Buju Banton - Elysée Montmartre
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Buju Banton - Elysée Montmartre

Buju Banton – Elysée Montmartre, Paris 14 juillet 2009

L’évènement reggae du mois de juillet avait lieu à l’Elysée Montmartre : Buju Banton, après 6 années d'absences à Paris, effectuait un retour flamboyant, envoûtant et enflammé sur scène. Doté d’un nouvel album, « rasta got soul », qui est d’un coté encensé par certains et d’autre part dénigré, cet artiste a le mérite de faire couler beaucoup d’encre. Accusé d’anachronisme ou alors apprécié pour son coté roots, Gargamel a sorti un opus plus de 5 ans après sa confection. Il vient démontrer que le niveau musical et son talent n’ont pas baissé au fil des ans devant quelques 1000 personnes rassemblées pour entendre les prêches de Buju. Retour sur ce concert évènement.

C’est dans un Elysée Montmartre encore chauffé par la folle soirée de la veille (cf compte rendu Israël Vibration et Beenie Man), qu’une partie du public accueille le jeune Abdou Daye. Point de backing band et il débarque sur scène avec pour seul accompagnement sa guitare acoustique. Avouant lui-même que son niveau n’est pas à la hauteur d’un tel évènement, il va pêcher à chauffer un public peu réceptif à sa vibes. Pendant 40 minutes, assez soporifiques avouons-le, il reprend quelques titres de son ancien album et vient faire une publicité personnelle pour son futur album, dont il cherche encore de solides partenaires pour le sortir dans le commerce. A bon entendeur. Il entonne également, comme nombres d’artistes, quelques tunes de Marley, et plus rare une de Jimmy Cliff. C’est sous un Elysée qui s’est allègrement rempli, qu’il s’éclipse sous quelques applaudissements qui s’essoufflent rapidement.

Un très rapide changement de plateau découle sur l’arrivée du backing band de Buju Banton, le Shiloh Band. Avant de voir le tonitruant DJ, Angel, une très jolie artiste vient chanter quelques titres dont le « steppin out of babylon ». Elle sait motiver la foule et accomplit parfaitement son job avant de laisser la place à Delly Ranks.

 

Connu pour ses productions (« Dutty rock » de Sean Paul ou « Weh dem a do » de Mavado), il vient enflammer le dancefloor pendant 10 minutes. Voix sure, style dancehall, le public est conquis et le laisse partir avec regret.

 

 

 

Le temps est compté : Le plateau « Buju Banton » ayant un show de 2 heures, la première demi-heure est à répartir entre Angel, Delly ranks, donc et finalement New Kidz. Le protégé de Gargamel, arpente les scènes mondiales avec Buju Banton depuis plus de 5 ans déjà. Doté d’une voix rauque, il est le digne héritier de Buju. Cependant, ce soir, la vibe n’est pas au rendez-vous. Le public semble peu réceptif et New Kidz peine à enflammer l’Elysée, au contraire de son prédécesseur. Le public manque de repère et connaît peu cet artiste. Un regret également, il n’a pas chanté « curfew » sur le 3 blind mice riddim, pourtant identifiable. Dommage.

 



Son départ est suivi de l’annonce de Buju. Grosse ovation dans la salle qui exulte aux premières de l’intro. Tous les riddims y passent et on entend « I want you to carry this round di road for me, and don’t… » avant de commencer son set sur “me and oonu” (wipe out riddim). Son arrivée sur scène est soignée et puissante : Il enchaîne sur ses tunes dancehall, comme à l’accoutumée, dont « Water Man », « Only Man », « Tra La La », « champion » ou un excellent medley sur le punnany riddim. Pendant 10 minutes le public en prend plein les oreilles et bouge sur le flow rythmé de Buju. Mise en forme obligatoire pour suivre !

 


Après ces quelques minutes digitales, le rythme se calme un peu et revient sur des orientations plus roots. « Mr nine » est entamé et motive le public. Pas de pull up et Buju reste imperturbable devant l’affolement de la foule. Ce tune anti-gunmen est repris avec force et détermination avant d’enchaîner sur « Destiny ». Il fait un premier titre de son nouvel album, « I rise » qui est agréable et rapide. Peu de personnes connaissent et cela s’en ressent. Il continue sur des valeurs sures : « Not An Easy road » en medley avec “Do It By Myself” et “Give I Strength”, puis “Mighty Dread” avec un solo de batterie excellent ou encore « Hills & Valleys » et « Untold Stories ». Il introduit un second extrait de son « Rasta got soul » très axé ska et un brin moralisateur : « A little bit of sorry » qui aborde le sujet de la politesse.


Il se repose un peu et parle au public. Il n’a pas oublié les femmes et va leur prouver. Il enchaîne sur le secrets riddim et son magnifique « sleepless nights ». Là encore, rien à redire : Le riddim est bien repris, la voix ne vacille pas et l’on s’évade intérieurement au son de la voix de Buju. Il termine ce titre sous une forme slow du plus bel effet. Après ceci, on pense avoir tout entendu. Mais on passe à un autre niveau. Les vingt dernières minutes sont hallucinantes : Il va mettre le feu avec un ensemble de titres, avec par exemple ses duos avec Beres Hammond dont « who say » ou « pull it up ». Le swing easy riddim retentit et son ode à la ganja, « sinsemilia persecution » s’empare de l’Elysée Montmartre. Il fait un pied de nez aux pays prohibant la ganja. Il pull up tous ses titres rapidement (1 min à 2 minutes chacun) ce qui cadence son concert. Un hommage à Michaël Jackson est effectué après « How massa god world a run » : Il s’agit de « Heal the world ». Une ligne de basse lente retentit à présent, le public comprend : « Driver A », la foule exulte, siffle et s’emporte. Un pull up vient tout enflammer. Le point d’orgue du concert sans doute. Ca sent la fin, malheureusement. Il termine son set avec « murderer » après 1h20 d'un concert intense. Aucun rappel au grand dam de l'audience qui reste dans la salle, espérant un retour de gargamel. Rien n'y fait, il faut partir.



Pour son retour à Paris, le concert aura été superbe! Une setlist époustouflante, un rythme du concert tenu à la baguette par un Buju des grands jours. Malgré les polémiques, les accusations et les annulations de concert ces dernières années, Buju montre qu’il n’est pas terminé, contrairement à ce que peuvent raconter certains observateurs. Communicatif et joyeux sur scène, il a su contenter un public venu en masse le supporter. Son retour en grande pompe (une tournée européenne de plus de deux mois et une 40aine de dates) annonce-t-il une présence renforcée en Europe ?
Merci au staff, à Mediacom et à Buju Banton pour la soirée.

Par Texte Semayat / Photos Alexandre
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