Garance Reggae Festival #1
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Garance Reggae Festival #1

Jamais deux sans trois : c’était encore au Parc Arthur Rimbaud à Bagnols-sur-Cèze que se déroulait pour la troisième année consécutive le Garance Reggae Festival, du 25 au 28 juillet 2012.

Carton plein pour l’organisation : 50 000 spectateurs ont été recensés, nombre qui coïncide avec la célébration du 50ème anniversaire de l’indépendance de la Jamaïque, sous le signe duquel cette 21ème édition était placée.

Retour sur ces 4 jours de réjouissances musicales.

MERCREDI 25 JUILLET

Le soleil brille merveilleusement ; Dame Nature ne lésinera pas sur les moyens et en inondera Bagnols-sur-Cèze pendant tout le festival. Mais s’il fait beau, il fait aussi très chaud.

Il est 15 heures et il y a déjà foule devant les guichets. Le premier objectif de tout un chacun, après avoir tenté de trouver un coin d’ombre pour y planter sa tente, c’était d’échanger son ticket contre le précieux bracelet permettant d’accéder au site.

En attendant l’ouverture, une promenade en ville vous mettait déjà dans l’ambiance : cette année encore les commerçants ont joué le jeu en parant leurs devantures des couleurs vert, jaune, rouge et en diffusant du reggae.

La première soirée du Garance Reggae Festival 2012 offrait une affiche exclusivement jamaïcaine durant laquelle de véritables légendes se sont succédées sur la Main Stage (scène principale).

Les Jamaica All Stars ouvrent le bal, mais il n’y a malheureusement pas foule pour les accueillir : on s’installe, on flâne, on traîne – après tout c’est les vacances – et le site est encore peu rempli.
Qu’à cela ne tienne, les doyens du reggae Bunny Robinson, Skully Simms et Sparrow Martin en mettront plein les oreilles au public présent, qui le leur rendra bien.







Entre hits d’époque du duo Bunny & Skully et reprises de classiques de The Wailers ou Dennis Brown, ils offriront un grand moment musical, appuyés par le tromboniste de légende Vin Gordon ainsi qu’une intervention de Lone Ranger sur le Real Rock riddim !



Ce sont ensuite les Jamaican Legends  qu’un public déjà plus nombreux a pu applaudir sur scène.
Les légendaires Sly Dunbar à la batterie et Robbie Shakespeare à la basse et au chant, l’unique Ernest Ranglin à la guitare (les rumeurs relatives à son absence n’avaient qu’à bien se tenir !) et Tyrone Downie au clavier, ont attaqué d’entrée de jeu avec ‘Drumsong’ et poursuivi avec ‘Fatty Fatty’, ‘Lively Up Yourself’, ‘Redemption Song’ …







Le moment le plus intense est sûrement celui où Vin Gordon et son trombone rejoignent tout ce beau petit monde pour ‘Satta Massa Gana’.

Après une petite pause, les festivités reprenaient aux alentours de 21h40 avec le mythique We The People Band emmené par Lloyd Parks.







La formation n’avait qu’une dizaine de minutes pour elle mais le public aura largement pu profiter de ces musiciens légendaires puisqu’ils accompagneront magnifiquement de nombreux artistes durant ce festival, dont les I-Threes qui suivaient.

Les I-Threes arrivent sur scène aux alentours de 22h.  Ces dames pleines de grâce en place (Marcia Griffiths à gauche, Rita Marley au milieu et Pam Hall  à droite - beaucoup regretteront l’absence de Judy Mowatt), le show pouvait commencer.







Quelqu’un a demandé ce qu’elles ont chanté ? Aucune surprise : du Bob, du Bob et encore du Bob.  La merveilleuse Marcia Griffiths a littéralement porté le show à côté d’une Pam trop effacée et d’une Rita pas en forme.



C’est pourtant sur Rita Marley que l’attention était focalisée : son nom et sa simple présence sur scène paraissaient magiques pour beaucoup. En plus, c’était son anniversaire, comme l’indiquait en grosses lettres dorées sur son foulard sur la tête, alors gâteau, bougies, et un ‘Happy birthday’ chanté par ses collègues et repris par des milliers de personnes étaient de mise. Entre ceux qui ont trouvé ça « génial » et d’autres « too much », les réactions étaient mitigées …



Quelques minutes après la fin du show, Lloyd Parks et We The People Band sont de nouveau sur scène pour accompagner Bob Andy, le ‘poète’ de chez Studio One, qui était lui aussi venu distribuer des classiques. Pour couronner le tout, Marcia reviendra sur scène pour interpréter avec lui ‘Young, Gifted and Black’.





Minuit passé à Bagnols-sur-Cèze, et vous aviez tout intérêt à avoir encore la pêche : Derrick Morgan débarquait. Dans un tout autre registre, mais comme l’avait fait sa fille Queen Ifrica l’année dernière sur cette même scène, le roi du Ska a retourné le Garance Reggae Festival avec un show vibrant.





S’aidant d’une canne pour s’avancer sur scène, l’artiste, devenu aveugle, a tout de suite embarqué le public dans son ‘Reggae Train’ (titre avec lequel il commence). Il enchaîne avec sa ‘Forward March’ qui évoque l’indépendance de la Jamaïque, on est pile dans le thème ! Les Rudes Boys se retrouvent devant le juge sur ‘Tougher Than Tough’ puis sont libérés sous caution dans ‘Shanty Town’ (Rude Boy Get Bail). Le public est largement conquis par ces bonnes vibes ska !

Le set se finit en beauté : Skully, lui aussi aveugle, se joint à Derrick pour quelques morceaux dont le terrible ‘Blazing Fire’.

A peine le temps de s’en remettre et voilà que The Gaylads sont là, gentlemen old school impeccables dans leurs costumes ! Backé par les musiciens du Roots Harmonics Band, le trio assurera une bonne heure de show : les voix sont toujours là, de belles harmonies et des classiques à la pelle.









3h du matin. Fermeture du parc. A l’issue de la première soirée du festival, les massives avaient des bonnes vibes plein la tête : normal quand on vient de voir défiler toutes ces légendes !

Mais l’énergie est une denrée qu’il fallait économiser …

JEUDI 26 JUILLET


Réveil difficile au camping, principalement à cause du soleil qui faisait dangereusement monter la température dans les tentes.

Une douche pour se rafraîchir ? Oui, quand il reste de l’eau … Sinon ce sera la rivière ou la marche jusqu’au gymnase qui prête ses douches (et prière d’y arriver avant 15 heures). A chacun sa solution mais en tout cas ce soir le rendez-vous sera le même pour tout le monde : au Parc Arthur Rimbaud.

A notre arrivée, Biga Ranx a bien entamé son set et se produit devant un public plutôt bien fourni et tout à fait conquis par le mélange dancehall/hip hop de l’unique artiste français du line-up.



19h25. Les musiciens de la formation marseillaise Dub Akom s’installent, ils sont accompagnés de Kubix à la guitare. 

Chezidek arrive et offre 45 minutes de show. Au menu, tous ses hits : de l’essentiel ‘Leave the Trees’ à ‘Inna Di Road’, ‘Herbalist ‘, en passant par ‘Vampire’ et le terrible ‘Bullet Clown’ qui reçoivent de bons forwards du public présent, sans oublier ‘Bun di Ganja’, ‘Dem A fight We’, ‘Call Pon Dem’ …  On entend aussi avec plaisir le magnifique ‘Live and Learn’ présent sur l’album  Judgement Time (2010). Le tout se conclut en douceur sur ‘Far I’.





La voix est toujours impeccable, l’énergie est là, les musiciens envoient du lourd, que demander de plus ? Au passage, cette prestation nous rappelle encore une fois que Chezidek n’est absolument pas démuni question big tunes, alors attention à ceux qui auraient tendance à l’oublier !

20h30. Changement de registre brutal, Mr Vegas attaque fort avec un pur segment dancehall : ‘Go Up’, ‘Nike Air’, ‘Jack It Up’, ‘Heads High’ et bien d’autres s’enchaînent sans nous laisser une seconde de répit.



Sur le hit ‘Pull Up’, Mr Vegas a définitivement conquis le public du festival, réputé pourtant peu enclin au dancehall : il saute dans tous les sens, faisant s’élever un gros nuage de poussière (tiens, elle nous avait pas manqué celle-là …).



On se calmera à quelques moments : reprise de ‘Three Little Birds’ et présentation de quelques  morceaux du dernier album comme ‘Sweet Jamaica’, ‘Gimme A light’, ‘Things Ruff’ ou ‘Alive and Well’, avant de reprendre la course effrénée au dancehall avec notamment le hit actuel ‘Bruk It Down’ sur lequel il s’adjoint les services d’une danseuse et qui sera pull up trois fois. L’artiste nous quitte sur ‘I am blessed’ et ‘Man ah Gyallis’.



Belle énergie mais pas le meilleur show de Mr Vegas qu’on ait vu … Les musiciens du récemment formé MV Band n’étaient pas non plus au top, avec la participation d’un selecta qui lançait certains des riddims aux platines avant d’être repris par le band : rendu plutôt bizarre.

Break d’une vingtaine de minutes. Les plus tenaces restent devant la scène pour ne pas perdre leur place, mais autrement si vous aviez besoin d’une pause pipi, si vous aviez un petit creux,  ou si vous vouliez vous baladez entre les stands, c’était le moment.

La nuit est tombée sur le festival, il est plus de 22h et c’est le moment d’accueillir Israel Vibration.







Skelly et Wiss seront égaux à eux-mêmes, très touchants avec un show plutôt court et sans surprise, mais plaisant pour qui ne les aurait jamais vus. Entrés sur ‘Payday’, ils proposeront plusieurs de leurs morceaux incontournables mais aussi des extraits de leur dernier album Reggae Knights paru fin 2010.

Groundation aura ensuite attiré énormément de monde devant la Main Stage pour une heure de leur reggae jazzy si particulier. Le groupe suscite toujours autant d’engouement et provoquera d’importantes réactions du public.



Un des moments clés du festival est arrivé : deux artistes légendaires, Leroy Smart et Johnny Osbourne, vont se succéder sur scène et leur venue dans nos contrées est tout à fait inédite.

Mais voilà, il est 1h du matin, et Leroy Smart se fait désirer, il a une demi-heure de retard.
On retrouve avec bonheur We The People Band, fil rouge de ce festival puisqu’ils auront joué sur 3 jours !

The Don débarque enfin, super looké avec son pantalon scintillant, son chapeau et ses lunettes !



Le show démarre bien avec son premier hit ‘Mother Lisa’, ‘I Am The Don’ et un ‘Wish you Good Luck’ sur l’anthologique Queen Majesty qu’il pull up deux fois.

L’énergie est bonne et la voix est toujours là, on se réjouit mais la situation se dégrade vite. En effet, il donne 45 minutes de show à la jamaïcaine, il surjoue trop, saute partout, se roule sur la scène, et s’attend à créer l’hystérie, en vain : il ne connaît pas le public français.





Dans tout ça, il en oublie presque de chanter et des hits comme ‘Badness don’t pay’ ou ‘Ballistic Affair’ sont passés à la trappe. Quel dommage … Mais peut-on vraiment lui en vouloir ?

Plus une minute à perdre, We The People Band reste en place et Johnny Osbourne vient nous honorer d’un des meilleurs shows du festival ! Big tune sur big tune, voix intacte, dynamisme, bonne humeur et musiciens au top sont les ingrédients de cette réussite.





Entré sur ‘Rock it tonight’, Johnny n’a pu que convaincre et conquérir, avec ‘In your Area’ qui a fait résonner l’insubmersible Stalag riddim, l’irrésistible et fondant -c’est le cas de l’écrire- ‘Ice Cream Love’, l’éternel ‘Truth and Rights’, le magnifique ‘Jah Promise’, le terrible –je vais bientôt manquer d’adjectifs- ‘On The Right Track’ … 

Le public était aux anges. Après un tel concert,  il était bien temps d’aller se poser un peu …

Les massives  de la Main Stage et ceux du Dub Corner situé à l’opposé convergeaient donc tous ensembles vers la sortie. D’ailleurs, la déception avait été grande ce soir au Dub Corner, où le son de Blackboard Jungle rugissait depuis deux jours déjà, puisque Mad Professor a joué seul, son adversaire prévu pour le clash, Mr King Jammy, ayant été hospitalisé à son arrivé en France.

A suivre...
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Par Texte: Nounours; Photos: Jérôme Baudin
Commentaires (4)
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Par jahff le 08/08/2012 à 14:06
tres bon compte rendu ! par contre leroy smart a bien joué " ballistic affair " a la fin ;)
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Par Nounours le 08/08/2012 à 20:44
Hello jahff, merci pour ton commentaire ! J'ai bien entendu qu'il la jouée, par passé à la trappe je voulais plutôt dire qu'il l'avait à peine chanté ... Tournure un peu maladroite ! :-)
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Par Jah Raf le 09/08/2012 à 15:23
En effet très bon reportage ! Pour ma part je n'ai pu faire que le samedi, car je travaillais les autres jours ! Mais le reggae jamaicain, fin concernant la nouvelle vague est entrain de se dégrader en tt cas en live ! Quand est ce qu'on arrete les pull up toutes les 30 secondes !!! Turbulence c'était juste horrible, les artistes sont pressés, ils font des chansons de 30 secondes, backé par les memes bands, ça pull up tout le temps, des que la pression monde allez pull up , ne parlons pas de sizzla qui encore une fois n'est pas venu, heuresement qu'alborosie a remplacé, mais meme coco tea n était pas du tt a la hauteur , du coup je me suis cassé au sound system, ou il n'yavait pas de ses pull up agacant , ou on en prenait plein les oreilles. Back to the roots ou vraiment pendant le live on était en totale harmonie avec ses musiciens, ses textes , je me réfère a des lives de géant , peter tosh à toronto, marley a santa barbara , ( pck maintenant à part faya, jah, selassie, y'a quedale, c'est juste pour le business !!!) Et pour ma part je trouve que les prods européennes ( françe, suisse, allemagne italie) ou Usa,Nouvelle zélande ont un reggae beaucoup plus métissé, avec plus d' influences . C'est bien beau de faire un album propre et bien huilé car oui par exemple capleton a fait de très bonne prod, mais c'est Live sont Nuls !!! Donc quand retrouverons nous ce reggae jamaicain qui nous a tant fait vibrer ! Bless
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Par magic belette le 12/05/2013 à 09:26
Je déterre un peu la discussion mais à l'approche de cette nouvelle année l'impatience me guette! Juste pour dire que je suis vraiment d'accord avec Jah Raf concernant la soirée du samedi. Ce n'était en rien agréable toutes ces coupures... sans cesse! Mais qu'est ce que tu veux... Le samedi est réservé au "grand publique". (Ils doivent être très friand de tout ça!) Mais pour te rassurer, si tu as l'occasion de faire les 4 jours cette année, les autres artistes étaient vraiment présent et les sons étaient énormes! J’espère que cette année encore je repartirais d'ici plein de souvenirs et de satisfaction! Garance reggae festival 2013..... nous voilà!

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