Interview U-Roy
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Interview U-Roy

Concert de U-Roy et Junior Murvin Depuis janvier 2007 deux légendes de la musique Jamaïcaine : U-Roy et Junior Murvin sont en tournée. Nous les avons rencontré lors de leur venue au Krakatoa (salle de concert à Mérignac près de Bordeaux). Tous deux ont offert un show impressionant qui a vraiment réjouis le public présent. Ils étaient accompagné du Dub Band mais aussi de Bo Pee à la guitare (Roots Radic) et de David Madden à la trompette (Zap Pow / skatalites). Junior Murvin, qui n’a pas perdu sa voix cristalline, a enchaîné ses titres dont le fameux Police and Thieves. U-Roy lui a succédé en toastant avec efficacité sur différents morceaux allant du rocksteady au roots. Agé de 65 ans, le Daddy des DJ’s, est toujours en grande forme. Il a sorti récemment un nouvel excellent album chez Ariwa : Old School / New Rules. U-Roy (Ewart Beckford est né en 1942 à Kingston, Jamaïque). Il est considéré comme le ‘père fondateur’ du Dj style. Dès 1961 il commence à toaster dans les sounds les plus réputés de Jamaïque : Doctor Dickie’s Dynamite sound, puis chez Sir George the Atomic sound system, Coxsone Downbeat et au Home Town Hi Fi de King Tubby. Il commence à enregistrer en 1969 et entame en 1970 une collaboration avec le producteur Duke Reid. L’album Version Galore (sorti en 70 sur le label du Duke : Treasure Isle) est le premier album où l’on trouve que des versions faites par un DJ. Il a ensuite enchaîné les hits sans jamais s’arrêter et a créé en 1978 son propre sound system : Stur-Gav. (Voir biographie de U-Roy par West Indian). Interview de U-Roy: - Pouvez-vous nous parler de vos débuts, de vos premières chansons ? Mes premiers morceaux étaient Dynamic fashion way et Earth’s rightful ruler . Ces deux chansons ont été faites en deux semaines. You know ? C’était mes deux premières chansons mais ce ne fut pas de gros hits. A l’époque le DJ style n’était pas encore reconnu. You know ? Pas très longtemps après j’ai enregistré deux titres pour Treasure Isle (label Jamaïcain de Duke Reid). C’était Wake the town et Rule the nation qui furent mes premiers hits. Ca a été une grosse surprise pour moi. - On peut facilement reconnaître votre propre style, peut-être parce que vous étiez le premier DJ à enregistrer. Yeah, yeah, peut-être. Je pense que c’est une bénédiction qu’autant de gars me reconnaissent. You know ? A l’époque je ne m’imaginais pas que je serais encore à faire ça aujourd’hui. Ca arrive grâce à des gens comme vous, de la jeune génération qui m’apprécient. C’est vraiment une bénédiction. Je suis content, you know, très content. Je ne m’attendais à voir autant de jeunes gens sortir pour me voir, moi un vieux monsieur de la musique. Quand je vois autant de gens là dehors pour venir me voir, c’est vraiment géant, yeah ! Car la vérité c’est que je ne m’y attendais pas quand j’ai commencé. You know ? J’ai commencé les sounds systems à 14 ans et à enregistrer dans un studio à 22, alors c’est vraiment énorme ce qui arrive encore aujourd’hui. Alors je respecte un maximum tous ces gens. J’adore les Français car ils font beaucoup pour moi. You know ? Je peux dire la même chose pour les Japonais. Certains ne parlent pas anglais mais ils apprécient cette musique et viennent danser dessus. C’est gens sont géniaux. - Aujourd’hui vous êtes considéré comme l’un des pionniers du DJ style. Oui on me demande souvent ce que je pense du Rap, du fait que l’on me surnomme The Godfather ou Daddy. Je me sens très bien par rapport à tout ça. Quand les gens commencent à vous donner des titres comme ça, vous savez que les gens vous respectent, vous aiment. Ce n’est pas moi qui leur dit : Hé vous devez m’appeler Godfather ou Daddy. Ce sont les gens qui disent ça et quand ils le disent je me sens bien par rapport à ça et je dois l’honorer. You know ? - Dernièrement vous avez expérimentez de nouvelles choses en travaillant avec Love trio in dub. Oui, avec un de mes amis à New-York city. C’était une bonne expérience, avec de nouvelles chansons. J’aime faire des choses différentes. Quand vous faites des choses différentes ça montre une part de versatilité. Je peux toaster sur du Jazz, du calypso, du reggae, du ska. Ca n’a pas d’importance car pour chaque style c’est juste une question de timing avec le riddim. Je suis content de pouvoir faire ça. Pour moi c’est une bénédiction. Je suis content de ce don et j’essaie de l’apprécier un max, crois moi. Et merci vraiment à mon public car sans lui je serai personne. -Le style Jamaïcain a changé depuis vos débuts. Vous savez je respecte également cette jeunesse. Je dois les respecter car je ne pensais pas quand j’ai commencé que je serai aujourd’hui comme un 'porte-drapeaux'. Nous avons besoin de jeunes gens pour continuer ce travail. You know ? Alors je les respecte un maximum. Il y a juste une chose que je voudrais leur dire : Soyez positif ! Plus positifs. Arrêtez d’appeler les femmes des « bitches »… Car j’ai des filles, j’ai des sœurs, j’ai une mère. Je ne veux pas qu’ils appellent mes filles « bitches », ni ma sœur, ni ma mère. Donc je ne voudrais pas donner ce genre d’exemple. Mais si c’est la façon dont les jeunes voient les choses et font les choses, c’est leur choix. Ils sont payez pour leur travail, je suis payez pour mon travail. You know ? Si c’est leur façon de faire…Mais je veux quand même leur dire : soyez plus positif ! Arrêtez de parler d’armes et d’autres choses comme ça. La violence ne mène nulle part dans la société d’aujourd’hui. Ils veulent tuer des gens mais ce n’est pas cool de tuer des gens. Ils disent aux gens que c’est cool de tuer d’autres gens et ça je ne le pense pas. You know ? Mis à part ça je n’ai aucun problème avec eux. Même les jeunes DJ, Bounty killer, Beenie man, Shabba Ranks, ils m’appellent Daddy. Ils ont du respect pour moi alors je ne peux pas les critiquer, pas question. Mais comme je vous l’ai dit, ils devraient être plus positifs. - Et qui est votre artiste préféré parmi ces jeunes ? Il y en a beaucoup. You know ? J’aime bien Sizzla. Sizzla, il me fait penser à moi quand j’étais jeune : agressif. Il parle de toutes les choses dont on parlait à propos de Babylone et sans faire attention. You know ? J’aime aussi Capleton, Buju Banton,… Oui j’aime tous ces gens. On se rencontre souvent. Ils m’appellent Daddy. On se rencontre dans la rue, aux studios, aux concerts. C’est toujours un gros Big Up ! - Et en dehors des artistes Jamaïcains ? J’aime bien Maria Carrey, Withney Houston et beaucoup de rappeurs : Jay Z, Snoop Dog,…Ils font de grandes choses. You know ? Car vous devez écouter tout le monde. Vous ne pouvez pas vous contentez de vous écoutez vous même. En fait je n’écoute même pas ma musique. J’écoute la musique des autres. Je laisse les autres écouter ma musique. - Vous continuez les sounds ? Yeah ! J’ai mon sound : Stur-Gav, et il y a plein de gens qui y viennent : Josey Wales, charlie Chaplin,… Beaucoup vivent en Amérique mais ils viennent des fois. Il y a plein de dancehall en Jamaïque où ces jeunes peuvent venir jouer.
Par Greg Wallet et Stéphanie Albon
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