STING 2011 - RUMOURS OF WAR
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STING 2011 - RUMOURS OF WAR

« Jamworld ! », «  Portmore ! » . Ces deux mots auront été hurlés toute la nuit. Impossible donc de s'y perdre, nous étions bien en direct de Jamworld, Portmore, en Jamaïque.
L'organisation du Sting avait tiré des leçons du passé en axant l'édition de cette année, baptisée RUMOURS OF WAR sur le retour aux clashs.
Voici néanmoins une leçon qu'elle n'avait pas retenu: les noms écrits en tout petit sur le flyer, ou ceux qui n'y figurent même pas, les 'Many more', ont encore squatté le Sting durant plus de 6 heures !!!
 
Retour, par catégorie, sur ce Sting 2011, qui s'est déroulé comme chaque année à la date du 26 décembre.
 
Les insolites

Ceux que personne n'attendait, ceux que personne (à part quelques amis?) n'était venu voir, ont donc tenté de meubler de longues heures d'attente pour le public jamaïcain, mais aussi pour les fous furieux (comme moi me dit-on ?) qui suivaient en live & direct le Sting depuis chez eux, partout dans le monde, même avec un décalage horaire.
Dans cette catégorie d'insolites, on relèvera ceux dont on aura - et ce n'est pas faute d'avoir essayé- mal compris les motivations: Un groupe de 6 hommes qui hurlent tous en même temps, sautent partout sur la scène dans le désordre le plus total, repartent comme ils sont venus, laissant le public glacial; un duo improbable entre un rasta portant deux chaussures différentes, et un européen faisant penser à un Justin Bieber avec quelques années en plus; une chanteuse aux formes généreuses ayant eu la mauvaise idée de ne pas porter de soutien-gorge; un dénommé Ryan O'Neil qui n'aura même pas achevé un couplet; Trillo, qui avait sa petite place en bas à gauche du flyer, récemment entré dans les charts jamaïcains avec son titre 'High Grade Alone' et qui se prend déjà carrément au sérieux, s'amusant avec les caméras en vrai professionnel (on encourage); Black Queen et son déguisement de sorcière (ah c'était pas un déguisement ?!) et ses danseuses louches. Ajoutez-y un sosie d'Harry Toddler et le compte est bon.

Les bonnes surprises

Les 'petits' du Sting ne sont pas tous à mettre dans le panier 'Caverne des horreurs'.
De bonnes surprises étaient au rendez-vous, avec notamment les passages rapides mais efficaces de Jah Dore, impeccable avec son 'This love is over, et de Jahmiel, jeune artiste très prometteur de chez Young Vibes, énergique et volontaire, avec son 'Cut dem off' sur le Snap Back riddim.
Jah Sent offrira lui aussi une prestation honnête, tout comme la jolie Raine Seville, dont on entend de plus en plus parler.
Une autre surprise attendait le public, le grand George Nooks, l'une des plus belles voix du reggae, et qui n'était pas du tout annoncé pour ce Sting, se produira sur scène, avec notamment le magnifique 'Tribal War'.
 
Les absents

Une liste assez conséquente d'absents est à déplorer: I Octane, qui avait prévenu sur les réseaux sociaux semble-t-il; Movado, Elephant Man, Spice et Chuck Fender, qui manquaient à l'appel pour des raisons inconnues pour le moment.
L'absence de Lisa Hyper est cependant moins regrettable.
 
Les inévitables

Ils répondent toujours présents, ils font l'unanimité à quasiment tous les coups, ils sont ceux sur qui l’on peut compter.
Fantan Mojah, I Wayne et Etana auront été fidèles à eux-mêmes: sets peu ou pas modifiés mais toujours efficaces.
Gyptian quant à lui a offert une prestation plus convaincante que l'année dernière, et plus humble aussi. Exit ses airs de superstar à l'américaine, il a fait un passage simple davantage concentré sur ses big tunes reggae.
 
Les artistes à surveiller

Ils s'appellent Navino, Flexx - qui m'a réveillée avec son entrée fracassante sur 'Man a murder' (Redbull & Guiness riddim) - ou Laden ; ils étaient tous au Sting et ils étaient chauds.
Presque envie d'exclure Teflon, parce que ça fait déjà trop longtemps qu'on le surveille et qu'il ne parvient pas à se dégager du lot.
Courage les mecs, y a du potentiel !!!
Chez les filles c'est Ikaya qui aura fait encore cette année une très bonne impression avec un passage irréprochable.
 
Les clashs

Specialist VS Hurricane : Qui s'en fout? Okay.
 
Kiprich VS Merciless : Qu'on se le dise, Merciless avait déjà perdu avant même de monter sur scène. Il s'est fait attendre pendant 5 longues minutes, durant lesquelles Kiprich n'a pas chômé.
Kippo, en tenue militaire, a fait une entrée survoltée sur 'Grand Papa'. Il a ensuite patienté un peu, joué avec le public, puis entamé le premier couplet du son, qui contient ce on ne peut plus véridique 'Yuh a call people name when yuh belly empty'.  Le public est déjà conquis.
Une minute passe encore et Kiprich commence à s'impatienter. Il lâche quelques lyrics, et, seul sur scène, l'argument lui est offert sur un plateau: 'Cyaan war myself, Nobody no want clash mi'. Le public s'enflamme.
Merciless arrive enfin. Affublé d'une canne, il traîne la patte, jouant ironiquement son rôle de 'Grand père', comme le surnomme Kippo.
Merciless aura peu de répondant, même s'il parviendra à susciter une maigre réaction du public à un ou deux moments, mais rien de bien convaincant, et on a presque un petit pincement au cœur (le respect des anciens ?) en voyant comment Kiprich, qui avait mangé du lion, le détruit sur la scène du Sting. Kippo pousse même la provoc' jusqu'à ramener un cercueil avec le nom de Merciless inscrit dessus.  Kippo vainqueur donc, ce qui n'est pas une grande surprise.
 
Deva Bratt VS Iyara : Le clash qui semblait le plus serré.
Les plus fervents supporters de Deva Bratt auront du mal à l'avouer, mais Iyara l'emporte.
L'artiste de l'ANG (Alliance Next Generation) s'est très bien défendu et s'est montré plus convaincant que ce bon vieux Deva Bratt, pourtant plus ancien dans le milieu. Deva a recyclé des lyrics déjà usés, mauvais point pour lui.
Iyara enfonce le clou avec un sujet un peu facile il faut l'avouer, mais il fallait oser: il fait monter une femme avec un bébé dans les bras, porte le micro à hauteur du bébé, et une voix (censée être celle du bébé) dit: "Deva Bratt raped mi".
Par contre, Iyara doit changer de gimmick, c'est très urgent, ce 'Reuhututu' est très bizarre.
 
Twins of Twins VS Tony Matterhorn :
Les Twins of Twins se sont montrés à la hauteur et ont écrasés Tony Matterhorn comme un petit insecte dans une terrible battle lyricale où ils ont brillé par des lyrics originaux et un flow impitoyable…
… Mais non je rigole ! Vous ne suivez pas !
On reprend.
Twins of Twins, 2 mecs, et pas un pour rattraper l'autre. Ils ont fait péter le budget costume pour leurs déguisements de Star Wars. Pour rien.
Tony Matterhorn, dit 'Mentally Ill'. Simple petite tenue militaire pour un soldat solitaire. Il a clairement foutu le bordel, excusez-moi du terme.
Un Tony Matterhorn survolté a rendu la foule hystérique, avec notamment sa trilogie des Dancehall Duppy. Il a été plus loin en nous servant en exclusivité une 4ème partie complètement dingue où d'autres comme Merciless en prennent également pour leur grade; Tony prend son forward, puis se barre sur un 'Good Bye'.
Les Twins of Twins, qui ont été complètement absents - aucun flow, incapables d'aligner plus de deux phrases - tentent de répliquer une dernière fois, mais une personne du Staff vient les chasser ^^. Ce qu'à fait Tony Matterhorn peut clairement s'apparenter à de l'humiliation publique. Il force le respect.
 
Les cueilleurs de forwards

Khago : Cette artiste bénéficie d'une incroyable hype en Jamaïque, à en croire la réaction du public à son set. Il semblerait que sa voix, affreusement fausse, lui soit totalement pardonnée. Khago dégage cependant une très bonne énergie, et des titres comme 'Cyaan Cool' ou 'Blood a boil' auront secoué la foule.
La séquence émotion de 'Daddy from u gone' aura été tout à fait désagréable tant l'artiste est faux. Il conclut par 'Nah sell out'. La hype c'est bien, ne pas agresser les oreilles du public, c'est mieux. Il faut s'entraîner à ne pas hurler dans le micro, et tout ira pour le mieux.
 
Black Ryno & Jah vinci : Rhyno fait une entrée pleine de bonne volonté sur 'Shot a buss', et ça paye. Il n'excède pas 5 minutes sur scène mais ce sont 5 minutes intenses, au cours desquelles il est rejoint par Jah Vinci pour enflammer le public.
 
Popcaan : Miaulements ou pas, le petit protégé de Vybz Kartel a la côte en Jamaïque. Vraiment. Sa prestation a été très appréciée. L'un des seuls représentants de Gaza ce soir aura assuré le show, avec des titres comme 'Gangsta City', 'Up Inna di Club', 'Only Man She Want', ou 'Clean' sur le Snap Back riddim, et bien sûr 'Clarks' et 'Hot grabba'.
 
Aidonia : Didididonia n'était pas d'humeur à batifoler avec des gyal tunes, non, il avait activé le mode WAR et est resté dessus. Accompagné des artistes de sa structure J.O.P Navino et Deablo, il a livré l'une des deux plus puissantes prestations du Sting.
Le public s'est embrasé sur des titres comme 'We sick', 'Nuh tek chat', 'Thunderous clap', 'Bad People' , 'Reload' …
Aidonia, qu'on a donc retrouvé dans un style toujours aussi énervé mais avec une meilleure maîtrise de sa voix et une articulation nettement améliorée, est prêt pour s'élever encore plus haut, il est juste à point. 2012 devrait être son année.
 
Bounty Killer
: C'était d'ores et déjà le gagnant de la soirée. Ses deux artistes sont ressortis vainqueurs de leurs clashs. Le Warlord a mis tout le monde d'accord en clôturant le Sting dans une ambiance de folie, invitant même les sexy et dynamiques K queens pour un couplet.
Des classiques 'Gal fi get wuk', 'See you no more', 'Suspense', 'Fat pum pum gyal', aux plus récents 'Just a sing bout gyal' (Overproof riddim), 'Ready fi dem' (Run di place riddim), en passant par les clashs contre Beenie Man comme 'Who tell him fi dweet' ou 'Shut up', il y en aura eu pour tous les goûts.
 
Ce Sting 2011 n'aura pas tenu toutes ses promesses, mais remonte déjà largement le niveau du fiasco de l'année dernière. Espérons des têtes d'affiches plus nombreuses l'année prochaine, et des clashs plus équilibrés :-)

Par Nounours
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