Interview Bitty Mc Lean
interview Roots 0

Interview Bitty Mc Lean

Comment avez-vous commencé dans le reggae ?

Mes premiers contacts avec la musique c’était dans les sound-systems anglais qui importaient des disques jamaïcains. Donc j’ai connu la musique jamaïcaine très jeune, peut-être vers 10 ou 11 ans. Puis j’ai commencé à m’y intéresser professionnellement. Quand j’avais 18 ans, j’ai travaillé en tant qu’ingénieur assistant pour UB40, aujourd’hui j’ai 37 ans, et c’est à l’âge de 21 ans que j‘ai sorti mon premier single. Donc vous voyez, ça fait plusieurs années que je suis dans ce milieu.

Quel artiste vous a le plus influencé ?

J’écoutais beaucoup les disques de mon père. Par exemple Nat King Cole, on l’écoutait souvent à la maison. Il y a eu aussi Alton Ellis, John Holt, Delroy Wilson, tous les grands de cette époque. En fait tous les artistes jamaïcains de la période rocksteady m’influencent beaucoup. Pour ce qui est des Américains, il y a Nat King Cole comme je l’ai dit, et aussi Fats Domino.

Est-ce qu’il y a une chanson de ces artistes qui vous particulièrement marqué ?

Non, il y en a tellement. C’est impossible de répondre à cette question. J’ai absorbé tellement de musique chez moi quand j’étais jeune. Alors toutes les chansons d’Alton Ellis, je les adore. Tous les morceaux de U-Roy aussi, Burning Spear, Culture… Tous les artistes du milieu des années 70 et toutes leurs chansons sont des classiques pour moi.

Pouvez-vous nous parler de votre nouvel album, Movin’ On ?


On a travaillé dessus pendant deux ans et demi. C’est une collaboration entre moi-même, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare. Vous savez, ce sont vraiment les meilleurs musiciens du monde, la meilleure paire rythmique. On s’est beaucoup amusés en studio, j’avoue que travailler avec eux a été un rêve pour moi. Vous savez, dans l’histoire de ma carrière, cet album Movin’On est certainement le chapitre le plus excitant. J’ai commencé ma carrière internationale en 1993, mais là mon travail prend vraiment une autre dimension, car je bosse avec la crème des musiciens.

Est-ce qu’on peut on savoir plus sur votre collaboration avec Sly &Robbie ?

Je crois qu’on s’est rencontrés en 1994. J’ai fait une émission de radio avec eux et Chaka Demus et Pliers. C’était fou pour moi de me retrouver dans ce studio assis à côté de Sly & Robbie. Et même aujourd’hui quand je suis sur scène ou en studio avec eux, je n’en reviens pas. Ils sont très cools, ils ont beaucoup d’expérience. Je ne peux que passer du bon temps.

Qu’est ce que vous avez appris grâce à cette collaboration ?

Vous savez, moi, j’apprends des choses tous les jours. Pas forcément dans la musique, mais aussi dans la vie de tous les jours. C’est tellement facile de travailler avec Sly & Robbie, ils sont trop forts. Sly te donne un rythme, Robbie te propose 8 lignes de basse et tu en choisis une. C’est si simple et si efficace. Alors je prends beaucoup de plaisir à jouer avec eux, je ne dirais pas que j’apprends. Par contre, ils me poussent à être toujours meilleur et à privilégier la qualité à la quantité.

Cette collaboration va-t-elle continuer ?

Je pense, oui. On a une bonne équipe derrière nous. On a eu pas mal de succès au Japon, notre travail commence à être reconnu en Europe, où on va faire quelques concerts cet été. Je crois que le travail qu’on fait fonctionne, donc il n’y a pas de raison de s’arrêter.

Aujourd’hui on parle des artistes New-Roots. Certains vous qualifient d’artiste New-Rocksteady. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Non ! Je suis old school moi. Je crois que beaucoup de monde m’a découvert dans les 4 dernières années. Ils me considèrent comme un jeune artiste, mais je suis là depuis longtemps. Aujourd’hui, ma carrière a véritablement pris une tournure internationale. Mais ça fait plus de 15 ans que je fais de la musique et je pense être libre d’enregistrer le genre de musique qui me convient, et je suis heureux dans ce que je fais. Alors, non je ne suis pas « new », je suis « old » et expérimenté.

Vous écrivez beaucoup de chansons d’amour…

Oui, mais c’est un processus naturel. Ca me vient tout seul. Ce sont des chansons d’amour universel, pas seulement d’amour entre deux êtres, mais entre tous les Hommes. Tout ce que j’essaie d’atteindre c’est la qualité.

Selon vous, comment va évoluer le reggae ?

OH, je ne sais pas trop. Vous savez, il y a 40 ans, aucun artiste reggae n’avait l’ambition de faire une carrière internationale, c’était impensable. Les artistes jamaïcains enregistraient des morceaux, mais ils ne s’imaginaient pas qu’un jour ils seraient vendus aux quatre coins du monde. Aujourd’hui, le reggae c’est quelque chose de très international. On produit de la musique en Allemagne, en France… Partout où je vais, je rencontre des producteurs de reggae, des chanteurs, des sound-systems. Le reggae a été popularisé par des majors comme Island Records, mais pour la plupart des artistes, cela a été un long combat, et c’est toujours dur pour certains. Mais la force du reggae, c’est qu’il y a un réseau underground de sound-systems, d’émissions de radio… C’est dur pour moi de prédire ce qui va se passer, car je ne suis pas trop dans la nouveauté. Les jeunes producteurs reggae commencent à faire du hip-hop alors que moi je reste dans la musique authentique : basse, batterie, orgue, piano, guitare et cuivres.

Aujourd’hui quels artistes aimez-vous écouter ?

Je reste dans les artistes old school. Mais chez les jeunes, je trouve Queen Ifrica géniale. J’aime aussi Etana, Tarrus Riley. En fait, mis à part Tarrus Riley, j’aime beaucoup les filles. Je trouve ça bien qu’il y ait de plus en plus de chanteuses dans le reggae.

Avez-vous un message à faire passer aux Européens ?

Je veux juste dire merci à ceux qui supportent la musique, ceux qui l’achètent, ceux qui viennent aux concerts. J’envoie aussi tout mon respect à tous ceux qui forment ce réseau dont je parlais tout à l’heure, les sound-systems, les DJs, tous ceux qui se bougent pour le reggae.

Par Warren et Djul
Commentaires (0)

Les dernières actus Roots