Reggae Splash Tour @ Zénith de Paris
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Reggae Splash Tour @ Zénith de Paris

L’évènement reggae-dancehall le plus attendu de ce premier semestre 2012 était sans doute le Reggae Splash Tour, avec son affiche exceptionnelle réunissant pas moins de 9 artistes au Zénith de Paris. Retour sur un pari ambitieux.

Les hostilités ont démarré tôt dans la soirée, avec un warm-up de Soul Stereo, mais la salle parisienne aura mis du temps à se remplir. Le premier artiste à se présenter sur scène, WAYNE WONDER, a en effet fait face à un public encore peu nombreux. Qu’à cela ne tienne, le chanteur a vécu ses quelques 25 minutes sur scène à fond, pour notre plus grand plaisir et étalant tout son talent, du chant au toast.







Entré sur l’inoubliable "Searching dem searching"  -sur le mythique Show Time riddim -, il a envoyé du lourd non-stop : "Watching you" sur le Bookshelf, "Anything Goes", "I still believe" sur le Season que personne n’avait oublié à en croire la réaction du public, les éternels "Movie Star" et "Saddest day", et bien sûr ses deux tubes dancehall "Bounce Along" et "No lettin go".

Le Kaushan Band, qui accompagnait la plupart des artistes de la soirée, avait à peine eu le temps de souffler qu’il se remettait déjà au boulot pour I-OCTANE.
Le chanteur annonce tout de suite la couleur avec "Nuh love inna dem", déclenchant une grosse réaction chez une partie du public !



Plusieurs titres issus de son album ‘Crying to the nation’ seront interprétés, dont bien sûr les hits "Lose a friend" et "Puff it", mais aussi le très beau "Zion awaits" et "L.O.V.E  Y.O.U" sur lesquels on retrouvait un I-Octane plus posé. Cependant, le set sera essentiellement composé de singles ou de sons présents sur des séries de riddims : "My Life", "Study your friend", le touchant "Mama you alone" suivi d’une reprise de "No woman no cry", le détonnant "Nah wash (Too licky licky !)", le mémorable "Burn dem bridge" ainsi qu’un  "Badda dan them" de folie qui sera pull up au bout de quelques secondes. Le chanteur achève son set sur "Mine who yuh a diss" et le hit "Badman fi di year".



I-Octane se sera produit avec une belle énergie pendant une demi-heure très intense.
Les plus exigeants pourront peut-être lui reprocher un dynamisme débordant qui le pousse par moments à trop pousser sur sa voix et à donner l’impression de crier, mais cela pourra être mis sur le compte de la fougue du jeune « débutant », car I-Octane n’a pas encore une énorme expérience de la scène internationale …



Quoi qu’il en soit, son passage sur la scène du Zénith de Paris aura été très agréable : communicatif et souriant, le jeune jamaïcain à la voix immédiatement identifiable a distribué avec un plaisir évident de bonnes vibes et des big tunes !

Les choses s’enchaînent encore très vite et il est très exactement 20h28 au Zénith de Paris lorsque le troisième artiste de la soirée débarque sur scène. Il s’agit d’un petit bout de femme qui s’est révélé depuis bien des années maintenant être une véritable tempête : QUEEN IFRICA, qui va déchainer le public pendant 40 minutes.





La Fyah Mumma entre sur le terrible "Pot still haffi bubble", le pull up est immédiat. Elle enchaîne avec le magnifique "Story of my life" sur le Marcus Garvey riddim, reprenant même le titre de Burning  Spear. 






"Yad to the east" et "Brown skin" se succèdent, puis arrive "Don’t sign" sur le Movie Star riddim, et elle reprend comme à son habitude le regretté Garnett Silk.
"Welcome to Montego Bay", "Lenghten my days", et "Lioness on the rise" sont également de la partie, et les fumeurs auront droit à leur hymne, "Sensimilia". La Queen termine sur "Keep it to yourself" et le toujours aussi explosif "Genocide".





Encore un sans faute pour Queen Ifrica : la chanteuse, qui ne s’est pas séparée de son magnifique sourire durant toute sa prestation, a une nouvelle fois donné le meilleur d’elle-même et tout son amour au public. De plus, les musiciens se sont montrés particulièrement inspirés et talentueux pendant le show de Queen Ifrica.



Elle a également indiqué avoir accouché de son dernier enfant il y a seulement un mois (!) mais qu’elle n’a pas résisté à l’envie de venir chanter pour son public.  Respect à cette incroyable artiste.

Quelques minutes plus tard, RICHIE SPICE fait son entrée.
On apprendra le lendemain la triste nouvelle : il venait tout juste de perdre sa mère alors qu’il était déjà sur le sol européen. 



L’artiste ne laissera pourtant rien transparaître et nous servira avec simplicité tous ses hits avec cette force tranquille qui lui est propre : "Folly Livin (Blood Again)", "Earth ah run red", "Ghetto Girl", "Soothin Sound", "Brown Skin", "Youths dem cold", "Marijuana", "Plane Land" …



On appréciera également l’intégration dans son set du titre "Yap yap" tiré de son dernier album, 'Book of Job'.



Un changement de plateau s’est ensuite opéré, les musiciens du Kaushan Band ont ainsi eu le droit à une pause : les artistes suivants avaient leur propre band.
Les deux artistes guadeloupéens de l’affiche se sont succédés : la nouvelle sensation Young Chang Mc a précédé le monument Admiral T.

22h15, YOUNG CHANG MC ouvre le bal avec "Tchouyé Yo", proposant tout de suite une vibe complètement différente au public, très réceptif. Son hit de l’été dernier, "Chokola Vany", et "En Forme" auront bien secoué le public. Le son "Ou ni onlo sa" inspiré du tube planétaire de Michel Telo, "Ai se eu te ego", recevra un accueil plus modéré.



Tout de suite après, c’est une véritable tornade qui s’abat sur le Zénith.
ADMIRAL T retourne la salle parisienne pendant plus de 45 minutes. Aucun temps mort, le public entier est tout acquis à la cause du chanteur.



Entré sur "Tout Moun Vé Crunk" sur le Stage Time, Admiral balance hits et big tunes comme s’il en pleuvait :   "Gwadada", "Rendez-vous", "Grand Manitou", "Oh Yeah", "Hands up" sur lequel il fait les parties de Busy (très réussi mais un feat réel aurait quand même été énorme !), "Douvan nou kay", "Enfants du pays" …



Les titres de son premier album, l’inoubliable 'Mozaik Kreyol', font particulièrement plaisir à entendre : "Debrouya", "Everytime", "Rev an mwen" sont autant de chansons qui ont merveilleusement bien vieilli.
Le chanteur conclut sur sa récente reprise d’Eugène Mona, "Ti Milo".



Admiral T s’est depuis longtemps imposé comme un showman hors pair et nous l’a de nouveau démontré ce soir, oscillant entre dancehall irrésistiblement énervé et reggae délicieusement posé et faisant vibrer la foule avec un dynamisme simplement incroyable.

23h35. Le Kaushan band est de retour et BUSY SIGNAL fait son entrée.

Sa prestation sera très distinctement scindée en deux : un premier quart d’heure dancehall de folie, plutôt en mode juggling puisqu’il enchaîne plus d’une dizaine de hits dont "Step out", "Wine pon di edge", "Full Clip", "Badman Place", "Gal Bounce", "Pon me" ou encore "Unknow Number", et une deuxième moitié de show plus reggae avec ses hits "One More Night", "Night Shift", "Comfort Zone" …





On savoure également "Reggae Music Again", tiré du nouvel album du même nom et qui rend merveilleusement bien sur scène !
"Too Much Guns" et son fast style délirant puis "Burial Spot", qui provoque l’enthousiasme habituel dans le public, viennent clore ce très bon show de Busy Signal, bien qu’un peu expéditif et trop court.
 




Il est pratiquement minuit et quart quand BOUNTY KILLER foule la scène du Zénith.

Celui qui était initialement la tête d’affiche de la soirée, sa venue en France étant assez rare, va avoir beaucoup de mal à trouver son public : le gros segment ‘années 90’ du premier quart d’heure, qui en d’autres circonstances aurait fait bondir la foule, a laissé la majorité des personnes présentes de marbre.

Des classiques comme "Dead this time", "Not another word", "Miss Ivy last son" ou "The Lord is my light & salvation" sont restés sans grand effet face à un public qui connaissait manifestement peu le répertoire du Warlord ou qui n’était simplement pas là pour lui.



Un problème de son persistant – sans vouloir soulever la thèse du complot, on note ici que Bounty Killer est systématiquement sujet à des problèmes techniques lorsqu’il se produit dans nos contrées -, des musiciens mal coordonnés avec l’artiste et un effet gunshot assez rébarbatif n’auront aidé en rien.



Le show prend une meilleure tournure à partir de "Living Dangerously" qui réveille tout le monde, suivi de "It’s ok" repris en chœur par le public sur le populaire Drop Leaf riddim.
Le public s’enflamme enfin sur Sufferer et Guilty, puis rassure complètement avec sa grosse réaction aux classiques "Look", "Another Level", "Can’t believe my eyes" et "Anytime". Les big tunes des années 2000 reprennent de plus belle avec "Yuh Gwaan" sur le Coolie Dance riddim, "Sadda dem (Good to go)" et "So High".



Angel Doolas, qui jusqu’ici assurait les backs, l’accompagne ensuite plus concrètement aux refrains de "Not Scared Enough" et du classique "Punnany ah dead". Patexx, lui aussi préposé aux backs, connaît sa minute de gloire grâce à son duo avec le patron, "Summertime".
L’un des riddims majeurs de l’année 2011, le Overproof, retentit ensuite, et Bounty pose son "Galactic Gallis" puis enchaîne avec ses deux titres sur le Anger Management avant de lâcher "No cream to mi face", ainsi que l’énorme "Ready fi dem" de 2011. Il prend encore un petit forward sur "Stronger" puis perd de nouveau le public sur les dernières minutes de son show.



Bounty ayant « squatté » la scène un peu plus longtemps que prévu, le dernier artiste de la soirée n’aura que peu de temps pour convaincre le public parisien. Mais on ne se fait aucun souci puisqu’il s’agit d’ANTHONY B. Un porteur de drapeau entre sur la traditionnelle intro "Equal Rights" de Peter Tosh, chantée en backstage par Anthony B. Puis le bobo débarque à 200 à l’heure sur "Good Cop Bad Cop". Le forward est immédiat et le pull up de mise.





Le Zéntih est complètement acquis à la cause d’Anthony B. qui a l’habitude des bons accueils parisiens. « Pas de temps à perdre » nous dit l’artiste, « la soirée a pris du retard alors il faut enchaîner vite ». On aura droit à seulement quelques vers de "World A Reggae". De même pour "One Thing" ou "Reggae Gone Pon Top". Sautant dans tous les sens, Anthony B. n’a pas perdu son énergie légendaire et offrira un segment dancehall mémorable, notamment avec "Real Warriors" et le récent "Nuh Bad Like Da Bwoy Ya". Le Fireman prend un peu plus son temps sur des classiques comme "Life Over Death" ou "Raid Di Barn". Quid du dernier album, « Freedom Fighters », mais le mythique "Police" sera bien sûr de la partie et l’artiste clôturera sa prestation sur un émouvant "One Love", parfait pour apaiser tout le monde et finir sur une note positive !





Ça aura été quelque chose ce Reggae Splash Tour ! Les artistes auront tous fourni des prestations à la hauteur de nos espérances. On retiendra particulièrement l’énergie de Queen I-Frica, le pluralisme de Busy Signal, l’efficacité d’Anthony B. et l’énorme feu d’Admiral T qui remporte le prix du public haut la main ! Les artistes jamaïcains ont tous présenté des shows inhabituels. La densité du line up les a obligés à aller à l’essentiel et à donner des shows plus « à la jamaïcaine » qu’on a peu l’habitude de voir en Europe. On regrette tout de même qu’aucun featuring (voire clash) ne se soit produit et on doit avouer que les shows expéditifs ne sont pas la meilleure façon d’apprécier le reggae à sa juste valeur. Quoiqu’il en soit, BIG UP à Garance pour cette affiche exceptionnelle et on espère revoir rapidement tous ces artistes en tournées solos... On a le droit de rêver...

Par Texte: Nounours et Djul; Photos: Semayat
Commentaires (2)
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Par Bounty bof le 30/05/2012 à 21:24
Bon festival mais Bounty était nase!! Bof la tête d'affiche!!
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Par J. Stark le 07/06/2012 à 17:01
c'est vrai que le show de bounty était pas terrible mais Anthony a tout déchiré bien qu'il soit pas resté longtemps sur scène!!!!! il manque vraiment plus que le feat entre admiral et busy!!!!

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