Symbiz 'OneFourFive'
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Symbiz 'OneFourFive'

Symbiz Sound est principalement composé de Buddy et Chris, deux frères germano-coréens qui proposent une musique aux accents dancehall et dubstep. Ils viennent de Berlin et il ressort de leur travail un mélange total et renversant de la culture underground de ces dernières années.
Leur premier album, « OneFourFive » (sorti chez Soulbeats Records) s'ouvre sur un gros titre qui annonce la couleur, « Soundboy Dead ». Après une première partie guitare-voix, les basses dubstep entrent en scène accompagnées de Zhi MC (chanteur allemand des Puppetmastaz). L'album se veut ainsi au croisement de différents courants mais trouve clairement ses fondations dans la bass culture. On enchaine avec une collaboration des marseillais La Méthode, à surveiller d'ailleurs, sur « Globetrotters », caractérisé par une instru hip hop aux basses saturées. Place ensuite à un vrai son dancehall porté par le flow énergique de la britannique Lady Chann, sur «  Ruff Ride  ». Entre quelques skits qui éclairent sur la variété des influences et des compos du crew, le tour du monde continue. Sur « Down Under » c'est le très exubérant MC sud africain Spoek Mathambo qui vient poser un excellent titre de grime. On retrouve ensuite Zhi MC (qui peut être considéré comme le troisième membre de Symbiz) sur « Taking Over », titre extrêmement puissant sur un riddim qui part dans tous les sens (de Noisia à J Dilla). On fait escale au Vénézuela pour « Controlando » avec Bituaya et McKlopedia, avant de retrouver la vétérante dancehall UK Mc Kinky sur un titre qui peut rappeler le style pop underground d'artistes comme M.I.A. On revient à plus d'influences dancehall et jamaïcaines avec les très bon « Top Class » porté par le chanteur Singin Gold, « Soldierlettes » avec la jeune chanteuse suédoise Etzia et « Miss Independent » avec le rappeur BRNGTN. L'album se termine par deux morceaux très différents mais très bons: l'instrumentale « Bushweed » nous ballade entre dub et dubstep alors que « All Alone », avec l'étonnant Teacha Dee,  se rapproche d'une fusion entre roots pop tout à fait agréable. « OneFourFive » est un album surprenant et rafraichissant, plein de belles choses, et  le style de Symbiz, difficile à définir, est souvent qualifié de future dancehall. Et bien on adhère à cette nouvelle bombe electro-dancehall !

Nous nous sommes d'ailleurs entretenus avec les deux frères de Symbiz afin de mieux définir avec eux leur musique et comprendre leur démarche.

Reggae.fr: Pouvez-vous présenter ce qu'est Symbiz Sound ?
Buddy: Je suis Buddy le petit frère de Chris. On est basé à Berlin en Allemagne et si je dois dire quelque chose à propos du projet Symbiz en général, c'est que nous faisions avant tous les deux de la musique mais séparément. J'étais bassiste dans des groupes de ska, reggae et jazz et Chris lui faisait pas mal de hip hop et de dancehall. Il y a trois ans, nous nous sommes réunis sur un projet. Symbiz est né de l'idée d'exploiter tout les sons que Chris créait et qui était jusque là restés sur son ordinateur, en utilisant mon expérience et ma culture de live.
Chris: Buddy lui venait du milieu du live show et moi j'étais plus le type de producteur à rester chez moi à créer mes sons et ça m'embêtait qu'il ne puisse y avoir de performances live associées à mes productions. Buddy a donc amené tout ce qui est lié au live et on a fusionné nos deux manières de travailler.



Comment définiriez-vous votre musique ?
Buddy: Je dirais que c'est de la bass music d'abord. Le reggae est au coeur de la bass music et le hip hop, dubstep, grime et plein d'autres musiques ne font que découler du reggae et de la bass music. On n'aime pas trop quand certaines personnes essayent de nous cantonner à un style, par exemple dubstep, car je pense justement que la musique devient intéressante quand tu ne peux plus vraiment la définir et la mettre dans une casé pré-déterminée. En plus on écoute énormément de musiques différentes donc on mélange dans la nôtre tout ce qu'on écoute.

Berlin est souvent considérée comme la capitale de l'underground en Europe et la bass culture y est bien sûr présente. Cette ville vous a-t elle influencés ?
Buddy: La musique techno est la musique la plus présente ici et la grande différente avec la bass music c'est que la techno est vraiment basée sur le rythme, quand la bass music elle met en avant plutôt une mélodie. Mais bien sûr tu trouves à Berlin des soirées deep dubstep, qui ne sont d'ailleurs pas facile d'accès au premier abord. Pour nous en particulier, quand on est venu à Berlin, tout le monde nous disait que notre son allait être noyé dans la masse car beaucoup d'artistes y font des sons originaux. En réalité ça a été le contraire, on a très vite trouvé des contacts et des moyens de jouer dans des clubs mythiques. Alors qu'il y a trois ans on en rêvait, on arrive à présent à jouer au SO36, qui l'un des clubs légendaires de Kreuzberg.
Chris: Oui et c'est la même chose pour le Yaam ici, où la release party de "OneFourFive" a eu lieu en mai. Le Yaam est un grand lieu du reggae à Berlin. Et de cette manière on s'est vraiment retrouvé partie intégrante de la scène berlinoise, en ce compris le reggae mais aussi la scène electro-dubstep. Cette ville m'a par ailleurs personnellement ouvert l'esprit sur d'autres musiques comme la techno que je détestais avant.

"OneFourFive" est le nom de votre premier album. Pourquoi ce titre ?
Buddy: Le titre a plusieurs signification mais la principale c'est que la majorité des tracks a été enregistrée à 145 BPM. Quand on a commencé à produire des sons, on le faisait plus pour nous même et sans penser aux Djs qui pourraient les jouer, du coup on s'est dit que ce serait plus facile pour mixer de tout faire au même BPM.
Chris: C'est aussi une manière un peu expérimentale de travailler et c'est intéressant de voir que tu peux travailler, à cette vitesse, autant du grime, que du one drop, du hip hop ou du ska.



Il y a beaucoup de featurings sur l'album et avant de revenir sur certains d'entre eux, pouvez-vous nous dire si les chanteurs, djs ou singjays avec qui vous collaborez ont eu une influence sur votre musique ou bien s'ils ont juste posé sur des musiques que vous avez proposées ?
Chris: La plupart du temps ils ont eu une grande influence bien sûr. Je pense que toutes ces collaborations sont au coeur même du projet Symbiz. Maintenant que nous tournons beaucoup et que nous rencontrons beaucoup de gens de cultures musicales et avec des backgrounds différents, on essaye d'adapter notre son à leur identité. Et même si on a parfois envoyé des sons et qu'on recevait des a cappella, on réadaptait ensuite le son à leurs voix.
Buddy: C'est ce qui s'est passé pour notre featuring avec La Méthode par exemple.
Chris: Et je précise que même si nous n'avons pas tout enregistré en studio avec les artistes et que parfois nous avons simplement utilisé internet pour collaborer, toutes nos collaborations sont basées sur un rapport humain et une entente. Au label ils voulaient nous payer de grosses pointures jamaïcaines pour poser sur nos sons mais on n'a pas voulu. On a préféré, au moins pour notre premier album, rester sur des collaborations organiques je dirais. Par exemple Spoek Mathambo on l'a rencontré bien avant qu'il devienne connu en Afrique du Sud.

Oui et La Méthode est un groupe de hip hop issu de Marseille. Comment s'est passée cette collaboration ?
Buddy: Un ami nous a montré une vidéo du groupe. Même si on ne comprenait pas ce qu'ils disaient on a adoré ce qu'ils faisaient. On a tout simplement envoyé du son au crew et il s'est trouvé qu'on s'est super bien entendu au niveau musical.

Vous collaborez aussi très régulièrement avec Zhi Mc de Puppetmastaz, qui est pratiquement le troisième membre de Sympiz n'est-ce pas ? et qui apparait notamment sur "SoundBoy Dead" qui ouvre l'album..
Buddy: Oui c'est vraiment comme un membre de notre famille. Si on ne joue parfois que tous les deux sans lui, c'est simplement que pour des questions de logistiques et d'organisation il n'a pas pu venir avec nous.
Chris: Cette chanson est une de nos préférées je pense. En plus elle a une histoire particulière que Buddy peut raconter.
Buddy: Oui la création de cette chanson a commencé dans un aéroport. alors que nous allions en Palestine, où nous étions invités à jouer trois shows. J'avais ces quelques accords sur ma guitare et on faisait souvent des jam sessions dessus durant ce voyage. En travaillant sur l'album, on a décidé de reprendre ces accords et de créer cette rupture hard core au milieu du morceau.

"Controlando" fait figurer, dans un tout autre style, Bituaya et Mc Klopedia…
Chris: Bituaya on les a rencontrés au Vénézuéla quant on a joué là-bas. On avait fait quelque trucs sur leur album et eux ont donc accepté de nous aider sur le notre.
Buddy: Pour Mc Klopedia c'est encore parti d'une histoire de rencontre. A Caracas il y a un centre culturel incroyable fabriqué à partir de plein de containers. Il y a notamment un studio dans ce centre et un jour on y enregistrait plusieurs chansons avec Bituaya. Mc Klopedia, qui est une star du hip hop là-bas et très fort en freestyle, a débarqué dans le studio de manière imprévue et a posé d'une traite son flow sur la chanson. C'était hallucinant.



Vous collaborez aussi avec le jamaïcain Teacha Dee sur "All Alone", mais avez-vous été en Jamaïque ?
Chris: On n'y a pas encore été mais je suis sûr que ça va arriver. Teacha Dee on l'a rencontré en tournée.
Buddy: On voyage partout où on est invité à jouer. On n'est pas trop du genre à aller dans un endroit pour chercher avec qui on va enregistrer quelque chose. On est invité quelque part, on fait des rencontres, on s'entend bien avec des gens, et cela découle sur des collaborations.

Parmi toutes ces histoires, ces voyages et toutes ces rencontres, avez-vous un souvenir plus marquant que d'autres ?
Buddy: Il y a tellement de souvenirs… mais c'est vrai que notre show au Zimbabwe était juste incroyable…
Chris: Et ce club où on a joué au Vénézuela c'était génial alors que tout le monde nous disait que c'était dans un coin hyper dangereux !

Que pensez-vous du travail de Major Lazer ? et acceptez-vous la comparaison?
Chris: Ils sont super bien sûr (rires). En fait le côté positif de leur travail c'est qu'ils ont ramené la musique dancehall dans la culture électronique populaire. D'un autre côté, il y a un côté très commercial dans ce qu'ils font... Non pas que je suis contre ce qui est commercial mais ce que je veux dire c'est qu'il manque quelque chose dans leur live shows.
Buddy: Oui c'est juste qu'il manque de la performance durant leur show. Leur show est très visuel, et le notre aussi quelque part, j'aime ça aussi, mais peut-être trop visuel. Il y manque la performance musicale. Nous aussi on est très dans la partie fun du show mais c'est important de voir de la performance aussi dans la musique digitale.

On vous a vus à Marseille en septembre (Marsatac) et vous serez présents aux Transmusicales de Rennes le 6 décembre. Est-ce que vous adaptez vos shows en fonction du public ?
Buddy: Oui mais pour la France, je dois dire que le public n'est pas si différent que le public allemand.  Par exemple, en Afrique ou en Amérique du Sud, les ambiances et les vibes sont différentes donc on s'adapte un peu plus...

Merci Symbiz !

Par Guiz et LN
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