Certains parisiens qualifiaient cette soirée de 'rentrée reggae'.
Il est vrai que les derniers mois avaient été plutôt maigres en matière de shows sur la capitale, et que ce concert donnait le coup d'envoi d'un mois de novembre bien chargé!
Nous sommes donc le Vendredi 4 novembre 2011 et c'est du côté du New Morning que nous nous rendons pour recevoir Ras Shiloh et Alpheus.
Les deux artistes seront superbement accompagnés par les français du Moon Band, que nous avions déjà pu remarquer aux côtés d'artistes comme Ras Mc Bean ou Baby G, et qui, à n'en pas douter, feront de plus en plus parler d'eux.
Peu après 21 heures, après un warm-up de Eazy'ya Selecta et une première partie de Jips, c'est Alpheus qui prend les choses en main.
Son set sera principalement composé de titres tirés de son excellent dernier album 'From Creation' paru cette année -que vous devriez écouter d'urgence si ce n'est déjà fait-, entrecoupé de-ci de-là de morceaux de son précédent album 'Quality Time' et de singles.
L'artiste britannique débarque donc sur scène avec le sublime 'I Wish you were mine', qui répand immédiatement dans la salle la vibe qui lui est chère: celle de Studio One.
Les morceaux s'enchaineront ensuite pendant plus d'une heure sans temps mort: Alpheus est un véritable show man !
'Equal Rights ', 'In Time', ' Keep The Faith' sont quelques-uns des titres que le chanteur défendra admirablement sur scène, devant un public plutôt mou et encore peu nombreux.
L'audience s'éveillera tout de même sur les morceaux ska comme le revendicateur 'We are strong' et les très festifs 'Do the Ska' et 'Turnaround Table'.
Sur ce dernier, la choriste de l'artiste se joindra même à lui pour une démonstration de danse endiablée !
Les premières notes du Lecturer riddim (nous ne sous-estimerons pas le lecteur en rappelant ici qui est évidemment à la production de ce classique) produiront comme toujours leur petit effet, et Alpheus se pose dessus pour son 'Nothing can't stop you'.
But qu'il n'était a priori pas aisé d'atteindre: l'ambiance est à présent largement installée, grâce à cet artiste talentueux, souriant et courageux, qui nous balance ensuite un terrible 'My Sound'.
Ce morceau dédié aux sound-systems secoue bien le public, d'autant plus que Alpheus s'applique à l'adapter au contexte en citant des noms de sounds français!
La fin se fait sur le superbe ''From Creation' puis le rappel sur le terriblement véridique 'Live and Learn' aux onomatopées reprises en chœur par le public.
Alpheus, en plus d'avoir présenté un show impeccable et énergique, a inséré beaucoup de mots français dans sa communication avec le public! Adorable !
Il faut impérativement s'intéresser d'avantage à cet artiste !
Après l'entracte d'une trentaine de minutes, les musiciens refont leur apparition: le set de Ras Shiloh va pouvoir commencer.
On note que le duo saxo/trombone a laissé sa place à la guitare, assurée par un musicien de renom : Kubix ! Fayce l'accompagne au clavier. 
Ras Shiloh investit la scène du New Morning vers 23h et démarre fort avec 'Come down Jah Jah', tiré de l'album 'Coming Home'.
Il ne nous laisse pas une fraction de seconde de répit en enchaînant avec le magnifique 'Only King Selassie' avant de laisser tomber le tubesque 'Unto Zion' puis le très lourd 'Child of a Slave'
C'est un puissant déferlement de big tunes qui s'abat ainsi sur le New Morning !
Il est de notoriété publique que le nom de Ras Shiloh ne va pas sans celui de Garnett Silk: c'est donc en toute logique que l'homme nous sert de succulentes reprises de Silk comme 'Zion in a vision', 'Hello Mama Africa' ou encore 'Like a mother' .
La barre est à une certaine hauteur – que certaines 'superstars' ne connaîtront jamais soit écrit en passant- , et elle ne redescend pas d'un cran, puisque Ras Shiloh poursuit avec 'Are you satisfied' sur le riddim classique La La Bella.
La barre ne descend guère plus bas lorsqu'il nous offre un tout nouveau titre intitulé 'Just wanna let you know' : tout simplement du lourd (on se laisserait même aller à écrire 'du TRES TRES LOURD' ).
Ras Shiloh continue de plus belle et envoie avec aisance et simplicité l'énorme 'Hardcore Steppers' et le 'Who can't ear' sur le Forever loving jah riddim, avant de balancer un titre de ses débuts 'Slavery', datant de 1998 et qui a eu droit à un clip dans lequel on peut voir un Ras Shiloh emmitouflé dans une doudoune dans les rues hivernales de Brooklyn;
L'occasion de rappeler que Ras Shiloh est natif de New York et a vécu depuis toujours aux Etats-Unis, ce qui rend d'autant plus bluffant sa carrière, sa musique, et le live de ce soir !
Après nous avoir gratifié d'un superbe 'Doom', que le public connaît bien, les choses finissent malheureusement un petit peu en queue de poisson: un a cappella, sublime, certes, mais trop long, qui fera retomber l'ambiance trop brutalement.
Ce sera cependant la seule fausse note de la soirée.
Il est plus de minuit, celle-ci s'achève.
Le répertoire de Ras Shiloh, un artiste que certains ne connaissaient peut-être que vaguement grâce à 2-3 véritables hits, se révèle riche en pépites, petits trésors et autres réjouissances, bref: du reggae de haut niveau !
Les artistes auront été impeccables en tout point, même si le public n'était pas toujours très réceptif, et les deux hommes rencontrent le même problème: un certain manque de reconnaissance.
Ras Shiloh le soulignera d'ailleurs, en disant au public que si Vybz Kartel était là, tout le monde hurlerait comme des fous, mais qu'il n'y a plus de place pour les choses positives.
A méditer?!
Big up à Mami Watta pour cette belle soirée !
