Garance Reggae Festival #2
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Garance Reggae Festival #2

La première partie de notre compte-rendu du Garance Reggae Festival est à lire en cliquant ici. La seconde partie suit ci-dessous:

VENDREDI 27 JUILLET


Il y a toujours du soleil, il fait toujours chaud, et nous sommes toujours au Garance Reggae Festival à Bagnols-sur-Cèze.
C’est la belle Diana Rutherford qui ouvre cette 3ème et avant-dernière journée du festival. Le public n’était pas encore très nombreux mais les absents ont eu tort !

Accompagnée de son Islanders Band et de 2 choristes, la chanteuse a donné un show remarquable qui a démarré fort avec le hit ‘New Day’, entamé a capella, puis continué avec de nombreux extraits du premier album de Diana (Ghetto Princess - 2011), comme ‘Rescue Me’, ‘Nite Life’, ou encore ‘Caged’.



Entre les morceaux, la jamaïcaine prend le temps d’en expliquer le thème, dans un adorable français. Elle nous gratifie aussi d’une reprise appréciable de ‘No Woman No Cry’ et interprète son récent single ‘Smile on my face’. Artiste très talentueuse, pleine d’amour, et  d’une simplicité touchante : on craque forcément !

20h. Le mythique We The People Band reprend place sur la scène qui lui est maintenant familière. Lloyd Parks interprète, comme mercredi, ‘See Dem a Come’ de Culture ainsi que son hit ‘Mafia’, et récolte, comme mercredi, un bon forward !

Le groupe accompagne cette fois Freddie Mc Gregor.

Sur ce coup-là, beaucoup dans le public ont été très surpris : comme ça, de tête, le nom leur parlait mais peu d'entre eux faisait le lien avec des chansons. Quand les big tunes se sont mises à pleuvoir sur la Main Stage, tout le monde réalisa quel personnage se trouvait sur scène: ‘I see it in you’, ‘If you wanna go’, ‘Push Come To Shove’, ‘Stop loving you’ sur le Far East, ‘Africa Here I Come’, ‘To Be Poor Is A Crime’ … sans oublier bien sûr le Big Ship qui nécessitera un pull up et sur lequel le public chantera timidement – mais chantera quand même – face à la promesse d'être sur son prochain album Live (belle stratégie de motivation, Freddie). 



Le capitaine du Big Ship propose aussi un sublime hommage à Dennis Brown avec ‘Here I Come ‘ et ‘Revolution’, avant d’en placer un pour Bob Marley avec ‘War’. Il achèvera son set dans la joie et le ska avec ‘Carry Bring Come’. Un sans-faute.

Ensuite, les Mighty Diamonds se produisaient pour nous envahir de leurs superbes hits des années 70.









Nous choisissons de nous diriger du côté du Dub Station Corner, où le clash entre les américains de Downbeat et les français de Soul Stereo s’apprête à commencer : il se déroulera en 3 manches d’une heure chacune et s’achèvera par un dub fi dub.

A peine le temps de se mettre dans l’ambiance et de prendre la température (on relève un taux anormalement élevé de big classiques chez Downbeat et une fièvre Studio One chez Soul Stereo) et nous devons repartir du côté de la Main Stage, en se faisant la promesse solennelle de revenir, au moins pour le Dub Fi Dub.

Un peu plus de 22h30. Nous sommes à l’heure pour notre rendez-vous avec Beres Hammond.

Le Harmony House Band est prêt, les trois choristes aussi. Vous aussi. Votre voisin aussi. Tout le monde est chaud et personne ne sera déçu. Le public, très nombreux, passera une heure de pur plaisir à danser, chanter et crier en compagnie de l’éternel crooner Beres Hammond.



Les nombreux musiciens, cuivres efficaces et Kirk Bennett survolté à la batterie compris, se montreront particulièrement brillants.

Le set débute par ‘No Goodbye’ et de là, c’est une avalanche de classiques qui nous tombe dessus :  ‘Can’t Stop A Man’, l’énormissime ‘Step Aside’ lâché furieusement après une intro semi- a capella, ‘Hey Girl’, ‘ I Wish’ sur lequel Beres se lance dans une hallucinante imitation de Buju, ‘I Could Beat Myself’, ‘Putting Up A Resistance’ et bien d’autres…

De plus, les morceaux de la grosse période digitale, par exemple ‘Come Back Home’ de chez Star Trail, prennent un tout nouveau sens en live et gagnent en puissance.

On aimerait écouter Beres toute la nuit – sa voix est exactement la même que sur le CD à la maison- mais le show prend fin sur ‘Rockaway’ après avoir chanté  son hit de 2008, ‘I Feel Good’. Ce concert peut être qualifié sans hésitation comme l'un des meilleurs de cette édition 2012.

00h. Nous sommes de retour au Dub Station Corner, où la troisième manche du clash qui se déroule sous des auspices plutôt amicales entre Downbeat et Soul Stereo est en cours.

                  

Le clash fut extrêmement intéressant, avec des boxs bien fournies et des tunes terribles des deux côtés, cependant le public habituel du Dub Corner ne semble pas avoir été emballé par ce clash, l’endroit a connu beaucoup plus d’affluence les autres soirs. Peu importe, un clash de cette qualité sur la sono de Blackboard Jungle, il fallait en être !

L’autre problème venait peut-être aussi de l’animation en anglais de Mark Iration de Iration Steppa : beaucoup de personnes semblaient un peu perdues. Tant pis, d’autres ne l’étaient pas et ceux qui ont suivi le dub fi dub se sont clairement régalés !

L’un des moments les plus marquants : le dub fi dub n’a pas démarré depuis bien longtemps quand une grosse erreur est commise chez Soul Stereo qui balance Big Youth sur le Stop That Train pour un ‘Stop That Sound’, ce à quoi Downbeat répond par Keith & Tex ‘Kill That Sound’ sur le même riddim et s’offre ainsi un gros forward du public.

C’est le sound system Downbeat The Ruler qui est sorti vainqueur de ce clash, mais Soul Stereo a su réagir et imposer le respect.

Pendant ce temps-là sur la Main Stage, après The Abyssinians, c’était Alpha Blondy qui avait pris possession de la scène en compagnie du Solar System Band. Nous sommes arrivés sur la fin de son set qui fut de qualité bien qu'habituel et qui se clôtura par un ‘Brigadier Sabari’ dont on ne parvient pas à se lasser.









3h. C’était beaucoup pour une seule soirée, et il en restait une autre …

SAMEDI 28 JUILLET


Dernière journée du Garance Reggae Festival 2012.

Les dernières journées, c'est toujours pareil : on est déjà nostalgiques, on s'exclame tous que c’est passé "super vite", et on a envie de profiter à fond du temps restant.

Profitons donc !  

Premier concert de la soirée avec Derajah et ses musiciens du Donkey Jaw Bone, qui portent sur scène le premier album de l'artiste avec plein d'énergie. Celle-ci est communiquée à un public encore très éparpillé : plutôt dommage d'avoir programmé ce concert si tôt …





Nous accueillons ensuite Raging Fyah, qui compte parmi les quelques groupes de reggae jamaïcains actuels et qui se veut la découverte du moment, faisant le tour des festivals estivaux européens. On découvre une prestation de qualité, et les morceaux 'Step outta Babylon' et 'Irie Vibe' ont bien l'étoffe de hits.

20h45 pétantes, Turbulence, backé par le Dub Akom Band, entre sur 'Vampire'.
Il livre un show correct, balançant des titres efficaces ('Rest a show', 'Neva Knew' qui provoque rapidement un pull up, 'Freedom', 'Love her forever' … ) et concluant par un segment dancehall énergique. Il reviendra évidemment sur scène pour 'Notorious' avant de nous quitter pour de bon.





Capable aussi bien de toaster que de chanter -très belle voix!-, l'artiste se montre très agréable et communicatif, s'amusant avec les musiciens et le public, mais on ne peut que constater une certaine faiblesse au niveau de la construction du set.

22h25. Entrée tranquille sur le rythme Nyabinghi de 'Rastaman Chant' pour Cocoa Tea. Le seul vétéran de la soirée donnera comme toujours un très bon concert, avec l'essentiel de son répertoire : 'Bust outta Hell', 'Rikers Island', 'She loves me now', 'Hurry Up & Come', 'Tune In' …



On regrette seulement une fin plutôt bâclée, alors que les choses commençaient à s'accélérer : la chanteuse Magano (qui lui avait succédé sur scène) le rejoint pour le final sur le Movie Star riddim et chante un peu, puis Cocoa lâche pêle-mêle et dans l'urgence 'Pirates Anthem', un petit bout de '18 and Over', imite Buju et s'en va.



Autre bémol : le public. Que s'est-il passé sur Cocoa Tea ?

Pas en accord avec le reste de la programmation de ce soir ? Public fatigué ? Compréhensible car, au quatrième jour, nous étions tous fatigués. Même le MC du festival, Francky de Partytime, qui a courageusement présenté l'ensemble des concerts, commençait à perdre un peu sa voix.

Mais quand même, quel manque d'enthousiasme pour le show de Cocoa Tea … Passons.

C'était ensuite le groupe très attendu Morgan Heritage qui nous honorait de sa présence au complet avec Peetah, Gramps, Mojo, Una - featuring ses incroyablement longues boucles d'oreilles-  et Lukes.
Ils donnent tout de suite le ton en débutant par 'The Return', single éponyme de leur album à venir.



'Don’t haffi dread', 'A man is still a man', 'Work to do', 'Can’t get we out', 'Inna dem ting deh' … Les tunes sont big, le show est très carré. Mais peut-être trop justement. Leur son en devient un peu uniformisé, voire aseptisé.

On ne peut s'empêcher aussi de relever le marketing à l'américaine avec un bonhomme se tenant sur le côté de  la scène et brandissant pendant tout le concert un tee-shirt du nouvel album : les Morgan Heritage font un bon concert mais sont venus vous vendre quelque chose, tâchez de ne pas l'oublier !

Mais  nous réfléchirons à ça plus tard, sur le coup nous sommes emportés par la vibe, et quel pur bonheur de les entendre jouer un medley sur le Liberation riddim avec leur propre son et ceux de Jah Cure, Ras Shiloh et Capleton !

Peetah se met ensuite à placer un big up pour les artistes dancehall, exprimant son respect pour cette musique et citant entre autres Kartel, Bounty Killer et I-Octane, puis le show part en dancehall avec une session deejay de Gramps suivie d'une reprise de 'What A Bam Bam'.  Le tout s'achève sur le monstrueux 'Tell me how come'.

Le festival touche à sa fin : le dernier concert va commencer.

Suite à l’annulation de Sizzla, qui rencontrait apparemment quelques petites péripéties avec son manager, l’artiste venu en renfort et chargé de fermer cette 21ème édition n’est autre qu’Alborosie.

Une artiste montante jamaïcaine, Ikaya, l’accompagne sur sa tournée : nous avons donc le plaisir de l’accueillir sur scène avant lui.



C’est ensuite Puppa Albo qui une heure durant mélange les hits issus de ses différents albums pour un show puissant porté par les musiciens du Sheng Yeng Clan. Il y va même de son petit clin d’œil à Sizzla en reprenant ‘Like Moutains’.



Le final sera explosif sur ‘Kingston Town’, avec le retour de Ikaya sur scène, qui après nous avoir montré ses compétences de chanteuse au début du show, revient en mode ‘bad deejay’ !

Alborosie aura mis tout le monde d’accord et aura su nous faire oublier la déception ‘kalonjienne’ avec un concert de très grande qualité, parfait pour finir.

Après quelques remerciements et un rendez-vous fixé à l’année prochaine, le Garance Reggae Festival 2012 s’achevait donc.

Si les conditions d’accueil sur l’aire de camping restent tout de même à améliorer, cette édition était vraiment de qualité au niveau musical.
Un terrible line-up, avec le meilleur de la jeune génération mais surtout avec un paquet de légendes du reggae qui défilent pendant des heures sous vos yeux et pour le plus grand plaisir de vos oreilles, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue …
Après le succès de cette édition, le Garance Festival peut maintenant se donner les moyens d’aller plus loin, plus haut, de faire encore mieux et de nous surprendre. On attend déjà l’année prochaine !

Pour prendre connaissance de la première partie de notre compte-rendu et voir le respte des photos, cliquez ici.

Par Texte: Nounours; Photos: Jérôme Baudin
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