Ponto de Equilibrio
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Ponto de Equilibrio

Ponto de Equilibrio est l’un des groupes phares de reggae au Brésil. A l’origine, c'est la rencontre de sept musiciens originaires de Vila Isabel, à Rio de Janeiro, qui voulaient jouer des musiques de Bob Marley. Dix ans plus tard, Ponto de Equilibrio a acquis une notoriété certaine (ils ont déjà joué plusieurs fois en Europe, notamment au Rototom Sunsplash en Italie), attire un public toujours plus grand, et a sorti son troisième album « Dia apos dia lutando » en mai 2010. Si ses membres se battent encore aujourd’hui contre les injustices et les préjugés dans leur pays, ils prônent un message conscient et vantent l’amour, la paix et la foi. Le 2 décembre prochain, le groupe joue à Rio et partage la scène avec Groundation et Israel Vibration !

Rencontre avec Helio, le chanteur du groupe.



Petite présentation de Ponto de Equilibrio. Comment avez-vous démarré ?
La bande a démarré en 1999, on se réunissait chez André, guitariste du groupe, pour jouer un peu de reggae. Au début, nous n’avions aucune prétention, on voulait simplement jouer des musiques de Bob Marley. André avait quelques compositions dont « Lagrimas de Jah » et à partir de là, on a pensé à former un groupe. A la fin de l’année, en décembre 1999, on a fait une première session studio et une démo, et aujourd’hui cela fait 12 ans que Ponto de Equilibrio existe. Depuis, les sept musiciens du groupe partagent toujours le même amour pour le reggae, avec l’envie de se rapprocher au maximum d’un son roots original et authentique. Authentique aussi bien dans la musique que dans les paroles, et au plus proche du message conscient du reggae.

Qui vous a influencés à l’époque ?
A l’époque, nous écoutions beaucoup Peter Tosh, Culture, Burning Spear, Bunny Wailer, Israel Vibration et évidemment Bob Marley. On a toujours tous été passionné par Bob Marley, qui, pour moi, est l’artiste le plus emblématique du reggae, le plus complet. A l’époque, à nos débuts, il n’y avait pas encore internet comme aujourd’hui. On s’échangeait donc entre amis livres, vinyles et tout ce qui touchait de près ou de loin le reggae…

Un mot sur vos albums, dont le dernier « Dia apos dia lutando » sorti en mai 2010...
« Dias apos dias lutando » est notre troisième opus. Et comme, le titre l’indique, on continue de se battre jour après jour. Notre dernier album est le fruit d’une grande implication de chacun, d’espoir, de foi et d’amour. Notre premier CD, réalisé en 2004, était plus une démo qu’un album à proprement parlé, mais il a été très important pour nous. C’est lui qui nous a fait connaître et a été l’un des disques indépendants les plus vendus au Brésil. A l’époque, nous avions apporté notre démo à Johnny B Good, propriétaire d’un magasin de reggae à Sao Paulo. Décédé cette année, il a beaucoup compté pour nous. Pour nous comme pour beaucoup d’autres, Johhny B Good faisait partie des figures du reggae brésilien. Il a commencé à mettre en avant notre démo dans son magasin, et en a vendu beaucoup très rapidement, notamment avec notre chanson « Coisa Feia , A onde voce vai chegar» qui nous a fait connaître. Le public aimait cette chanson qui passait sur certaines radios paulistas (de Sao Paulo) et ainsi nous avons décollé. Johnny B Good nous a soutenus depuis le début, et nous ne serions pas là où nous en sommes aujourd’hui sans lui.
En 2007 on a sorti notre second album « Abre a Janela » qui nous a aussi permis de revenir jouer en Europe.
Quant à notre dernier album, il est le résultat d’une plus grande maturité musicale. Je dirais que c’est notre meilleur album. On a aussi fait quelques morceaux avec des artistes tels que Marcelo D2, Jorge du Peixe, The Congos et Don Carlos. Et ces rencontres ont beaucoup compté pour nous.

Justement, comment se sont passés les featurings sur votre dernier album ? La rencontre avec Don Carlos ?
On ne connaissait pas personnellement Don Carlos. On voulait faire un morceau avec lui et on l’a contacté. Peu de temps après l’avoir rencontré, il s’est très vite comporté comme un membre de la famille. En partant, il m’a même dit, les larmes dans les yeux, qu’il m’avait considéré comme son fils. Un grand moment d’émotion! Il n’est pas tout jeune, mais pourtant, on lui donnerait 4 ans tellement il est… pur ! Il a une certaine beauté intérieure, une lumière dans ses yeux. Il est resté avec nous, chez nous…Une super rencontre ! Et en plus, au niveau musical, ça l’a vraiment fait ! En tout cas, on a adoré !

Comment se situe le reggae au Brésil ?
Il existe pas mal de groupes de reggae au Brésil, mais peu arrive à se faire connaître et à tourner. On a eu la chance que notre groupe se soit fait une place dans le monde du reggae, car on a eu un public qui nous suivait, une histoire. Le problème au Brésil, c’est qu’il existe une grande discrimination et de nombreux préjugés liés au reggae. Ici, le reggae est systématiquement associé à la drogue, à l’herbe. Les gens ne sont pas ouverts et ne cherchent pas à comprendre. C’est donc à nous de prouver le contraire, tous les jours un peu plus. Le reggae est une musique consciente, presque religieuse. Il y a peu de place pour le reggae au Brésil, peu de lieux ouvre leurs portes au reggae. Ce sont plus des petites scènes, des espaces plus « underground ». Mais, je ne vais pas me plaindre, car grâce à Dieu et à notre travail, on joue prochainement à Rio, le 2 décembre avec Groundation et Israel Vibration. Comme quoi, malgré tout, le reggae a sa place au Brésil !

Rencontrez-vous des difficultés pour jouer au Brésil ?
Grâce à Dieu, nous n’avons pas tant de difficultés pour jouer au Brésil ou ailleurs. C’est malheureusement plus dur pour les autres groupes qui démarrent. C’est toujours cette même histoire de préjugés sur le reggae que chacun doit combattre un peu plus.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
J’écris la plupart des textes avec le batteur et le guitariste. Parfois, je sors de chez moi ou je regarde par ma fenêtre et tout simplement, la vie m’inspire, me donne envie d’écrire. Nous voulons avant tout parler d’amour et des injustices subies par le peuple brésilien et le monde en général.

Justement, en parlant des injustices, on ressent dans vos textes une véritable résistance socio-culturelle ? Vous y attachez beaucoup d’importance ?
Oui, cette résistance socio-culturelle est très importante pour nous ! C’est comme notre marque de fabrique ! Les gens doivent rechercher le bonheur au plus profond d’eux. Tout le monde y a droit ! Cela nous guide et est essentiel pour chacun de nous !

Quelle est votre vision de la situation du Brésil aujourd’hui ?
Je pense que les choses s’améliorent petit à petit, mais ici, tout prend tellement de temps. Nous avons de belles racines, de beaux paysages, un bon peuple, une nature exubérante, mais notre peuple ne se sent pas forcément à l’aise et bien comme il le devrait. Le peuple se laisse vivre. Par exemple, les brésiliens vont prendre 4 jours de vacances pour célébrer le Carnaval, mais ils ne prendront jamais 4 jours off de leurs temps de travail pour manifester contre le gouvernement ! La corruption existe depuis toujours au Brésil, les politiciens sont des escrocs, et le peuple vit avec sans se révolter. Il faut que les gens réalisent qu’ils peuvent prétendre à une situation meilleure. Nous avons un pays immense avec plein de richesses naturelles et nous n’en profitons pas. Nous devons nous battre contre cela et combattre la misère. Tout le monde mérite d’être heureux dans notre pays !

La religion occupe une place importante au Brésil, de même que le mouvement rasta dans le reggae. Vous croyez en Dieu ?
Je crois en la Bible, à la manière dont je l’interprète. Je suis né dans une famille où ma mère était musicienne et avait déjà ses convictions religieuses. Petit, j’étais déjà bercé par une certaine foi, un amour pour la musique aussi. Quand j’ai connu le mouvement rastafari, je m’y suis beaucoup identifié. J’y ai vu beaucoup de similitudes avec mes croyances, ma manière de vivre…Le message des Rasta est très important pour moi. Il existe plusieurs mouvements chez les rastas, les Bobo Ashanti, les 12 Tribes of Israel…Moi, je suis simplement un musicien rasta ! Ma manière d’être rasta, ma croyance en Hailé Selassié est une chose essentielle, que je ressens au plus profond de moi. Chacun a la liberté de choisir sa religion, ses croyances. Si tu veux que je te parle de Rastafari, je le ferais avec plaisir, mais cela s’arrête là. Je ne vais obliger personne à « se convertir » à Rastafari. Je ne peux cacher ma foi car elle est très forte et présente. Elle me guide dans ma vie de tous les jours. Si je n’avais pas cette foi, je serais surement un voyou aujourd’hui…

Avez-vous déjà été en Jamaïque ?
Oui, nous avons passé 5 jours là-bas en 2007 pour MTV. Un bon souvenir !

Vous avez déjà joué en Europe : Comment le public européen vous a t-il reçus ?
Oui, nous avons déjà joué en Italie, au Rototom Sunsplash, deux fois à Berlin, en Suède, au Portugal. Nous en gardons un super souvenir ! Le public européen est très différent du public brésilien. Lors de la plupart des concerts au Brésil, lorsque je ferme les yeux, je sais que quand je vais les ré-ouvrir, les gens seront calmes, tranquilles. En Europe, quand je ré-ouvrais les yeux, tout le monde était en train de danser, à fond, nia da vibes quoi ! J’ai adoré ! J’ai pu sentir que la vibration était forte du début à la fin du concert. Et même si je ne parle que très peu anglais, on a pu communiquer avec le public. J’aime beaucoup jouer en Europe. Si c’était à refaire, je le referai avec plaisir! Et on adorerait venir jouer en France !


www.pontodeequilibrio.com

Big Up Annabelle!

Par Annabelle de l'Epine
Commentaires (1)
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Par marko64 le 03/12/2011 à 11:31
Un groupe enorme que je connais depuis 10 ans et enfin une intetview yes teggae.fr

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