Burning Spear Interview
interview Roots 0

Burning Spear Interview

Pourquoi avoir choisi ce titre d’album ?
J’ai choisi ce titre car je sens et je sais que Jah est réel. Par moment, tu as tellement de combats et de challenge à relever dans ta vie que sans Jah tu sais que cela ne serait pas possible. Chacun a un nom pour Lui, cela importe peu, Jah est une réalité.

Quand et comment as-tu eu accès aux textes de Marcus Garvey et quand es-tu devenu rasta ?
Marcus Garvey et moi-même sommes de la même paroisse, Sainte-Anne. Lorsque j’étais plus jeune, j’écoutais nos anciens parler de Monsieur Garvey et de ses luttes pour la liberté. Mais au-delà de cette introduction à lui et sa pensée, je suis né rasta. Ce n’est pas l’homme qui choisit rasta mais bien rasta qui te choisit.

Pourquoi la nourriture Ital est-elle si importante pour les rastas ?
La nourriture Ital est importante pour tout le monde et pas seulement pour les rastas. C’est une nourriture qui donne renforce la santé et rallonge la vie de ceux qui la mangent.

Aujourd’hui quelle est ta définition de Babylone ? l capitalisme ? le néo-colonialisme ?
Je pense que Babylone peut prendre de multiples visages. C’est un système où quelques-uns veulent toujours plus alors que les autres n’ont rien. Le capitalisme n’a qu’un but celui de faire de l’argent, souvent au détriment des pauvres.

Pourquoi avoir choisi d’être ton producteur sur cet album ?
J’ai fait ce choix car je suis arrivé à la conclusion que je ne pouvais plus faire confiance aux labels, que ce soit au niveau de la distribution ou de la rémunération que ceux-ci octroient aux artistes. Je ne veux plus signer de contrats avec ces gens, ce n’est plus nécessaire. J’ai voulu faire cet album avec mes mains et qu’il passe directement de mes mains à celles de mes fans. Les artistes n’ont pas que les tournées pour vivre, ils doivent aussi contrôler leurs productions. Je voulais également protéger et contrôler mes droits sur mes créations.

Ton morceau « No compromise » illustre-t-il ce choix ?
Oui. Je ne veux pas me compromettre pour n'importe quels succès ou gloire. Je dois me préoccuper de mon public en particulier des plus jeunes et de l’impact de mes chansons sur eux.

Comment as-tu travaillé et quels problèmes as-tu rencontrés pour réaliser cet album ?
J’ai vraiment travaillé selon l’inspiration de Jah sur cet album. Il y a malheureusement trop de volonté de la part de l’industrie de la musique de brider notre liberté. J’ai voulu dire comment les artistes reggae étaient traités. C’est tellement dur d’avoir confiance en quelqu’un dans ce business.

Pourquoi avoir choisi de travailler avec Bootsy Collins ?
C’est un musicien merveilleux et je voulais qu’il puisse apporter sur cet album son inspiration et son expérience qu’il a acquise de puis ses débuts. Il appartient à la vieille école. Sa « vibe » est tellement réel et Bootsy a un très bon état d’esprit. C’est quelqu’un avec qui il est très facile de travailler.

Bernie Worrel est également présent sur cet album.
Oui, Bernie est un ami un véritable frère. L’avoir en studio était une vraie joie. Tout ce que nous faisons est magique !

Pourquoi avoir écrit « One Africa » ?
Si l’Afrique pouvait parler d’une seule voix, et ne plus regarder en arrière, nous pourrions gagner plus que ce que nous avons perdu. L’unité est une force. J’ai été tellement touché par mon voyage au Kenya. Etre là-bas était un rêve et voir autant de monde aimait ma musique, un honneur.

Penses-tu que le retour en Afrique est encore possible ?
Oui, c’est une question d’éducation et de choix. C’est important d’avoir le choix de rentrer chez soi et de vivre sur le sol de la terre Mère.

Jah est essentiel dans ta musique. Penses-tu qu’on puisse faire du bon reggae sans être rasta ?
Tu sais rasta est un style de vie. Certains l’appellent Dieu, d’autres Allah ou Bouddha, moi je l’appelle Jah. C’est notre créateur et la musique pour être bonne doit venir du cœur.

« 700 strongs » parle de ton concert organisé au Marcus Garvey’s Youth Club.Pourquoi avoir organisé un tel événement ?
J’ai organisé ce concert pour remercier ma paroisse. Il s’agissait de récolter des fonds pour l’hôpital de Sainte-Anne. C’était merveilleux de voir autant de fans du monde entier ainsi réunis chez Marcus Garvey.

Quel est ton avis sur la nouvelle génération d’artistes reggae apparues depuis le milieu des années 90 qu’on appelle new roots ?
Il n’y a qu’un seul reggae, une seule maison reggae.

Comment définirais-tu le new roots ?
Je ne peux le définir. C’est à eux de se définir eux-mêmes.

Apprécies-tu des artistes comme Sizzla, Buju ou Capleton ?
J’aime tous les artistes authentiques. Je n’aime pas faire de choix entre certains artistes ou mettre en avant certains plus que d’autres.

Quel est ton point de vue sur Internet et le téléchargement illégal ?
Internet ouvre des portes aux artistes indépendants. C’est à chacun de faire son choix s’il veut avoir la musique gratuitement ou soutenir les artistes qu’il apprécie.

Quels sont les artistes qui t’ont influencé, si tu devais en choisir un ?
Sans hésiter, Bob Marley et Peter Tosh.

Penses-tu que les messages promus par Bob sont toujours d’actualité ?
Bien sûr !

Quel souvenir gardes-tu de ton premier enregistrement chez Studio 1 ?
C’était en quelque sorte mon apprentissage dans la musique, un peu comme mes années lycée.

Quelle est selon toi l’importance de Coxsone dans le reggae ?
Ce n’est pas facile de répondre à cette question. Tellement d’artistes n’ont rien récolté de leur dur travail chez Studio 1. Pour ma part, c’était une bonne expérience.

Pourquoi avoir choisi de travailler avec le producteur Chris Daley ?
J’ai aussi travaillé avec Brian Thorn qui était ingénieur son de cet album. Chris a mixé cet album. Ces deux personnes sont les meilleures dans ce qu’ils font.

Pourquoi as-tu acheté l’ancienne maison de Lee Perry ?
Je n’ai jamais acheté cette maison. Ma maison est à Sainte-Anne en Jamaïque.

Que représente Lee Perry pour toi ?
Un très bon producteur qui n’a jamais eu peur de parler avec son cœur et de se laisser guider vers de nouvelles expériences. J’adore Lee Perry.

Qu’est-ce que tu as ressenti lorsque tu as reçu ton Grammy Award ?
Beaucoup de fierté, car j’étais le premier artiste indépendant à posséder son propre label qui remporte ce prix.

Sur un morceau tu chantes « je suis juste un homme, pas un homme riche, mais un rastaman ». Pourquoi une telle précision ?
Parce que certaines personnes pensent que le nom de Burning Spear veut dire que j’ai beaucoup d’argent et que je peux aider tout le monde, tout le temps.

Que penses-tu de la violence qui sévit toujours en Jamaïque ?
Trop de gens n’ont pas de travail, même ceux qui reviennent là-bas. Malgré cela la Jamaïque reste un pays magnifique et merveilleux.

Qu’est-ce que tu écoutes comme musique ces temps-ci ?
Toutes les musiques qui ont un message.

Un dernier mot pour tes fans français ?
Je vous aime. Je serai bientôt en France avec vous. L’indépendance équivaut à la liberté et ce sera un grand plaisir de vous présenter « Jah is Real » sur mon propre label. Tout est possible si nous le désirons vraiment.

Par Sacha Grondeau
Commentaires (2)
Gravatar
Par semayat le 09/12/2009 à 15:31
"Je serai bientôt en France avec vous" =Yes!!!, on attend çà avec impatience ;)
Gravatar
Par rastaman320 le 15/12/2009 à 01:18
j ai hate de le revoir pourait on avoir une date

Les dernières actus Roots