Summerjam 2013!
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Summerjam 2013!

Premier week-end de juillet sur le site du lac de Fühlinger à Cologne, des tentes et du reggae partout : on ne vous apprend pas pourquoi on est là.
Un festival qui arrive à sa 28ème édition n’a plus grand-chose à prouver, et on ne s’étonne plus de l’extrême sérieux de l’organisation - la rigueur allemande.
Le Summerjam présentait cette année encore une affiche alléchante, avec une grosse curiosité : la présence de Snoop Lion, qui aura fait couler beaucoup d’encre depuis sa « réincarnation ».
Que faut-il retenir? Qui a brillé ? Qui a déçu? Réponses…

*** Vendredi 5 juillet ***

Commençons par un petit rappel des règles du jeu pour ceux qui en auraient besoin: deux scènes, la Red Stage (scène principale) et la Green Stage (un peu plus modeste), pas très éloignées mais avec le monde présent, comptez un petit délai pour passer de l’une à l’autre.
Cette première journée s’ouvrait sur la Red Stage avec FURASOUL, formation allemande habituée du festival qui présentait cette fois son dernier album, « Nothing Can Stop A Good Idea ».



En début de soirée, on retrouvait MAX ROMEO sur la Green Stage, programmé à la suite de l’annulation de la tournée européenne de Ken Boothe, qui nous attaque directement avec deux de ses plus gros hits « War Inna Babylon » et « One Step Forward ». Il déroule tranquillement son show, des titres comme « Melt Away », « A Little Time For Jah », et un « Time Bomb » bien redynamisé en live, se succèdent.   Arrive « Chase The Devil » sur lequel le pull up est obligatoire et le public chante à tue-tête, puis sa prestation se finit sur un “Redemption Song” de toute beauté.
En résumé : du Max Romeo classique et efficace.

Premier gros dilemme ensuite… Busy Signal et Romain Virgo se produisent en même temps.
Nous irons goûter les 20 premières minutes du show de BUSY SIGNAL, très en forme (bien plus que lors de son passage en France en avril dernier), qui livrera une grosse prestation. « Reggae Music Again » ou pas, Busy Signal est d’abord un artiste dancehall, et gare à ceux qui auraient tendance à l’oublier.  Des classiques « Step Out », « Full Clip », « Badman Place», « Unknow Number », « Pon Di Edge » aux  plus récents « Defense » (qui a le droit à son pull up) » et « Bad Up Who » : les hits dancehall pleuvent. Nous accordons toute notre confiance à Busy pour la suite du show, constitué de grosses réactions du public sur ses hits reggae et dont le point d’orgue sera le tubesque « Bumaye », et allons voir…

ROMAIN VIRGO
L’un des chanteurs les plus appréciés en Jamaïque actuellement est réputé pour être un gros lover. On nous mettra d’ailleurs en garde contre un show peut-être trop mielleux. Il n’en sera rien.



Romain, accompagné de son Unit Band, montrera toute l’étendue de son talent avec un répertoire riche et une énergie impressionnante.
Les chansons d’amour sont bel et bien là («Love Doctor », « I want to go home », « Rich in love » …), mais pas seulement. 



 « Dem A Coward », « Another Day Another Dollar », et le puissant « Mussi mad » (Rockfort Rock Riddim) sont autant de titres efficaces qui sortent l’artiste du cliché romantique. Il reprend même « 54-46 Was My Number » et on ne peut s’empêcher de relever la présence de Dean Fraser, sur la droite de la scène, qui observe attentivement la prestation du jeune homme. Ses 3 hits s’enchaînent en dernière partie du show pour le plus grand plaisir du public : « Can’t sleep », « Who Feels It Knows It » et « I Know Better ». Sa reprise d’Adele vient clôturer le tout.



Un sans faute pour Romain, excellent showman !
Tarrus Riley arrivait ensuite, mais la curiosité l’emporte et nous allons assister au concert de…

SNOOP LION
La nuit est tombée, l’attente est quasi religieuse.  On ne peut pas être une star internationale du hip-hop sans se faire désirer un peu : c’est donc avec plus de 20 minutes de retard que le show de Snoop commencera. On note la présence de musiciens mais aussi (et surtout) d’un DJ. Le teaser de « Reincarnated » est tout d’abord diffusé sur l’écran géant, avec un gros hommage à 2 Pac.  Trois danseuses en vestes militaires arrivent sur scène et « Here Comes The King », extrait de son album  reggae, est lancé.
Snoop fait son entrée, bling bling jusqu’au micro (orné d’un gros bloc en diamants avec une tête de lion), arborant un t-shirt à l’effigie de Bob Marley. Dès la deuxième chanson, le ton change : les premières notes du hit « P.I.M.P » de 50 Cent se font entendre. Plus le show avance, plus on cherche une cohérence, moins on la trouve.  Une mascotte est présente sur scène, déguisée en chien à locks, qui porte un spliff géant. Snoop allumera d’ailleurs deux joints sur scène.
L’essentiel de son show est composé de titres hip-hop ( « Jump Around »,« Beautiful », « Drop It Like it’s hot »…) , avec un crochet house (le remix de « Wet » feat David Guetta).  Les danseuses se sont entre temps changées, elles ne sont plus très habillées et dansent de façon très suggestive sur des chaises. Peut-être un peu trop pour l’esprit du Summerjam. Le public reste sceptique, réagissant tout de même aux gros classiques comme « Who Am I (What’s my name) ? », « The Next Episode » ou « Drop It Like It’s Hot ». Sa deuxième tentative reggae consistera en l’interprétation de « Tired of Running », sur laquelle sa gestuelle hip-hop fait plus marrer qu’autre chose.  Il finit sur son duo à succès avec Wiz Khalifa, « Young, Wild, and Free ». Sans aucune transition travaillée, le show donne l’impression de passer du coq à l’âne (ou du lion au chien – ok c’était trop facile). On ne le sent d’ailleurs définitivement pas à l’aise dans son personnage de lion, et il ne cherche pas à l’incarner non plus…  En effet, rien ne transparaitra sur scène de tout son tapage spirituel, le seul message qu’il cherchera à nous communiquer étant le « Smoke Weed Motherfuckers !» lancé avant de quitter la scène.  Point final à ce show sans queue ni tête : le Dj nous balance « Jammin » de Bob et tout le monde remballe.
C’est à un concert – médiocre, en plus- du rappeur Snoop Dogg que le public a assisté. Et son seul véritable lien avec le reggae semble définitivement être la fumette.
Ainsi s’acheva cette première journée de concerts. Ceux qui regorgeaient encore d’énergie (comme nous !) pouvaient se rendre à la Dancehall Arena où Jugglerz et Pow Pow balancaient des sélections dancehall et soca brûlantes.

*** Samedi 6 juillet ***

Il fallait être au taquet assez tôt en ce deuxième jour : WARRIOR KING et TURBULENCE étaient programmés dès 15h45 !
Warrior King commence, avec une prestation de 20 minutes où il offre tous ces classiques : « Can’t Get Me Down », « Jah Is Always There », « Hold The Faith », « Rough Road », « Virtous Woman »… Le tout est juste et honnête, mais il lui manque ce petit quelque chose pour nous emporter… Turbulence prend ensuite le relais, le show est de bonne facture mais le set un peu figé pour qui aurait déjà vu plusieurs fois l’artiste.



Le final était cependant à ne pas rater :  Warrior King qui revient sur scène, plus déterminé qu’au début, avec un excellent et dynamique « Judgement Day », Turbulence, locks lâchées au vent, qui s’envole sur les mixs de batterie…   Mémorable ! Nous abandonnerons ensuite et malheureusement Junior Kelly pour assister sur la Green Stage à l’un des meilleurs concerts de ce festival :

CHRONIXX
L’artiste était attendu de pied ferme, en témoigne la bannière brandie par un jeune homme, « JAH OVA EVIL » avec, inscrits au verso, les noms de certains des membres de ce mouvement : Chronixx, Protoje et Kabaka Pyramid.



L’artiste débute logiquement par « Start A Fyah ». Suivent « Dread », « Modern Warfare », « They don’t know ».



Accompagné de son irréprochable Zincfence Band, Chronixx prend son temps sur chaque chanson et vit sa musique corps et âme là devant nous, c’est presque magique. La première grosse réaction du public arrive sur « Ain’t No Givin In »  et Chronixx reprend les morceaux de Kabaka Pyramid et Tarrus Riley sur le même riddim (Tropical Escape). Le public donne également de la voix sur « Access granted » (Digital Love Riddim) et le hit « Smile Jamaica ». Chronixx reste dans le thème avec une reprise de « JA » de Protoje. Sur « Selassie Souljahz », il assure les parties des artistes en featuring, récoltant un énorme forward sur celle de Sizzla.



La pression monte encore d’un cran  avec le terrible « Here Comes Trouble ». Depuis le début du show, Chronixx et ses musiciens nous proposaient un reggae plutôt lent et parfaitement maîtrisé, prouvant qu’il n’y avait nul besoin de se perdre en accélérations folles, de crier et sauter partout en faisant des pull up pour obtenir la faveur du public.



Chronixx accélère quand il le décide, et il semblerait que ce soit maintenant : il nous parle de dancehall, branche inévitable du reggae, avant de se lancer dans une version effrénée de « Behind Curtain » sur laquelle il quitte la scène. Il fait son rappel sur « Warrior » avant de repartir en dancehall sur un « Odd Ras » de folie sur lequel il se lâche en freestyle.



Rien à redire, on ne peut qu’être pressé de voir l’évolution de ce jeune artiste déjà excellent.
19h15. Biga Ranx enchaîne avec son excellent show sur la Green Stage, que nous avons eu l'occasion de voir plusieurs fois cette année. Il y a déjà un monde fou devant la Red Stage pour assister au concert de…

MORGAN HERITAGE
Oui, ils sont excellents. Oui, c’est carré. Oui, le public a adoré.
Mais le côté un peu trop marketing de leur démarche peut gêner : rappels concernant le merchandising, incitations à plusieurs reprises à prendre des photos et à les mettre sur les réseaux sociaux… Tant pis, les classiques sont là : « Don’t Haffi Dread », « Inna Dem Ting Deh », « Works To Do », le medley du Liberation riddim, « Tell Me How Come »…  Un problème de programmation se posait de nouveau: on aurait aimé assister au concert d’Alborosie pour entendre en live des extraits de son dernier album, mais l’ex-protégé de Vybz Kartel se produisait en même temps, et son annulation parisienne nous était restée en travers de la gorge…

POPCAAN
Il faut tout de suite saluer la performance des musiciens de Dub Akom qui ont excellé sur ce set quasi exclusivement dancehall ! Pour Popcaan… C’est une autre affaire. Sa voix, déjà particulière, sonne assez désagréablement et semble être faite pour rester en studio.  L’énergie de l’artiste est cependant touchante et il déroule un catalogue bien fourni, entre tunes efficaces et véritables hits : « Hear Dem A Talk », « Jah Jah Protect Me »,  « Dem Nuh Worry me », l’énorme « The System » qui déclenche une grosse réponse du public, « Up Inna Di Club »… Il  lance un « Free Kartel » alors que leurs relations sont loins d’être au beau fixe… mais c’est peut-être pour se permettre d’interpréter ses duos avec le World Boss : « Clarks » et « Hot Grabba ». L’artiste Versatile, qui assure les backs, s’avance pour son titre « Bank Inna Pocket ».
 La voix de Poppy s’améliore sur la dernière partie du show : il s’applique particulièrement sur ses hits, qui secouent les fans de dancehall venus l’applaudir ! « Clean », « Clean Stamp», « Only Man She Wants », « Party Shot » et « Party Anyweh » ferment ainsi un set de plus d’une heure.

Déjà 23 heures… RICHIE STEVENS dispose d’une demi-heure sur la Red Stage, en première partie de Gentleman.  Il interprète des classiques comme « Fight Back » et des extraits de son nouvel album « Real Reggae Music ». Le tout est impeccable mais nous devons l’abandonner pour aller prendre place devant l’autre scène, où un groupe très attendu doit arriver…

MAJOR LAZER
Difficile de décrire leur show, il faut l’avoir vécu. Tout l’espace devant la scène s’est transformé en une géante discothèque en plein air et Major Lazer y a mis le feu.  Le show est très animé et le décor soigné : animations psychédéliques sur l’écran, Ghetto Blaster géant installé sur scène, deux des compères qui s’enferment dans des ballons en plastiques géants pour aller rouler sur le public, danseuses, cotillons et vuvuzelas balancées dans le public, drapeaux « Free The Universe »…   Côté musique, puisqu’après tout on est là pour ça, la sélection est bien entendu très éclectique : électro, soca, dancehall, hip-hop et reggae sont au rendez-vous. On entend pêle-mêle des morceaux de Konshens, Bunji Garlin, Rdx, un Harlem Shake remixé avec « Wah dem a do » de Mavado, ainsi que du Toots & The Maytals.  Les gros hits font évidemment leur effet, de « Get Free », joué deux fois, à « Pon Di Floor » et « Bumaye ».  Popcaan rejoint même le trio sur scène pour chanter pendant que la Dancehall Queen allemande se déhanche. Diplo, Walshy Fire et Jillionaire ont ainsi enflammé la foule pendant un bon moment et ont eu du mal à partir. Diplo nous donne d’ailleurs rendez-vous à la DANCEHALL ARENA, « On se voit là-bas ! ». Rendez-vous pris, moins d’une heure plus tard on l’y retrouve en train de rendre le public fou, avec notamment T.O.K sur le Bumaye Riddim qu’il pull up à plusieurs reprises. Popcaan, bien rentabilisé pour le coup, se présente là encore sur scène et interprète « Party shot ». La fête se poursuivra jusqu’au bout de la nuit avec Sentinel et Silly Walks.

*** Dimanche 7 juillet ***

Les têtes d’affiche du festival étaient peut-être un peu trop concentrées sur les deux premiers jours, et bon nombre de personnes ont choisi d’arriver plutôt tardivement dans l’enceinte du festival. On sirote un cocktail du « Bar Jamaica » au son de Broussaï, The Aggrolites ou encore Fat Freddy’s Drop. Il faudra ensuite de nouveau trancher en ce dimanche soir : Raggasonic ou Protoje.



Le duo RAGGASONIC attirera beaucoup de monde, dont un certain nombre de français venus supporter leurs artistes !  Daddy Morry et Big Red assureront le show. Entrés sur « Aiguisés comme une lame », ils délivreront tous leurs classiques (« Faut pas me prendre pour un âne », « J’entends parler »…) et proposeront des titres tirés de leur dernier album comme « Ça va clasher », bien suivis par le public.



Pendant ce temps sur la grande scène, PROTOJE donne un concert exceptionnel de qualité. Il en aura fait du chemin, depuis ses premiers lives européens en Dj set, peu convaincants… C’est un tout autre Protoje qu’on accueille, avec ses excellents musiciens, The Indiggnation Band. Si le deuxième album de l’artiste, « The 8 years affair » a largement séduit, il faut voir les titres interprétés sur scène ! Des morceaux comme « I & I » sur lequel il entre, « Who dem a program » et son petit freestyle,  « This is NOT a Marijuana Song » sont merveilleusement bien défendus et résonnent déjà comme des classiques. Le concert comprend également quelques unes de ses interventions sur des séries comme « Take Control (The Message Riddim), et bien évidemment les hits de son premier album comme « JA » qui récolte un gros forward, « Dread »,  et « Rasta Love » à la suite duquel il reprend « Champion » de Buju. On a même le droit à une reprise de « California Love » de 2pac !
Le tout se conclut sur le hit « Kingston Be Wise ». 10/10.

21h30. Sur la Red Stage, une énorme banderole avec son nom et le titre de son nouvel album « The Rising Of The Son ». On ne pouvait pas s’y tromper : celui qui avait l’honneur de fermer l’édition 2013 du Summerjam était PATRICE. Il entre, guitare en bandoulière, sur « Alive », le premier extrait de l’album, et séduit instantanément. Son reggae aux influences jazzy envoûte le public tout au long du show. Il invite Protoje, avec qui il s’est déjà produit en Jamaïque, pour terminer son show sur un remix de « Kingston Be Wise ».

Le traditionnel feu d’artifice éclate et sublime un ciel qui aura été très clément avec les festivaliers – très beau temps sur les 3 jours de festival !
L’édition 2013 se referme, et mise à part une programmation mal pensée avec beaucoup de têtes d’affiches qui se produisaient en même temps, et un petit manque de vétérans roots,  elle était sans aucun doute un excellent cru.

Par Texte: Nounours; Photos: Mama* Pixs et Nounours
Commentaires (1)
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Par EvilJahJah le 08/08/2013 à 11:16
C'est un bon récap du SummerJam, gros festival best ever! Alborosie a envoyé du lourd, mais aussi Junior Kelly, c'était énorme, bonne ambiance tous les gens étaient cool, à refaire l'année prochaine! BIG UP SUMMERJAM

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