Sean Paul 'Full Frequency'
chronique DanceHall 0

Sean Paul 'Full Frequency'

On peut dire qu'il est au dancehall ce qu’incarnent Eminem pour le rap, Amy Whinehouse pour la soul. La comparaison est méritée : Sean Paul, c’est un Grammy Award décerné à son album « Dutty Rock » en 2003, trois distinctions pour « The Trinity » par le célèbre Billboard en 2005 et 2006, une victoire au MOBO Awards la même année.
Révélé en 1996 avec le titre "Baby Girl", il fera vite l’unanimité un an plus tard avec "Infiltrate", devenu un classique. Ryan Henriques est un jeune deejay métisse qui a réussi à s'imposer rapidement sur cette scène musicale hostile, notamment à coups de succès mémorables tels que "Hot Gyal" en combinaison avec Mr Vegas. Son flow et sa voix uniques faisaient de lui un artiste prometteur, son professionnalisme, son charisme et son sex-appeal ont fait le reste.
Avec plus de 10 millions d’albums vendus dans le monde, Sean Paul est devenu le plus gros vendeur de disques jamaïcain depuis Bob Marley. Un succès international qu’il doit notamment à son deuxième opus « Dutty Rock » sorti en 2003 contenant les tubes "Gimme The Light", "Breathe" en feat. avec Blu Cantrell et surtout "Baby Boy" avec Beyoncé.
Elargissement du public oblige, l’orientation vers un style pop-électro s’est précisée à chaque nouvel album, malheureusement au détriment du dancehall. Et ce à tel point qu’en 2012, l’album « Tomahawk Technique » est une une déception. Un retour aux sources jamaïcaines était nécessaire et celui-ci s’opère avec « Full Frequency ». L'opus est introduit par "Riot", l'énorme combinaison avec Damian Marle. Une grosse production signée Hard Work, aux sonorités à la fois puristes et modernes. Dutty Paul n’a rien perdu de sa forme de l’époque « The Trinity » et il le démontre sur "Anyday" : hit alliant soleil, danse et séduction. Il en est de même avec "Want Dem All", sur lequel on le retrouve aux côtés d’un Konshens survolté, single qui fait déjà wine, shake et jump up la Caraïbe comme l’Europe à l’approche de l’été.
Sean Paul est devenu un artiste émettant sur une fréquence très large, avec un univers musical et donc un public bien plus vaste qu’au temps du fameux « Dutty Rock ». Les sonorités pop-électro étaient inévitables pour un artiste de ce rayonnement, mais elles se retrouvent mêlées de force au rythme dancehall. Le résultat de ce mélange réussi s'illustre bien sur les pistes "It’s Your Life" et "Take It Low", combinant des mélodies électroniques à de puissantes basses dancehall.
Après une pause "Entertainment 2.0" en compagnie de Nicky Minaj, 2 Chainz et Juicy J, vient la collaboration la plus intéressante sur "Wickedest Style". Sean Paul et la rappeuse australienne Iggy Azalea signent une performance bien singulière en s’accordant sur un morceau hip hop versatile et charismatique.
En somme, « Full Frequency » est un album équilibré parce que dans l'air du temps, l’artiste ayant su se dévlopper sans renier les origines musicales qui ont fait son identité et sa popularité. Le fruit d’un métissage entre la musique jamaïcaine et les styles plus généralistes, entre l’expérience d’un artiste accompli et la science du son.

Par Jason Moreau
Commentaires (2)
Gravatar
Par Mcness le 10/04/2014 à 15:57
^^ Un peu fort de dire que Sean Paul est au Dancehall ce qu' Eminem est au Rap...Content néanmois que sean paul lache un peu (vraiment un peu) la pop pour retrouver un flow danceall
Gravatar
Par LN le 11/04/2014 à 19:32
Yes Mcness - merci pour ton commentaire que je comprends à 100%. Jason a fait cette comparaison en termes de prix gagnés et nombre de ventes d'album... et c'est vrai qu'en ces termes la comparaison est valide

Les dernières actus DanceHall