Il y a quelques années j’avais fait un papier qui dénonçait les conditions de travail des artistes en particulier reggae la plupart du temps obligés de combiner les jobs alimentaires pour pratiquer leur art.
Près de sept ans après ce coup de gueule et alors que le MEDEF attaque un peu plus le statut des intermittents, Reggae.fr en remet une couche.
Un artiste est un homme comme un autre qui le soir monte sur scène et donne tout pour le public, mais le matin reçoit comme chacun les factures de téléphone et d’électricité à payer, et doit remplir le frigo pour nourrir sa famille.
La vie d’artiste est faite de plein de belles rencontres sur la route, de grandes joies, de moments de grâce mais c’est aussi faire des milliers de kilomètres toute l’année pour jouer aux quatre coins de la France, dans des bus parfois un peu bancals, souvent dans des conditions difficiles. On oublie parfois que certains sont végétariens dans les catering, que d’autres ne boivent pas d’alcool mais préfèrent fumer.
La vie d’artiste c’est passer la semaine à répéter ses gammes, s’entraîner, répéter inlassablement les mêmes morceaux pour que sur scène ils transportent les spectateurs. Ce n’est pas flemmarder au lit et fumer des joints toute la journée, mais bien être au studio à 11h jusqu’à très tard dans la nuit pour trouver le meilleur arrangement possible. Ce n’est pas travailler trente-cinq heures par semaine mais bosser bien plus pour des salaires d’ouvriers ou d’employés. Il n’y a pas de super stars dans le reggae en France, il y a des artisans et des passionnés qui dédient leur vie à une cause : la musique.
On a du mal à imaginer que les artistes sur scène vivent au jour le jour et galèrent à la fin de mois. C’est une réalité pour la très grande majorité d’entre eux, alors quand le MEDEF les montre du doigt pour limiter un peu plus encore leur statut, j’aimerais bien que les spectateurs prennent conscience du danger que cela représente.
La musique a muté, les gens achètent de moins en moins d’albums, en particulier dans le reggae, et ce n’est donc plus souvent que grâce aux lives et aux tournées que les artistes survivent. Attaquer leur statut en le rendant plus difficile à obtenir ou en le supprimant carrément c’est pour beaucoup les obliger à renoncer à faire ce métier (oui métier !) de manière professionnelle.
Il faudrait rappeler que dans le pays du reggae, la Jamaïque, beaucoup d’artistes ont dû arrêter leur carrière, faute de moyens, pour se consacrer à l’entretien de leur famille…. Est-ce que c’est cela qu’on veut en France ? Est-ce que c’est cela qu’on veut pour le Reggae en France ? La réalité de la musique c’est que la passion ne paie pas et que l’amour de la musique ne ramène pas les courses deux fois par semaine.
La réalité du reggae c’est que beaucoup d’artistes, chanteurs, bassistes, batteurs et guitaristes vendent des fringues, coulent du béton, répondent au téléphone ou distribuent le courrier pour survivre. La réalité c’est que le reggae n’a ni radio nationale ni émission de TV pour le soutenir et que les médias comme Reggae.fr qui se battent tous les jours pour apporter du bon son chez vous sont des militants associatifs, des activistes dans la très très grande majorité bénévoles qui donnent tout et sacrifient beaucoup pour soutenir leur musique.
La réalité c’est que, aujourd’hui encore, les artistes sont attaqués et qu’il faut les défendre si l’on veut pouvoir rêver encore un peu dans notre pays qu’un autre monde est possible, ou qu’à défaut nous y avons notre place.
Maximum Respect à tous mes bredjins artistes qui ne lâchent pas l’affaire, on vous soutiendra contre le Medef et contre tous ceux qui essaieront de vous couper les ailes !!
dossier Lifestyle 6
