Summerjam 2011
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Summerjam 2011

Comme certains ont pu le remarquer, le line-up de la 26ème édition de l'incontournable festival allemand comportait quelques curiosités soulevant chez les massives des réactions diverses et variées allant de l'amusement à l'incompréhension en passant par l'indignation.
Quoi qu'il en soit, le Summerjam aura cette année encore attiré une foule très importante, la circulation s'avérant très difficile aux heures de passage des têtes d'affiche.


Petite précision météorologique: le soleil aura clairement boudé le site de Fuhlinger See.
Ce sont les températures peu clémentes, la grisaille et les averses de pluie qui étaient au rendez-vous cette année, mais quand la vibe est bonne, même une tempête de grêle ne vous la gâcherait pas ;-) .


*** Vendredi 1er juillet ***


C'est les gagnants de l'European Reggae Contest, les allemands Dub à la Pub, qui foulent les premiers la grande scène (la 'Red Stage') en ce vendredi après-midi.


Avec un peu de retard, le duo tout aussi allemand Irie Pathie se produit sur la 'Green Stage', délivrant une prestation honnête et énergique bien reçue par le public.
L'heure tourne rapidement et Irie Pathie déborde déjà largement sur l'heure prévue, l'inquiétude commence à pointer le bout de son nez.


En effet, le programme -que beaucoup de festivaliers tripoteront amoureusement trois jours durant- indique le passage de la légende John Holt sur cette même scène à 17h05.

 Or, alors qu'il est 17h45, le set de Irie Pathie n'en finit plus, les chansons se succèdent sans précipitation, ils prennent même le temps d'opérer un featuring avec Ganjaman, le présentateur chargé de la Green Stage.

L'affaire est louche, c'est une générosité qu'on ne connaissait pas à l'organisation du Summerjam  qui donne habituellement au dicton 'l'heure c'est l'heure' tout son sens.
Peu avant 18h, Ganjaman annonce en allemand et sans aucune traduction que John Holt ne sera pas présent.

Cruelle déception pour ceux qui attendaient John Holt de pied ferme: la tournée européenne de l'artiste a effectivement été annulée pour des problèmes de papiers, mais bon nombre de festivaliers partis tôt n'en savaient rien.

Mauvaise foi qui frôle l'irrespect de la part de l'organisation qui aurait donc très bien pu communiquer sur cette absence bien plus tôt.

Les plus curieux demanderont: qu'est-il donc advenu d'Andrew Tosh, prévu avec John Holt?

Et bien, il sera greffé au set de Tarrus Riley et Duane Stephenson pour deux malheureuses petites chansons.


Pour l'heure, il ne nous reste donc plus qu'à récupérer la dernière partie du concert de Ziggi Recado sur l'autre scène, bien maigre consolation malgré l'indéniable talent du hollandais.


Les inévitables 'Blaze it' et 'Need to tell you this' s'enchaînent, puis c'est l'énorme 'Get out' qui retentit, sur lequel l'artiste s'attarde sur les couplets, les rendant parfaitement compréhensibles.
Il est ensuite rejoint par Royston Williams pour l'intéressant 'Away from home'.

Un bon set de Ziggi, qu'on sent tout de même légèrement fatigué, ce qui reste compréhensible au vu du nombre de dates que l'artiste et son fidèle Renaissance Band ont enchainé ces derniers mois.

Comme bien souvent au Summerjam, il faut maintenant faire un choix: sur la Green Stage ce sont Tarrus Riley et Duane Stephenson qui sont programmés, pendant que sur la Red Stage c'est la belle Ce'Cile qui investit la scène!

 

Il s'avère que ce n'était pas une lubie de programmer la chanteuse sur la plus grande des deux scènes: la Bad Gyal, très active ces deux dernières années, aura offert une prestation irréprochable.

Son jeu de scène, plus dynamique, s'est nettement amélioré, et elle présente un show mieux construit.

Elle offre ainsi un magnifique concert de près d'une heure et vingt minutes dans lequel elle mêle habilement reggae et dancehall, nouveautés et titres plus anciens.
Des titres comme 'Step Aside', 'When you're gone', 'Woot Woot', 'Nah Stress Ova Man', et 'I'm Waiting' ouvrent le bal.

Ce'cile présente en exclusivité des titres de son nouvel album 'Jamaicanization':

'Singing this song (Nobody), premier single déjà disponible sur les plateformes de téléchargement légal,

et l'énorme 'Hey' en featuring avec Assassin, dont la mélodie tourmente encore certains esprits !
Un avant-goût alléchant de cet opus dont la sortie est prévue pour le mois d'Août, à surveiller!

La chanteuse se lance ensuite dans un superbe medley dancehall de ses sons plus anciens attestant de sa présence sur des riddims mythiques du début des années 2000: 'Push your hand up' (Famine riddim), l'inoubliable 'Fool' (Martial Arts), 'Changez' (Chiney Gal), 'Cherry Pie' (Glue).

Elle continue dans sa lancée avec le passage obligatoire par la case Coolie Dance avec son tube 'Do it to me' avant d'interpréter 'Bad Gal, Bad Man' et 'Sweetest Feeling', ses deux titres sur le Double Jeopardy  - série qu'elle avait, il est bon de le rappeler, elle-même coproduit avec Cordel 'Scatta' Burell.

Ce'cile appelle ensuite des volontaires mâles sur le mythique 'Can you do di work' et récolte ainsi plus d'une demi-douzaine de remplaçants à Sean Paul.

Le show touche à sa fin lorsque le public s'enflamme sur 'Hot Like We', en introduction duquel, détail complètement irrésistible, la voix robotique particulière aux riddims du South Rakkas Crew annonce 'Ce'cile on Red Alert'.

Elle quitte la scène puis finit par revenir pour un délicieux 'Talk Talk'  sur le déjanté et technoïde Inevitable riddim et conclut sur un message positif avec le terriblement puissant 'Gwaan live life', récemment posé sur le Pursue.

Si elle a parfois donné l'impression de se chercher, Ce'cile s'est désormais trouvée et s'impose définitivement comme une icône incontournable parmi les artistes féminines jamaïcaines.

En plus d'avoir offert une prestation scénique professionnelle et sans fausse note, impeccablement accompagnée des allemands du Soul Fire Band,  la chanteuse a pris un plaisir évident à communiquer avec le public, plaisantant même avec celui-ci.

La jamaïcaine sexy est apparue comme une artiste accomplie et épanouie, pour le plus grand plaisir des yeux et surtout des oreilles.

 

Une pause-pipi et un sandwich plus tard, nous voilà déjà de retour devant la Green Stage, pour une soirée résolument jamaïcaine puisque ce sont Busy Signal et Barrigton levy qui vont s'y succéder.

  21h. Une fois le High Voltage Band installé, Busy Signal fait son entrée sur 'Hustlin' et le constat se veut immédiat: la voix est restée à la maison.

Le Deejay force douloureusement sur ses cordes vocales et semble fatigué.

Son set et les big tunes qui vont avec enflammeront tout de même le public.

Qui ne perdrait pas son sang froid sur des titres comme le tubesque 'Step Out', 'Badman Place', 'Full Clip', 'Not Going Down' ou encore l'énorme 'Tie and Dye Face' ?

Qui ne se laisserait pas emporter par les si dansants 'Gal Bounce', 'Wine Pon Di Edge' ou 'Pon Me' ?

Et enfin qui ne serait pas enthousiasmé au plus haut point face à tant de technique dont le jamaïcain, fatigué ou pas, fait preuve sur un 'Too Much Gun' qui vous fait l'effet de montagnes russes?

Sont également du rendez-vous les titres plus passe-partout comme 'Jamaica Love' ou 'One More Night' , ansi que l'hommage à Gregory Isaacs, qu'il présentait déjà lors de sa tournée européenne l'hiver dernier.

Busy Signal aura fait passer un très bon moment au public, mais n'était tout de même pas dans un de ses bons jours, et c'est bien là une qualité qu'il lui reste à acquérir: la constance.

22h45. Barrington Levy vient clôturer le plus agréablement qu'il soit cette première journée du festival avec un set quasiment inchangé depuis un bon moment mais dont on ne se lassera probablement jamais.

L'artiste, qui n'était pas venu en Allemagne depuis des années, a attiré devant la Green Stage une foule importante, qu'il a ravi avec une prestation parfaite regorgeant de classiques éternels tels que 'My Woman', 'Too experienced', 'Looking My love', 'Murderer' , 'Teach the Youths' ...

Le vétéran achève tout le monde avec l'enchaînement fatal de 'Black Roses' et 'Here I Come'.

Après ce bon vieux Intercom riddim qui vous fait toujours l'effet d'un sacré uppercut, tout le monde peut aller se coucher.

 

 

**** Samedi 2 juillet ***

Nombreux sont ceux qui ont pu longuement profiter des joies du camping en ce samedi après-midi, car, toute forme de manque de respect envers les artistes programmés étant exclue, il faut quand même s'avouer qu'il n'y avait pas grand chose à se mettre sous la dent.

C'est donc, selon l'expression toute faite, frais et dispo', que nous nous retrouvons devant la Red Stage aux alentours de 19h, alors que les deux compères allemands Mono & Nikitaman, habitués du Summerjam, achèvent leur concert devant une foule déchaînée.

19h45, il est à présent temps d' accueillir *** ANTHONY B ***...

… ou pas tout à fait, car ce dernier est, selon le commentaire du présentateur, purement fidèle au style jamaïcain : en retard.

Le Fireman finit par arriver , sur 'Good Cop, Bad Cop', donnant tout de suite le ton.

Il enchaîne avec 'Hurt the heart' puis tous ses bigs tunes y passent : 'Police' , 'Damage', 'World a reggae music', 'Higher Meditation', 'Don't Worry', et bien sûr l'immanquable 'Raid the barn'.

Il présente également des titres issus de son dernier album, 'Rasta Love', tels que 'Trigger Happy Cow Boy' ou encore le bien nommé 'Time to have fun'.

La prestation est largement acceptable, entraînante même, mais le passage d'Anthony B laissera tout de même un petit goût d'inachevé chez les plus exigeants.

En effet il manquait de toute évidence ce petit quelque chose qu'on ne saurait décrire, ou peut-être plus simplement l'envie : l'enthousiasme de l'artiste était loin de sauter aux yeux, il donnait plutôt l'impression de faire son job, ni plus ni moins.

21h35. Les fameux musiciens d'Alpha Blondy, le Solar System, sont installés.

Ils joueront d'ailleurs, ce soir encore, somptueusement bien.

Comme à son habitude la légende du reggae africain entame le 'Psaume 23' depuis les coulisses puis débarque sur 'Jérusalem'.

Alpha Blondy délivrera un show impeccable, mélangeant titres issus de son dernier album comme 'Rasta Bourgeois' ou 'Pinto' et hits intemporels comme 'Cocody Rock' ou 'Brigadier Sabari'.

Le public est complètement conquis, et tout à fait au point pour recevoir l'artiste suivant qui n'est autre que Jimmy Cliff qui fait son entrée sur l'historique 'The Harder they come' avant d'offrir une prestation énergique regorgeant de tubes légendaires qui marquera les esprits

Et on ne peut s'empêcher de sourire lorsque c'est Jimmy Cliff qui vous suggère des pas de danse tels que Sweep, Scooby-Doo ou Tek Weh Yurself !

La suite des évènements se déroulait du côté de la Dancehall Arena, qui connaissait cette année une nouvelle configuration rendue largement nécessaire par une affluence trop importante dans la tente habituelle.

 

C'est donc une 'Dancehall Arena' en plein air qui nous accueillait cette année, située au même emplacement mais utilisant tout l'espace extérieur autour de la tente et séparé du site du festival.

Les sound-systems Pow Pow Movement et Sentinel auront mis une ambiance de folie et fait vibré une foule incroyablement nombreuse jusqu'au petit matin.

 

*** Dimanche 3 juillet ***

Déjà le troisième et dernier jour du festival !

Et encore un dilemme puisque Max Romeo, The congos et Lee Perry se produisaient en même temps que Gappy Ranks et Romain Virgo.

Les doyens l'emportent pour notre part, c'est donc devant la Green Stage que nous stationnons peu avant 16 heures.

The Congos ouvrent le bal avec 'Open Up The Gate', le charme opère comme toujours et les quatre jamaïcains envoûtent littéralement le public.

Des titres mythiques se succèdent comme 'Children crying', 'Congoman' ou 'La La Bella' puis arrive vite, bien trop vite, le surpuissant 'Fisherman'.

C'est ensuite au tour de Max Romeo, qui entre sur le sublime 'Walk a little bit prouder'.

'A little time for Jah' , 'One Step Forward' et évidemment 'Chase The Devil' sont quelques un des titres qui feront vibrer le public.

A la fin du show de Lee 'Scratch' Perry, The Congos et Max Romeo le rejoindront pour un final sur 'War Inna Babylon' des plus mémorables.

Vers 19h30, le passage de Ziggy Marley créait l'évènement autour de la Red stage où l'on se pressait.

L'artiste mêlera anciens titres et nouveautés, et présentera notamment son dernier album 'Wild and Free' avec des titres comme 'Personnal Revolution' ou 'Forward to my love'.

L'hommage paternel est incontournable et plutôt réussi avec entre autre un 'Lively Up yourself' sur lequel Lee 'Scratch' Perry s'invite.

Le tout est irréprochable et Ziggy Marley signera ainsi une des meilleures prestations de cette édition.

Celui qui clôturera ce 26ème Summerjam est la star sénégalaise Youssou N'Dour, avec un véritable show, mi-reggae, mi-mbalax, avec d'excellents musiciens, des choristes et des danseurs costumés qui rendront le tout coloré et festif.

Comme chaque année à la fin du dernier concert, un magnifique feu d'artifice éclate et en plonge beaucoup dans une délicieuse béatitude.

 

Cette édition du Summerjam n'était certes pas un grand cru, avec une très mauvaise répartition des artistes sur le week-end, mais a eu de très bons temps forts.

 

 

Par Nounours
Commentaires (2)
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Par TNT le 19/08/2011 à 17:27
Vous avez complétement zappé la teuf du vendredi soir (dubstep / drum'n'bass)... M-E-M-O-R-A-B-L-E! Mister Santos/Redrum/Foreign BEggars/Dj Chicken/Dj Tease... La pure folie, on etait tous déja cassés le Samedi...
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Par Meex le 31/08/2011 à 09:55
+ de commentaires sur Andrew Tosh et Lee Perry please!!

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