Bilan 2012 #4: Evènements
dossier Roots 0

Bilan 2012 #4: Evènements

Après le bilan roots & new roots, français, kreyol & dub ainsi que le bilan dancehall, voici un bref récapitulatif des faits marquants de l'année 2012

DISPARITIONS

* Winston Riley  : le légendaire producteur, patron du label Techniques et ex-chanteur du groupe du même nom tire sa révérence le 19 janvier des suites d’une blessure par balles au mois de novembre 2011. Visiblement, quelqu’un lui en voulait. Le producteur avait en effet essuyé plusieurs attentats depuis 2009. Il laisse derrière lui une immense collection de hits avec en tête le fameux riddim «  Stalag  ». Ring di alarm... another producer is dying...
* Errol Scorcher  : le deejay décède le même jour que Winston Riley des suites d’une rupture des vaisseaux sanguins cérébraux. Il était l’auteur de "Roaching Inna De Corner" sur le Real Rock Riddim et "Frog In A Water" sur le My Conversation Riddim.
* King Stitt  : les rumeurs de sa mort avaient précédé la réalité. Mais le roi des deejays nous quitte réellement le 31 janvier après deux mois d’hospitalisation suite à une tournée au Brésil. King Stitt était une figure emblématique de Studio One. Connu pour son visage déformé, il était surnommé The Ugly One et était considéré comme l’un des pionniers des deejays.
* Lloyd Brevett  : le bassiste des Skatalites avait subi plusieurs attaques à la suite du meurtre de son fils en février. Il en succombera finalement le 3 mai après avoir été admis à l’hôpital de St Andrew en Jamaïque. Il laisse ainsi Lester Sterling, saxophoniste du groupe, seul survivant parmi les membres originels des Skatalites avec la chanteuse Doreen Shaffer.
* Daddy Harry  : cousin de Yaniss Odua et découvreur de talents caribéens, Daddy Harry a largement contribué au développement du reggae dancehall aux Antilles et en France. Chanteur, selector et animateur, il a longtemps œuvré pour cette culture de manière positive et consciente. Il nous a quittés durant le mois de juillet.
* Mighty Mike  : selector emblématique de la station de radio jamaïcaine Irie FM, Mighty Mike s’est éteint à cause de problèmes respiratoires et de complications dus à son diabète. Un grand nombre d’artistes et d’acteurs du milieu reggae lui ont rendu hommage en Jamaïque.
* Roy Wilson : la moitié du duo Higgs & Wilson est décédée à la fin du mois de mai à l'âge de 72 ans. Higgs & Wilson (Joe Higgs et Roy Wilson) sont parmi les premiers Jamaïcains à avoir enregistré de la musique. On retient notamment "Manny Oh" datant de 1960 et produit par Edward Seaga (!), futur leader du JLP et Premier Ministre jamaïcain de 1980 à 1989.  Beaucoup moins connu que son compère Joe Higgs, Roy Wilson reste définitivement un des pionniers de la musique jamaïcaine dont il faut se souvenir.
* Sluggy Ranks  : icône du dancehall des années 90, Sluggy Ranks était connu pour son style Waterhouse qui avait séduit King Jammy’s notamment. Son hit le plus connu reste le percutant «  95% Black  » sur le riddim du même nom. Il est décédé dans un accident de voiture le 29 juillet.
* Ranking Trevor  : quelques jours à peine après le décès de Sluggy Ranks, Ranking Trevor perd aussi la vie dans un accident de la route. Adepte du style rub-a-dub, Trevor était principalement connu pour son titre «  Caveman Skank  » et son toast sur le «  Queen Majesty Riddim  » aux côtés des Jays pour le label Channel One.
* Matthew McAnuff  : sans doute la disparition la plus choquante de l’année étant donné les circonstances de sa mort, son âge et sa popularité en France. Le jeune Matthew, alors âgé d’à peine 26 ans, aurait été sauvagement frappé par des personnes qui l'auraient pris pour un policier à Montego Bay, en Jamaïque. Il était en tournée en France trois mois auparavant aux côtés d’Inna De Yard pour interpréter son hit «  Be Careful  » notamment. On attend avec impatience un album posthume...
* Don Lickshot  : fondateur du sound High Fight International qui avait vu débuter Daddy Nuttea entre autres, il nous a quittés le 9 septembre.
* Danny Sims  : l’un des managers les plus marquants de la carrière de Bob Marley s’éteint le 7 octobre des suites d’un cancer. Il avait suivi Bob de 1967 à 1972 avant de passer la main à Chris Blackwell et de retrouver l'artiste en 1981, peu de temps avant sa disparition.
* Captain Barkey  : une sombre histoire d’adultère aura eu raison de Captain Barkey. Le deejay âgé de 50 ans est abattu à sa sortie d’un motel du Bronx par le mari de sa partenaire qui se donnera la mort quelques jours plus tard. Captain Barkey avait percé au milieu des années 90 en Jamaïque, notamment avec son titre "Go Go Wine", produit par Wee Pow et sorti sur le label Stone Love.
* Duke Vin  : le selector du sound system Tom The Great Sebastian s’en est allé à l’âge de 80 ans au mois de novembre. Il avait considérablement participé au développement de la musique et la culture jamaïcaines en Angleterre dans les années 60.
* Ranchie McLean : le guitariste et bassiste Ranchie McLean est également décédé en novembre dernier, à l'âge de 64 ans. Sa guitare figurait sur de nombreux hits jamaïcains, aux côtés des Ethiopians et de Jacob Miller notamment mais aussi de Lloyd Parks et Sly Dunbar. Il finira par se mettre à la basse et sera à l'origine de quelques lignes légendaires pour le label Channel One.
* Lloyd Charmers : Il y a tout juste quelques jours, on apprenait le départ de Lloyd Charmers, né en 1938. Il avait débuté sa carrière au sein des Charmers, puis fit partie de The Uniques notamment, avant de produire quelques unes des plus belles perles du reggae, dont le titre "Everything I Own" de Ken Boothe, ou encore d'autres titres de B. B. Seaton, The Gaylads ou Lloyd Parks.

CONCERTS  / FESTIVALS

L’année 2012 aura été particulièrement riche en termes d’exclusivités. Et cela a commencé très tôt avec le concert unique de Winston Jarrett au New Morning à l’occasion du noël ethiopien le 7 janvier grâce à Mami Wata. Le reste de l’année aura vu quelques belles tournées comme celle partagée par Fantan Mojah et I-Wayne qui auront parfois croisé Ijahman Levi, notamment lors de deux célébrations mémorables de la St Valentin à Paris et Marseille. La tournée de Sizzla n’aura pour une fois connu aucune annulation en France et l’on se souvient d’une prestation bouillante à St Denis lorsque Kalonji s'y produisit avec Mavado. Les amateurs de dancehall ont également été comblés lors du Reggae Splash Tour à Paris. L’énorme show avait failli ne pas avoir lieu (prévu au mois de février et repoussé au mois de mai), mais finalement, Admiral T faisait chauffer le zénith en compagnie de Bounty Killer, Busy Signal, Anthony B., Queen Ifrica et leurs compères, pour un show à la jamaïcaine surpuissant et frustrant à la fois (pas plus de 30 minutes par artiste). Les massives ont pu se consoler avec les festivals français de l’été, à commencer par le Reggae Festival (avec Morgan Heritage, Max Romeo, Beres Hammond, Israel Vibration ou encore Gyptian) organisé par Mediacom à Paris, pour les franciliens qui ne pouvaient se déplacer en région. De son côté, le Garance Reggae Festival aura une fois de plus surpris grâce à sa programmation roots et exclusive avec des artistes présents pour la première fois en France comme les Gaylads, Johnny Osbourne ou Leroy Smart, aux côtés de pointures indémodables telles que Derrick Morgan, Bob Andy, Morgan Heritage ou encore Beres Hammond. Le Reggae Sun Ska, quant à lui, a battu tous les records en 2012. Plus de 80  000 personnes sur 3 jours pour un évènement archi-complet qui aura accueilli la crème du reggae mondial avec Damian Marley, Tarrus Riley, Mr Vegas, Anthony B, Jimmy Cliff, Lee Perry ou Groundation. La fin de l’année a été marquée par quelques tournées marquantes, telles que celle de Daddy U-Roy ou de Clinton Fearon qui invitait ses amis des Gladiators Clinton Rufus et Gallimore Sutherland pour une série de concerts acoustiques. Et enfin, la venue de Midnite pour ce qui fût leur première tournée en France aura ravi les amateurs de roots spirituel et profond avec des concerts à rallonge pouvant durer jusqu’à 3 heures.

CULTURE

Alors que 2011 avait été marquée par le trentième anniversaire de la disparition de Bob Marley, 2012 a été l'année de célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de la Jamaïque. Ceci a été largement fêté en musique et notamment dans des compilations retracées dans notre bilan roots & new roots. Notre équipe célébrait cet évènement le 5 août 2012 à minuit aux côtés de Jimmy Cliff en personne (voir la video ici) !
C'est aussi du côté des salles obscures qu'il était intéressant de se tourner cette année, avec tout d'abord la sortie du film documentaire "Marley The Definitive Story", du réalisateur américain Kevin MacDonald. Ce film demeurera longtemps le documentaire référence et officiel sur la vie de Bob. Côté français c'est le réalisateur Kamir Meridja qui s'attachait à nous présenter le film "Rude Boy Story", sur le groupe Dub Inc., qu'il a suivi pendant plusieurs années. Là encore, un film documentaire très réussi à plusieurs grilles de lecture et toujours dans les salles actuellement.
Enfin côté littérature, on retiendra la sortie du livre Vibrations Jamaïcaines (Editions Camion Blanc) de Jérémie Kroubo-Dagnini, lequel a également traduit cette année la biographie de Lee Perry par David Katz intitulée "Lee "Scratch" Perry: People Funny Boy" (chez le même éditeur). On salue une autre traduction, celle de "Babylon On a Thin Wire" par Vincent Tarrière, publiée par Patate Records et aux Editions Allia. Le livre de l'écrivain Michael Thomas et du photographe Adrian Boot est un ouvrage indispensable pour comprendre la période la plus sombre de l'histoire de la Jamaïque indépendante, mais aussi la période la plus productive du reggae : les années 70.

Votre rattrapage étant fait, cap sur 2013...

Retrouvez aussi dans notre rubrique magazine: un bilan 2012 roots & new roots (artistes et riddims), un bilan français, kreyol & dub et un bilan dancehall.

Par Djul & LN
Commentaires (0)

Les dernières actus Roots