Michael Prophet Interview
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Michael Prophet Interview

 

Alors que se déroulait le concert de The Twinkle Brothers lors du Festi’Val de Marne, Michael Prophet nous a reçus après son excellent concert lors de ce même festival. Retour sur une carrière bien chargée pour cet artiste plein de joie.

Michael, tu as débuté à Channel One, raconte-nous tes débuts là-bas…
Ouahhh çà remonte là (rires). Alors, j’ai débuté à l’église, puis chanté dans les rues, sur les dancehall. Alors que je débutais et cherchais de bons plans pour ma carrière dans ma jeunesse, je suis arrivé à Channel One Studios et ceci vers la fin des années 70. C’est là que tout a commencé. A cette époque, j’ai rencontré Yabbi You qui s’occupait des nouveaux artistes comme Wayne Wade, etc. Et j’ai eu la chance de finir là-bas à cette époque. C’était génial (rires). Et à partir de ce moment, nous avons commencé à répéter pour l’enregistrement de l’album « serious reasoning » à partir de 1977 jusqu’en 1979.

Est-ce vrai que Yabby You était ton professeur de chant ?
Il a été mon premier producteur et l’était avant qu’il me prenne sous son aile et qu’il m’enseigne le chant.

Que représente Yabby You pour toi ? Avais-tu gardé des liens avec lui ?
Pour moi c’est tout simplement une icône ! Il a un don : Il produit, il chante tout aussi bien. C’est le professeur (rires).
Je corresponds encore avec lui lorsque je prépare mes voyages en Jamaïque.

Qu'est-ce qui faisait que le son était si particulier à Channel One ?
Yeah Man !! C’est comme si le son te captivait. C’était le son qui « régnait » à cette époque. Tout le monde avait ses particularités : Tubby’s, Yabbi You, tous les producteurs avaient leur propre son. Mais celui qui sortait de ce studio était identifiable parmi d’autres. On savait que ce que l’on écoutait venait de Channel One.

Ton premier hit a été « Fight It To The Top », pourquoi avoir choisi ce titre ?
Nous avions choisi « Fight it to the Top » de The Heptones dans un but promotionnel afin que je le chante à ma manière. Mon premier vrai hit dont j’avais écrit les lyrics a été « Praise you Jah Jah ». Nous nous sommes réappropriés le titre des Heptones, puis j’ai commencé à répéter pour l’enregistrement de l’album produit par Yabbi You, « serious reasoning ». Nous avons commencé son enregistrement dès 1978. 

Tu as ensuite bossé avec les Gladiators pour enregistrer ton album « Serious Reasoning » ?
Yeah, ils ont joué quelques morceaux pour moi. Mais pour revenir à « Fight it to the top », nous nous battons toujours jusqu’au bout. C’était un titre de rêve à chanter. S’ils ne l’ont jamais reconnu, maintenant ils le réalisent (rires !). Respect aux Heptones pour ça.
Pour « serious reasoning », il y avait plusieurs musiciens dont The Gladiators ou encore Tommy Mc Cook aux cuivres pour un bon rendu acoustique.

Où as-tu trouvé l’inspiration pour écrire « Gates Of Zion" ?
Le tout puissant m’a donné l’inspiration ! J’étais dans « Wonderland » (le monde des merveilles), dans une vallée pleine de joie. J’allumais mon calice et j’étais rempli d’inspiration. La vibration m’est venue spirituellement, mentalement et physiquement comme çà. 

Un de tes titres les plus connus est « Gunman ». Que veux-tu exprimer avec ce titre ?
« Gunman » est quelque chose qui m’est arrivé. En Jamaïque, j’ai été volé et attaqué dans les 80’s. C’est une création reflétant la réalité. Ce n’est pas un titre politicien ou traitant de la violence en général. Ce qui m’est arrivé a été retranscrit en musique dans la mesure où Dieu m’a inspiré pour les lyrics et le contenu.

La violence a-t-elle évolué en Jamaïque, est-ce plus violent qu'à ton époque ?
À travers le monde, il y a de la violence. Ce n’est pas particulier à la Jamaïque ! Il y a certains endroits où il y a plus de violence qu’en Jamaïque, car l’île est petite. Mais encore une fois, « gunman » n’avait rien à voir avec la politique ni la violence à l’époque, c’est une chose personnelle. Le seul moyen que j’avais de laisser passer çà était d’écrire et voir si je pouvais toucher des gens.

Y retourne-tu de temps en temps ?
Oui, pour les vacances, voir la famille et les amis.

Tu as écrit "Mash Down Rome" dans les 70’s. Qu’as tu pensé du titre d’Anthony B. « Fire Pon Rome » ?
Je ne peux pas exprimer mon point de vue pour les musiques des autres artistes, car ils utilisent une autre rhétorique. Mon titre n’a pas pour but d’écraser Rome, il l’est déjà ! Je remets juste les choses dans leur contexte : on continue de nous mentir et je veux le faire savoir. Je ne sais pas pour Anthony B, mais pour moi mon « Mash down Rome » est à propos de l’amour, de la vie et l’unité.

Apprécies-tu la nouvelle génération d’artistes jamaïcains ?
Eh ! Nous sommes tous Un. Que tu sois jeune, vieux, nouveau, nous sommes les mêmes. Nous devons apprécier les autres. J’apprécie les jeunes, ils m’apprécient. J’honore les jeunes, ils m’honorent. C’est la vie, nous devrions vivre en unité.

Raconte-nous ce que tu veux dire avec le titre "Turn Me Loose"
C’est de la rhétorique ! Cela n’est pas personnel et c’est pareil que dire « set the captives free » (libérer les captifs). Quand je te dis les captifs tu peux penser que cela signifie les personnes emprisonnées, mais nous sommes les captifs ! Nous avons besoin d’être libre.

Parle-nous de ton album produit par Mad Professor…
Il s’agit de « Rootsman ». Professor et moi-même nous sommes rencontrés puis avons commencé la collaboration. Je trouve que cet album est un bon album parce que tu as des chansons terribles. Professor est un bon producteur également, mais….Au fond nous sommes tous un (rires).

Cet homme est-il vraiment fou ?
Ahhh (Rires) !! Non, je pense qu’il est aussi fou que moi (rires)

Parles-nous de ta rencontre avec Fatman
Nous nous sommes vus de façons occasionnelles chez lui, quelques boissons, discussions et voilà.

Qu’est ce qui caractérise le mieux le son UK dans le reggae roots ?
Le roots est en Jamaïque ! Voilà il s’agit ni plus ni moins du « réseau central » (backbone). Il n’y a pas besoin de faire de catégorie à partir de là. Les Français ont besoin de savoir d’où nous venons.

Un dernier message aux Français
Ehhh massives, plus d’amour. Et surtout de la joie !!

 

Par Texte Semayat & West Indian / Photo Alexandre Famy
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