Russell Banks est né en 1940 à Newton dans le Massachusetts. Il est l’auteur entre autres de Survivants, Le livre de la Jamaïque, et, Affliction…
En 1998, il a été nommé membre de la prestigieuse American Academy of Arts and Letters, il a depuis peu succédé à Wole Soyinka comme président du Parlement International des Ecrivains.
Son œuvre fait de lui l’écrivain des laissés-pour-compte, manifestant son engagement sur le plan social et politique.
Dans Sous le règne de Bone, Russell Banks nous fait part d'un roman initiatique, ayant pour Héros, un ado américain de 14 ans aux allures de junkie, végétant dans Plattsburgh, une petite ville proche de la frontière canadienne.
La vie de Chappie, c'est son prénom, n'a rien d'idyllique. Il vit de petits trafics et de petits vols, avec une mère effacée, et un beau-père vicieux. On suit sa dérive dans la délinquance, se retrouvant sous la coupe de motards abrutis de drogues et de musique "heavy-metal" auxquels vont succéder d'autres trafiquants plus ou moins dangereux. Pour jouer au dur, Chappie s'est fait tatouer deux os croisés sur le bras, et décide alors de se faire appeler "Bone". Ce changement d'identité ne l'empêche pas de rester un gosse perdu, désirant retrouver son vrai père. Jusqu'au jour où il rencontre I-Man, un rasta débonnaire qui le prend sous son aile, et avec qui il part en Jamaïque.
Le jeune Chappie devenue Bone, adopte alors les préceptes rastas, commence à s'épanouir dans un décor de carte postale, mais sous l'apparence de relations plus humaines, il se retrouve soumis au circuit de la drogue... et peu à peu tout s'assombrit.
Le plus remarquable dans ce roman est la capacité qu’a Russell Banks à se mettre à fond dans la peau, la mentalité et le langage d'un personnage à la fois emblématique et révélateur de la société où il évolue. Une sorte de Huckleberry Finn des temps modernes…
L'aspect le plus plaisant de ce roman pour nous, les amateurs de Reggae, c’est évidemment le moment où Bone fait la rencontre de I-man. Toutes ces petites références à une culture rasta sont comme des petites friandises, une sorte de bonus qui s’ajoute à une histoire passionnante, où se mêlent l’humour, la violence des sentiments, l’insouciance, et la cruauté de l’Homme.
Si il n'y avait qu'une seule remarque à faire, elle serait au sujet de la traduction en français qui nous impose à lire du "Je-et-Je" et du "Je-Même"… Ce qui peut devenir assez perturbant quand on l’habitude de croiser du "I and I" à la place.
Ce tout petit détail mis de côté, Banks nous signe ici une œuvre CULTE, à lire obligatoirement!