Lee Perry, interview du reggae upsetter
interview Roots 0

Lee Perry, interview du reggae upsetter

Lee Perry est un phénomène, l'interviewer une véritable épreuve tant l'artiste est difficile à appréhender mais pour nous le producteur de légende a bien voulu se confier et nous parler de son actualité et de sa carrière.

Bonjour Lee Perry. Vous descendez tout juste de scène, comment s’est passé votre concert avec Adrian Sherwood ?

Il s’est très bien passé, car c’est comme un nouvel apprentissage, pas vraiment pour les enfants, mais pour les adultes. Je me revoie à l’école et ce nouveau concert avec Adrian Sherwood est comme un exposé à l’école où l’on se bat contre le mal et où l’on défend le bien.

Vous aimez travailler avec Adrian Sherwood ?

Oui, il y a comme une alchimie entre nous. On aime être ensemble, on se comprend bien.

Vous êtes récemment retourné en Jamaïque pour réaliser le nouvel album des Congos. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?

Je n’ai pas grand-chose à dire là-dessus, c’était l’idée du producteur, Michel Jovanovic. Il m’a demandé de produire quelques morceaux des Congos. J’étais aux Etats-Unis et il m’a emmené en Jamaïque au studio Mixing Lab.

Donc vous n’avez pas recréé le Black Ark Studio ?

Il n’y avait aucune raison pour que je recrée le Black Ark Studio, je vais vous expliquer pourquoi. Ce qui me donne mon pouvoir et mon énergie, c’est la Terre. C’est elle qui est à la base de toute vie. Si vous plantez une graine dans la terre et que vous revenez quelques semaines plus tard, quelque chose aura poussé. Donc si la Terre donne la vie, je lui obéis. Et la Terre m’a dit de brûler le Black Ark Studio. Et ce qui a été détruit par la Terre n’a aucune raison d’être reconstruit.
Je crois en la nature, je crois en la nourriture que je mange, je crois en la boisson que je bois et je crois en tout ce que je dis et fais. Je suis mentalement fou.

Et pour revenir sur l’album des Congos...

Oui, j’avais pourtant décidé de ne plus travailler avec eux car tous les chanteurs de l’époque de Bob Marley s’étaient perdus selon moi. Ils ne voyaient pas le même Dieu que moi, c’est aussi pour cela que j’ai brûlé le Black Ark Studio. Ces gens-là voyaient un Dieu qui n’existe pas, ils traînaient avec des gens qui voyaient des fantômes. C’est pourquoi on a tué des artistes comme Bob Marley, pour utiliser leurs esprits. Quand ils étaient vivants, on s’en foutait d’eux, mais une fois morts des hommes Obeah ont récupéré leurs esprits pour les utiliser. Ces hommes ou femmes Obeah, il y en a beaucoup en Jamaïque et quand tu es vivant tu ne les intéresses pas, mais quand tu es mort, ils t’adorent, car ils peuvent utiliser ton esprit. Donc, pour revenir sur le travail avec les Congos, je l’ai fait, car je crois au pardon. Quand j’ai fait quelque chose de mal, je n’hésite pas à demander pardon au Père. Donc même si on a eu des différents avec les Congos, je leur pardonne. Vous savez, on m’a traité de voleur. C’est le problème avec les Jamaïcains, quand tu les aides à sortir leurs chansons et qu’ils ne reçoivent pas beaucoup d’argent, ils te traitent de voleur. Mais j’ai finalement décidé de faire cet album avec les Congos pour faire plaisir à Michel. Et je suis content de l’avoir fait, c’était une très bonne expérience.

Et vous souvenez-vous particulièrement de l’enregistrement cet album ?

Je me souviens particulièrement de 2 chansons : « Spider Woman » et une autre qui parle d’un général qui défend les droits humains. Je me considère comme un amiral qui défend les droits humains, mais mon objectif est aussi de rendre leurs droits aux animaux. Car selon moi, les droits appartiennent aux animaux. C’est pour cela que Dieu a dit à Noé de mettre chaque race d’animal dans l’Arche. Il ne lui a pas dit de protéger les humains mais bien les animaux. Dieu a fait un choix et il a choisi les animaux. Car les animaux ne peuvent pas mentir. Alors, je veux dire à tout le monde qui souhaite rencontrer Dieu ou recevoir plus de bénédictions de sa part : « Arrêtez de manger des animaux ! »

Pouvez-vous nous parler des Upsetters ?

Vous savez, on m’appelait le « Upsetter » (littéralement : le fouteur de merde), alors, les musiciens avec qui je travaillais, je les appelés les Upsetters. C’était plus pour rigoler qu’autre chose.

A l’époque, vous avez fait plusieurs chansons avec des titres de westerns. Pourquoi choisissiez-vous ces titres ?

En fait, j’aimais beaucoup l’accent mexicain. J’aimais beaucoup leur façon de dire : « Eh ! Gringo ! ». J’étais passionné par les cow-boys et par les armes aussi. Ce qui m’a conduit à être accro au rhum puis à la bière puis au vin puis aux cigarettes. Et je me suis rendu compte que tout ça était mauvais, donc je m’en suis débarrassé pour me concentrer sur mon Voodoo.

Pensez-vous que le dub ait quelque chose à voir avec le Voodoo ?

Bien sûr, tout ce que je fais est Voodoo. Le Voodoo est mon Dieu.

Etes-vous conscient que vous représentez une grande partie de l’histoire de la musique jamaïcaine ?


Je ne prétends rien du tout. Si je n’avais pas fait ce que j’ai fait, quelqu’un d’autre l’aurait fait. Tous ceux qui ont prétendu avoir créé le reggae music sont morts aujourd’hui.  Moi, tout ce que je sais, c’est que le mensonge est une destruction, une malédiction, c’est le pire des péchés. Et le péché, c’est la mort. La musique seule doit survivre. Il chante : « Music alone shall live, never shall die. Music alone shall live under the sky. »

Pour finir, pouvez-vous nous parler de votre fils, Omar Perry ? Avez-vous entendu son dernier album ?

Mon fils s’était perdu à cause de sa rancune. Il n’avait pas compris sa destinée. Vous savez, je suis celui qui a fait exploser Bob Marley. Même Coxsone l’a dit avant de mourir. Il a reconnu que je suis à l’origine du phénomène Bob Marley. J’ai beaucoup fait pour Bob, comme s’il était mon fils. Omar a été jaloux de cela. Il n’a pas compris pourquoi je n’ai jamais fait tout ça pour lui. Mais un jour, il a fini par se rendre compte que ce n’était pas sa destinée, il a vu la vérité. Il a trouvé quelqu’un qui l’a aidé et il a passé un séjour dans une maison de repos où il n’avait droit à rien : ni cigarette, ni alcool, ni ganja. Et je pense que c’était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Aujourd’hui, il a trouvé son truc et je suis content pour lui.

 

 

Par Djul & Sacha Grondeau
Commentaires (3)
Gravatar
Par jahnegril le 12/01/2010 à 10:31
Avez-vous seulement vérifié dans le dictionnaire, la signification de "upsetter" ? Votre définition est grossière.Du respect à l'immense Lee Perry! Vous emboîtez le pas à certains mag. spé., véhiculant ainsi près des jeunes fans ce même vocable. Search and you will find...
Gravatar
Par WI le 12/01/2010 à 11:27
jah negril, Si tu avait rencontré LP, tu saurais que c'ets bien comme cela qu'il voit la definition d'Upsetter. Nous navons rien inventé. lors des 2 intws réalisé avec lui c'ets bien les termes quil emplyait. bless
Gravatar
Par dj live up le 15/01/2010 à 15:16
bad interview ! (j'en ai rarement lu des lucides en français)

Les dernières actus Roots