On a des périodes où l'on se sent tantôt rebelles tantôt mélancoliques etc. cet album reflète une période plus noire. Beaucoup d'événements nous ont marqués, ça a donné des textes comme Haine et mépris. L'essentiel est d'écrire quelque chose qui te ressemblera encore dans 10 ans. "Positif ?!" est un état d'esprit militant qui dure depuis une dizaine d'années et j'espère que ça ne s'arrêtera jamais. Ca voudrait dire qu'on est tous rentrés dans le moule. Le morceau Comme autrefois a des allures d'appel à la rébellion…à quel 'autrefois' fais-tu allusion ? Non, c'est un simple constat. C'est un morceau qui a été créé peu de temps après les présidentielles et l'arrivée des premières réformes du gouvernement actuel. Il y a eu beaucoup de soulèvements à commencer par les grèves des intermittents. On a observé et on s'est dit que, peut être, le peuple se réveillait…comme autrefois. Les Français ont, au moins, envie d'exprimer leur mécontentement. Dans cette chanson, je fais allusions aux grands moments du passé : la Révolution Française, Mai 68, Tie Nan Men…tous les grands soulèvements populaires. Les gens ne vont pas pouvoir continuer à vivre comme ça. Beaucoup vivent sous l'emprise de drogues, d'alcool, de comprimés etc. le débat ne se situe pas au niveau des drogues mais au niveau du bien-être des gens. J'ai l'impression qu'il y a malgré tout une certaine prise de conscience en ce moment. Qu'as-tu à dire à ceux qui prétendent que tes textes enfoncent des portes ouvertes ? Si ça enfonce des portes ouvertes, je me pose la question : Comment se fait-il que les choses n'évoluent pas ? que les gens soient encore victimes de la misère, de l'exclusion ? qu'il y ait encore des différences de modes de vie entre les continents ? Si tout le monde est au courant de ça, ça devient encore plus inquiétant ! Je pense qu'il est toujours bon de ressasser jusqu'à temps qu'on prenne vraiment conscience du danger. Il ne faut surtout pas en faire une banalité et c'est là qu'est notre combat. On veut que nos textes éveillent et donnent envie de changement aux gens. Comment est accueilli l'album par le public ? Au niveau du public, l'accueil est toujours très bon. Au niveau des médias c'est plus difficile. C'est jamais simple d'arriver sur le marché avec un album revendicatif. Vu le contexte politico-culturel actuel, c'est pas facile. On est dans une période où on essaie de nous masquer les choses. Regardes la télé, c'est fait pour que les gens oublient ce qui se passe réellement. Niveau médias, on a quand même eu le soutien de France Inter, de M6… C'est pas une façon de se compromettre que de s'acoquiner avec ces gros médias ? On veut juste délivrer notre message au plus large possible, sans barrière socio-culturelle. Si les médias nous soutiennent c'est tant mieux. Le principal pour nous c'est de ne pas en arriver à travestir notre musique pour pouvoir la placer dans les médias. Si tu fais ta musique avec sincérité et que tu veux la faire découvrir aux gens, la solution c'est les médias. C'est une étape pour mieux donner envie aux gens de découvrir en concert. King Riddim se fait souvent remarquer par sa section cuivres… C'est important pour nous. C'est un peu la cerise sur le gâteau. King Riddim à la base est une section rythmique. On a mis du temps avant de faire venir des cuivres. On voulait que la base soit solide. Maintenant la section a pris une place tellement énorme qu'aujourd'hui King Riddim sans les cuivres c'est plus King Riddim. C'est aussi une façon de se rapprocher du roots et de l'acoustique en général. Les cuivres donnent une chaleur et nous donnent la possibilité de mélanger acoustique et électronique. Vous avez une idée précise de votre public ? Sur le 1eralbum notre public était plutôt jeune, étudiant ou lycéen. "La Jungle" est sorti à un moment où on entendait beaucoup parler de reggae français (1999 ndlr). On a vite été catalogués dans une tendance. Mais avec "Positif ?!" on a voulu inverser la tendance. On ne joue pas de ce reggae-rock. Nous, on joue du reggae, point. On a toujours autant de monde à nos concerts et on constate que de plus en plus de gens de notre âge viennent. Ca fait plaisir et ça rassure. On se dit qu'on n'est pas si immatures que ça ! (rires) Comment s'est faite la rencontre avec Timour Cardenas ? C'est quelqu'un qu'on a rencontré sur le premier album. On avait entendu son travail et on voulait qu'il nous fasse un dub. Quand on a eu besoin d'un ingé-son pour partir sur la tournée "Positif ?!", on l'a recroisé et on lui a proposé de partager de bonnes vibes ensemble. C'est une belle aventure humaine et on est animés par la même passion donc ça ne pouvait que coller. Quels sont les projets de King Riddim ? Va-t-on vous voir sur les festivals ? Pas tant que ça en fait mais on continue les concerts à un bon rythme. On se concentre sur notre musique et on va d'ailleurs bientôt entrer en studio pour composer le 3èmealbum. Une fois qu'on a accouché d'un album on a très vite envie de recommencer. C'est aussi l'expérience du studio qui te fait continuer, composer. On a aussi découvert d'autres artistes qui nous ont donné des vibes et ça nous a donné envie d’affirmer notre propre direction. A quoi peut-on s'attendre pour ce 3ème album ? Quelque chose de plus épuré encore, qui puise plus profond dans les racines. Un disque moins sombre dans la couleur générale, un peu plus dansant mais toujours aussi sérieux. J'aimerai bien que ça sorte à la rentrée. En tout cas, à la rentrée, tous les titres seront composés. Infos : www.kingriddim.com
Par Max
Commentaires (0)

Les dernières actus Reggae français