Jah Cure, Mr Vegas, Red Rat @ EM
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Jah Cure, Mr Vegas, Red Rat @ EM

C'est une alléchante association de pointures jamaïcaines qui nous donnaient rendez-vous à Paris ce dimanche 13 février 2011: Red Rat, qui constituait la curiosité de ce line-up - peu d'actualités, pas de scènes en France depuis des lustres- , Mr Vegas, star du dancehall et bête de scène incontestée, et enfin le crooner du reggae Jah Cure, qui rencontre un succès fulgurant auprès du grand public ces dernières années.
 
En cette veille de Saint-Valentin, le pur lover Jah Cure a attiré les foules:
les pancartes annonçant 'COMPLET' affichées sur les portes de la mythique salle parisienne n'ont échappé à personne. Nous pénétrons donc peu après 19 heures dans une salle déjà bien remplie. L'heure suivante consistera à assister aux balances musiciens, tests micros et réglages en tout genre, qu'il est tout de même préférable d'effectuer à un autre moment que lorsque le public est présent et dans l'attente, mais passons.
 
20heures: les musiciens sont installés, les lumières baissées, les festivités peuvent commencer.
Quelques minutes plus tard, c'est celui qui aura marqué le Dancehall des années 90 au fer rouge avec son style unique et ses textes à hurler de rire qui débarque sur scène: Red Rat.
Il entre sur 'Dwayne', nous gratifiant rapidement de son fameux  gimmick  'Oh No!'.
L'artiste enchaîne avec le terrible 'Wrigleys' sur le célèbre Rotten Rich riddim  puis  'Good Boy' sur le Columbian Necktie de Steely and Clevie (1996) -qui a peut-être un peu moins marqué les esprits-.


Alex Famy
 
Le temps d'un 'Shake that booty' plus contemporain (Applause -2005) et on repart de plus belle dans les 90's avec comme il aime à le faire un medley qui regroupe les reprises de Murder She Wrote, Dem A Bleach, puis la série du Filthy Riddim avec son propre morceau ainsi que ceux de Beenie Man et General Degree.
 

Alex Famy

Notons que sur 'Dem A bleach', Red Rat se réapproprie légèrement les paroles, ce qui donne  'Fi look like Red Rat dem a bleach'.
Pour information, une poignée de jours plus tôt Red Rat a provoqué une grosse réaction d'un tout autre public alors qu'il proposait la même subtilité dans le cadre du Black History Month en Jamaïque, auquel, rappelons-le, Vybz Kartel était persona non grata pour les raisons que l'on connaît.

Ce fait d'actualité clos, revenons à l'Elysée Montmartre, où ce détail n'a été relevé que par une partie infime d'un public relativement calme qui s'enthousiasmera uniquement sur LE hit de l'artiste, 'Shelly Ann'.
Red Rat poursuit en reprenant 'No Lettin Go' de Wayne Wonder  et y va ensuite de quelques petits pas de danse comme Pon Di River ou Nuh Linga avant de nous présenter son propre pas désormais bien connue 'The Tourist'  qui consiste donc à imiter un touriste (en Jamaïque) plutôt mauvais danseur qui s'agite en tout sens sans vraiment suivre le rythme de la musique.
 
Nous sont ensuite interprétés des titres beaucoup plus récents, dont 'Party Pumpin', sur lequel la chanteuse Pascalle le rejoint, et 'I love weed'.
Red Rat annonce par la même occasion la sortie imminente de son nouvel album, dont le titre fait forcément sourire: 'The Fun is back' , puis continue en reprenant Buju Banton, dont il fut très proche, nous demandant de compléter les paroles de Boom Bye Bye puisqu'il n'en a pas le droit et entonnant l'intro de leur duo 'Love dem bad' , qui réveille un peu le public avant que celui-ci se rendorme sur, ironie du sort , le titre 'Mi can't sleep'  sur un Baddis riddim excellemment joué par les musiciens.
Après 25 minutes d'un show malheureusement trop court mais intense, le Intercom riddim retentit, Red Rat chante l'éternel 'Revolution' de Dennis Brown entrecoupé de son 'Bun Dem'.
Il conclut en lâchant un refrain de 'Tight up skirt' et s'en va assez brutalement.

Fait aberrant: il règne un calme olympien à l'intérieur de l'Elysée Montmartre, pourtant complet: une très large majorité du public ne réclame pas le retour de l'artiste et, pire encore, ne l'applaudit même pas.
Red Rat a pourtant assuré un passage impeccable ce soir à l'Élysée Montmartre, et n'importe quel spectateur averti se serait délecté de ce set énergique, de cette voix puissante et qui rappelle à notre bon souvenir ce qui constitue sans doute la meilleure époque du Dancehall!
Il est évident que le public n'était pas venu pour Red Rat, mais la suite nous apprendra qu'il n'était pas d'avantage venu pour Mr Vegas.
20h40, Mr Vegas entre en scène avec 'Go Up' sur le Juice Riddim, qui secoue tout de même le public!


Alex Famy

Les hits s'enchainent très vite: 'Sucky Ducky', 'Hands up', ' Ah nuh di same', 'She's a hoe' …
Mr Vegas est habituellement un artiste qui aime prendre son temps, mais de toute évidence ce soir n'est pas son soir.
Le jeune homme qui assure le back vocal de Mr Vegas n'est autre que Natel, qui vole la vedette à son mentor quelques instants pour nous chanter son très réussi 'Miles Away' sur le City Life riddim.
On se pose ensuite un peu sur la reprise de 'Here I Come' de Barrington Levy par Vegas - les notes du Intercom riddim raisonnant ainsi pour la deuxième fois de la soirée-  avant de repartir à folle allure sur 'Hot fuck', 'Man ah gallis' avec une interprétation intéressante du Tripple Bounce riddim par les musiciens,
'Tek weh yuself', 'Raging bull', 'Pull up' , 'I am Blessed' ou encore 'Tamale'.


Alex Famy

Le tout aura duré 35 minutes montre en main.
Fatta Diamond, qui accompagnait avec ses platines, comme souvent d'ailleurs, Mr Vegas, et qui fit quelques interventions pendant le show, reste encore quelques instants pour nous balancer deux-trois nouveautés et plie lui aussi bagage.
 
Mr Vegas aura rempli son contrat, face à un public qui n'aura été que moyennement réceptif.
 
Le public trépigne ensuite d'impatience pendant un long quart d'heure pendant que s'opère un changement de musiciens.
 
La tête d'affiche foule la scène à 21h45, provoquant des réactions hystériques chez certaines demoiselles.


Alex Famy

Jah Cure entre sur un de ses titres cultes de ce que nous appellerons sa période pré-carcérale: 'Jah bless me' puis chante 'Sticky' sur le Jamdown riddim de 2007.
Il reprend brièvement 'Is this love' de Bob Marley avant 'Love is' sur le Season.
 

Alex Famy

Précisons que le chanteur est accompagné de deux choristes, qu'on remercie chaleureusement d'avoir été là: sans elles, c'était le flop assuré à chaque micro tendu par Jah Cure, non pas que le public n'eut pas été enthousiaste, loin de là.
(Faut-il vraiment expliquer à nouveau cette éternelle litanie du mauvais élève en langues ? Soit.)
 
Après un 'To your arms of love' plutôt bon, nous revenons à cette période de la fin des années 90, où Jah Cure n'était pas encore tout à fait Jah Cure et où il a pondu des joyaux tels que 'Sunny Day' ou 'Kings in this jungle' avec Sizzla.
'Same way' est également intéressant, sur un très bon Gideon riddim.


Alex Famy
 
Cette première moitié de la prestation fut tout à fait agréable, avec une voix bien présente même si plus aussi magique.
Les choses commencent cependant à se dégrader, à partir d'un 'Nuh build great man' chanté sans aucune conviction, suivi de 'Run come love me' où Jah Cure assure le service après-vente de Jah Mason avec une voix qui se fragilise un peu et une énergie inexistante.
 
Les morceaux suivants, à savoir 'Never Find', 'True Reflections' et 'Woman I love You', pourraient presque être qualifiés de soporifiques tant Jah Cure n'arrive pas à les porter sur scène, avec des musiciens très peu sollicités.
 
On s'éveille tout juste sur 'Unconditional Love' et il est déjà trop tard quand l'ambiance remonte en flèche sur l'incontournable 'Longing for' : il s'agit du dernier morceau.


Alex Famy

Une belle soirée au final, même s'il aurait été appréciable de s'attarder d'avantage sur Red Rat.
Nous avons eu tout de même droit à Mr Vegas rarement décevant sur scène et à une heure de concert de Jah Cure, peu dynamique il est vrai, surtout sur la deuxième demi-heure, mais égal à lui-même: vous l'imaginez, vous, sauter partout sur la scène?

Par Texte: Nounours; Photos: Alex Famy
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