Snoop Lion 'Reincarnated'
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Snoop Lion 'Reincarnated'

Comment juger "Reincarnated", l'album de Snoop Dogg aka (depuis 2012) Snoop Lion, après toute la controverse que celui-ci a suscité dans le milieu reggae et ailleurs, eu égard à sa pseudo-conversion à rastafari (critiquée par Bunny Wailer) et à sa prétendue réincarnation de Bob Marley ? Il ne faut tout d'abord jamais omettre le fait que depuis de nombreuses années, Snoop Dogg n'est pas un artiste à prendre au premier degré. Personne ne s'offensait, ou du moins, beaucoup prenait l'artiste avec humour, lorsqu'il produisait des films porno alors qu'il était déjà entré depuis longtemps dans l'histoire du rap américain, grâce à son premier album mythique « Doggystyle » et ses collaborations avec Dr Dre, fer de lance du son West Coast. Un producteur justement, c'est la deuxième variable à prendre en compte lorsque l'on s'adonne à l'analyse de l'œuvre de Snoop. Il s'est toujours entouré de producteurs de talent, aptes à le faire entrer dans leur style tout en conservant la personnalité et le flow de l'artiste. On pense à Dre bien sûr, mais aussi Daz Dillinger et DJ Pooh ou encore Warren G, Neptunes etc. Des collaborations diverses et nombreuses sur ses albums, c'est la troisième caractéristique de Snoop, qui a souvent proposé des duos sur ses différents opus. Enfin, et l'on rejoint là le premier point de notre propos, Snoop a toujours touché à toutes les strates de la sphère audiovisuelle en participant à des B.O. et en jouant dans des films, mais aussi des séries (on pense par exemple à son apparition dans "Weeds"), ou en travaillant sur des jeux vidéo. Tout ce qu'il touche et ce qu'il produit fait parler de lui, et de ce point de vue, il aura de nouveau réussi à toucher du monde (en bien ou en mal) avec "Reincarnated", l'album ainsi que le documentaire qui l'a précédé. Snoop se sentirait ainsi investi d'une mission de faire connaître le reggae, de faire partie de son histoire, et effectuerait même en quelque sorte sa rédemption en sortant cet album. On peut évidemment se demander si le reggae avait vraiment besoin de Snoop ;). Pas sûr du tout. Passons malgré tout à l’écoute de ce 16 titres.
Révolution positive, paix et amour sont les principaux messages de l'album. Enregistré en Jamaïque, on retrouve Diplo et le reste du combo Major Lazer (Chris Jillionaire et Walshy Fire) ainsi qu'Ariel Rechtshaid à la production. Cela en dit déjà long sur les riddims proposés : mélange habile de riddims légendaires, hip hop, pop, dancehall et electro. Au niveau de l'écriture et comme nous l'expliquait justement Diplo lors d'une interview le mois dernier, on retrouve cette même équipe mais aussi notamment Angela Hunt (avec qui Snoop signe trois titres), ou encore l'excellent Jahdan Blakkamoore. Les featurings pleuvent. L'album, à part deux ou trois morceaux tels "Get Away" (très dance) et "Tired of Running" (plutôt RnB) est agréable à l'écoute. Il s'ouvre sur "Rebel Way", à l'ambiance western hip hop. "Here Comes The King" featuring Angela Hunt suit. Découvert il y a quelques mois, de même que son clip, ce morceau est la preuve même que le troisième degré est à l'honneur ou alors, qu'il vaut mieux rigoler de la mégalomanie avancée de Snoop Lion.  "Lighthers Up" featuring Mavado et Popcaan est certainement l'un des meilleurs morceaux de l'album. Là encore, c'est plutôt un gros riddim à prédominance hip hop qui nous est proposé, caractérisé par un rythme marqué par des cuivres très graves (on pense même à Dre). "No Guns Allowed" featuring Drake et la fille de Snoop Cori B. est aussi très bon. Un rythme lent, agrémenté de clavier et d'harmonica, accompagne un message de paix plutôt bien mené. Une basse super puissante et de nouveau un très bon riddim indy hip hop est de mise sur "Remedy" (featuring Busta Rhymes & Chris Brown). Côté morceaux à prédominance reggae, on remarque les collaborations avec Jahdan Blakkamoore qui signent avec Snoop "Boulevard" et "Harder Times", lesquels ne figurent que sur la version deluxe de l'album. On sait que "La La La" en a fait sauter plus d'un de leur chaise, avec l'Artibella revisité à la sauce Major Lazer. Il n'est quoi qu'il en soit pas à jeter, mais quitte à modifier la recette d'un riddim légendaire, on préfère le "Sleng Teng" revu et corrigé avec Mr Vegas sur "Fruit Juice". Enfin, "Smoke The Weed" avec Collie Budz est intéressant.
Le problème peut-être avec cet album, c'est qu'à l'instar de la dernière compil des frères Marley ("Set Up Shop"), on s'attend à quelque chose de tellement gros du fait de sa signature, qu'on peut comprendre que certains amateurs de sons aient été déçus. Snoop n'a certainement pas révolutionné le reggae avec Major Lazer, comme il avait révolutionné le rap avec Dre dans les années 90 et au début des années 2000, "Reicarnated" n'en reste pas moins une production sympa contenant d'excellents titres qui tourneront certainement cet été sur les routes du Summerjam. N'oubliez pas que l'artiste passera par Paris demain jeudi 4 juillet.

Tracklist:
1. Rebel Way
2. Here Comes the King (featuring Angela Hunte)
3. Lighters Up (featuring Mavado & Popcaan)
4. So Long (featuring Angela Hunte)
5. Get Away (featuring Angela Hunte)
6. No Guns Allowed (featuring Drake & Cori B)
7. Fruit Juice (featuring Mr. Vegas)
8. Smoke the Weed (featuring Collie Buddz)
9. Tired of Running (featuring Akon)
10. The Good Good (featuring Iza)
11. Torn Apart (featuring Rita Ora)
12. Ashtrays & Heartbreaks (featuring Miley Cyrus)
Deluxe Edition:
13. Boulevard featuring (Jahdan Blakkamoore)
14. Remedy (featuring Busta Rhymes & Chris Brown)
15. La La La
16. Harder Times (featuring Jahdan Blakkamoore)

Par LN et AG
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