Dub Camp Festival 2017
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Dub Camp Festival 2017

Du 13 au 16 juillet, Joué sur Erdre, petit village de Loire-Atlantique, devenait la capitale européenne du dub le temps d’un week-end en accueillant le Dub Camp. Pour les dub addicts c’est un peu comme si Noël tombait en juillet ! Ils sont venus des quatre coins de l’Hexagone et même de beaucoup plus loin pour certains (mention spéciale au couple de Japonais qui nous a confié avoir fait 24h de trajet depuis Tokyo pour étancher leur soif de skank). Reggae.fr ne pouvait pas rater ce rendez-vous, retour sur ce festival vraiment pas comme les autres. 

Jour 1
On passe sous l’imposant portail fait de palettes signalant l’entrée du festival. Le site est immense. Ici pas de scène mais trois chapiteaux (plus un quatrième au camping, le Rootsman Corner qui sera sonorisé par Zion Gate Hi Fi tout le week-end). Après un petit tour durant lequel on apprécie la déco mise en place un peu partout, on prend la température sous chaque chapiteau. La Sound Meeting Arena accueillera trois sound systems par soir ; ce soir Channel One, Kiraden et Entebbe ont posé deux stacks chacun formant une ronde autour du chapiteau. Au moment où l’on y passe, ce sont les Anglais de Channel One qui sont aux platines et les skankers s’en donnent déjà à cœur joie. Les Dijonnais du Kiraden Sound system enchaînent, jouant un dub profond et spirituel, on serait bien resté devant leur sono un peu plus longtemps, mais le set de King Jammy a déjà commencé sous la Dub Club Arena. 

Kiraden  



Channel One  

On s’y dirige et on retrouve donc le légendaire King Jammy au micro avec un immense sourire aux lèvres. Il ambiance la foule comme lui seul sait le faire, jouant principalement des classiques de Garnett Silk, Bunny Wailer et bien d’autres. Il nous montre toutefois qu’il sait se tenir à la page en jouant des morceaux plus récents, on entend par exemple la voix de Chronixx résonner aux côtés de celle de Johnny Osbourne pour un dubplate bien senti sur la sono du Legal Shot qui sonorise le chapiteau pour la soirée. Echo Minott, qui traîne dans le coin, nous gratifiera de quelques lyrics aux côtés du producteur de légende qui confesse que Minott est tout simplement le premier artiste qu'il ait produit !

King Jammy & Echo Minott  

Plus tard on retrouver Dubkasm sous l’Outernational Arena où l’ambiance est beaucoup plus steppa. L'Anglais est déchaîné, jouant notamment un énorme remix du Jahovah de Danny Red. Ce soir ce sont les Stand High Patrol qui ont posé leur sound system sous ce chapiteau, et il va trembler quand Dubkasm y fera résonner son hit Victory. La température va encore  monter d’un cran avec un last tune de folie : une collaboration inédite entre OBF et Dubkasm, un dub sombre aux basses gargantuesques. On reste sous l’Outernational Arena pour profiter du début de set de Marina P venue remplacer au pied levé le NS Kroo qui a dû annuler sa venue. La chanteuse livre comme à son habitude une prestation fraîche entre reggae, dub et ska. 

C’est ensuite au tour des Stand High de se mettre aux platines, les dubplates s’enchaînent et Pupajim pose son flow inimitable sur les instrus. Le public reprend ses paroles sur des titres comme No Matter How Long it Takes ou Ruckus sur lesquelles Merry nous régale en posant ses accords de trompette. Les Stand High nous ont habitués à mélanger les styles et ils le font à merveille en nous proposant des morceaux hip-hop comme The Shift (extrait de leur dernier album), ou encore avec un remix survitaminé du hit d'Ini Kamoze Here Comes the Hotstepper, savant mélange entre hip-hop et ragamuffin ; il joueront même une version de The Big Tree flirtant avec le rock underground presque punk ! Les Dub a Dub Muskateers n’oublient pas leurs classiques et font même résonner leur Brest Bay pour le plus grand plaisir des skankers qui reprennent en chœur les lyrics de cet hymne. La session se terminera dans une ambiance survoltée avec un autre de leurs big tunes : Speaker Box

En jetant un œil au line up, on se rend compte que Max Romo, Sister Carol et King Kong sont tous déjà passés sous la Dub Club Arena... Plus tard on nous racontera que le show de Sister Carol était fou ; mais le Dub Camp c’est aussi ça, une programmation tellement riche qu’on ne peut pas tout voir… On se retrouve d’ailleurs face à un choix de taille : sous quel chapiteau allons nous finir la soirée ?! 

Max Romeo  





Sister Carol  

L’Outernational Arena nous propose un dub fi dub entre les Stand High Patrol, Dubkasm et Roots Atao, côté Dub Club c’est Legal Shot qui régale, mais c’est vers le Sound Meeting Arena qu’on va se diriger. Là-bas, Channel One, Kiraden et Entebbe vont nous offrir un dub fi dub dans la plus pure tradition de la culture sound system : chacun joue du vinyle sur sa propre sono entraînant les skankers dans une danse spirituelle où ils passent d’un sound system à l’autre au fur et à mesure que les morceaux s’enchaînent. Les lumières s’allument, c’est évidemment aux vétérans de Channel One que revient l’honneur de jouer le last tune, et c’est avec Reparation de Keety Roots, un dub profond et entêtant (sûrement le tune le plus joué du week-end) qu’ils vont mettre une dernière fois le feu sous la Sound Meeting Arena. 

On rentre au camping des basses plein la tête, cette première soirée a vraiment été une réussite et annonce un week-end de folie ! 

Jour 2
Après avoir passé l’après midi à profiter du soleil et de la sono des Zion Gate Hi Fi au camping, on entre dans le festival et on est attiré comme la veille par la Sound Meeting Arena. Sous le chapiteau, Jahmbassador Hi Fi, Jah Youth Sound System et Shalamanda Hi Fi ont posé leurs enceintes. Les Autrichiens de Shalamanda sont aux machines et l’ambiance, toujours aussi méditative, monte doucement. 



Zion Gate Hi Fi  


Après ça on se dirige vers l’Outernational Arena sonorisée ce soir par le Nofa Sound System où le set des Welders, accompagnés par Sama Renuka, vient de commencer. On avait tellement aimé leur album Keep Moving On qu’on ne voulait pas rater ça et on ne va pas être déçu. Les riddims sont lourds et la voix de Sama Renuka est toujours aussi mélodieuse. On aurait aimé rester sous ce même chapiteau pour profiter de la session des Steppadict mais comme on le disait hier, au Dub Camp il faut faire des choix. Sous la Dub Club Arena,  la session de Sista Habesha & Sistah Awa bat déjà son plein. Habesha skanke comme une folle en jouant des effets et des sirènes faisant danser ses interminables dreads derrière la control tower qui est aussi haute qu’elle pendant qu'Awa nous enchante en posant son flow plein d’énergie sur les riddims. Une prestation intense et purement dub grâce à laquelle le duo nous a rappelé qu’il est encore trop rare de croiser des femmes derrière les platines. 

Sama Renuka  

On retourne sous la Dub Club Arena alors que le public commence à s’y masser, Rico se met aux platines, c’est parti pour le show OBF ! Ça commence doucement avec leur dubplate Come inna di Dance, on entend ensuite leur remix du No Matter How Long it Takes des Stand High, ou encore l’inévitable Mandela. Les tunes défilent et Shanti D et Charlie P sont là pour retourner les instrus. La foule, déjà remontée à bloc, devient hystérique quand Rico fait entendre la voix de  Joseph Lalibela sur le sublime Babylon a Fall à paraître bientôt. Sous le chapiteau qui déborde maintenant de skankers la chaleur est intenable et ça ne va pas s’arranger quand Rico va dégainer son Acouphène, un dubplate de malade que les habitués des sessions OBF connaissent bien. Shanti D et Charlie P reprennent une dernière fois le micro sur la face B d’une collaboration entre OBF et Iration Steppas avant que la session ne se conclue sur un dernier morceau toujours aussi dément inna OBF style. 

OBF  

On passe un petit moment sous L’Outernational Arena où le Nofa Sound System joue plutôt roots, sur son stack habillé de projections lumineuses. Notre soirée se finit sous la Sound Meeting Arena où les tunes s ‘enchaînent dans un dub fi dub endiablé clôturé par le Jah Youth Sound System. 

Jour 3 :
Comme beaucoup de Dub Campers, on s’est dirigé direct vers la Dub Club Arena, trop curieux de découvrir le nouveau sound system de King Shiloh : le fameux Sir Round Sound. On se retrouve face à une sono à l’allure inédite, ses caissons posés au centre du chapiteau forment un cercle parfait diffusant le son à 360° avec une qualité irréprochable. King Shiloh est aux machines accompagné de Lyrical Benjie et de Black Omolo au micro, dans une session qui va du roots au steppa, on entend des morceaux comme The Lord is InI Shepherd de Sista Habesha et Prince David ou encore le Reparation de Keety Roots (définitivement le tune le plus entendu du week-end !). 



King Shiloh / Sir Round Sound  

On décide d’aller prendre la température sous la Sound Meeting Arena et ce soir encore, la ronde formée par les sound systems autour du chapiteau est impressionnante : il y a les stacks du Chalice Sound System fait d’un bois sombre et massif, ceux de Salomon Heritage sont noirs avec une touche de rouge de jaune et de vert et paré d’étoiles blanches, et puis il y a la sono des Allemands de Dandelion aux formes atypiques : de chaque côté trône une étoile d’or sur un fond vert, au centre le bois a conservé sa couleur naturelle et a été travaillé et creusé avec précision pour former un quadrillage aux formes végétales qui semble être sorti d’un univers fantastique. Salomon Heritage est aux platines, la sélection est profonde et méditative. 

Salomon Heritage Sound System 



Dandelion Sound System 

En prenant la route de l’Outernational Arena, on tombe sur l’Ensemble National de Reggae, une fanfare reggae ambulanet qui animera le site du festival tout le week-end. Les musiciens et leur chanteur à l’énergie si communicative reprennent tous les plus grands classiques de notre musique préférée. Le chanteur de la formation tend le micro à Prince Jamo et Ras McBean qui étaient présents dans le public et qui improvisent un couplet chacun avant que Don Fe qui les accompagnait ne se mêle aux musiciens de l’ENR pour nous offrir un solo de flûte traversière. C’est aussi ça le Dub Camp : des artistes disponibles et des rencontres imprévues.

Ensemble National du Reggae  

Sous l’Outernational Arena, le set de Weeding Dub est déjà presque fini quand on arrive et les premières notes de Gipsy Dub résonnent sur la sono des Dawa Hi Fi. Ras Divarius grimpe sur une table, son violon sur l’épaule, pour ajouter une touche de live à ce morceau déjà si parfait. Kanka enchaîne direct sans laisser retomber la pression dans son style stepper si personnel. 

Retour sous la Sound Meeting Arena où flottent des odeurs d’encens dans une ambiance toujours aussi spirituelle. Dandelion finit sa sélection sur sa sono venue d’ailleurs et ce sont les Lillois de Chalice qui prennent la suite en démarrant plutôt roots. On a la bougeotte ce soir ! En retournant sous l’Outernational Arena on se retrouve au milieu d’une session de warrior des Dawa Hi Fi venus accompagnés de l’inévitable Art-X et de son mélodica. 

On décide de finir cette soirée sous la Dub Club Arena pour profiter encore un peu de ce Sir Round Sound. L’ambiance est dingue, Bredda Neil est aux machines du King Shiloh Sound System et il skanke autant que le public. Lyrical Benjie et Black Omolo sont au micro pour ambiancer tout le monde. Cette session complètement folle va se finir sur une note encore plus furieuse avec un dubplate nommé Magic Mamaliga Remix qui va mettre le feu sous le chapiteau. 

Jour 4 :

Ce dernier jour du Dub Camp commence dés 12h30 avec une session acoustique sous chaque chapiteau, on a donc le choix entre Daba Makourejah, l’ENR, et Jim Murple Memorial. On avait tellement aimé l’album de ces derniers que c’est vers eux qu’on s’est tourné. La voix de la jeune chanteuse est toujours aussi douce et le talent des musiciens ne semble pas souffrir de la chaleur accablante à cet horaire inhabituel. Le groupe nous livre un show hyper frais et plein d’énergie entre reggae, ska et rhythm & blues jamaïcain qui enchantera le public présent. 

Jim Murple Memorial  



Daba Makourejah  

Pour le reste de cette dernière journée on vous prévient, on ne va pas pouvoir vous parler beaucoup des deux autres chapiteaux. On est resté bloqué sous la Sound Meeting Arena. Pourtant il n’y avait qu’un seul artiste programmé sous ce chapiteau aujourd’hui mais comme à chaque fois qu’on a croisé sa route il nous a attiré comme un aimant et on est resté une bonne partie de la soirée devant lui. 

On parle bien sûr du pionnier des sound systems en Angleterre, le légendaire Jah Shaka qui va jouer sur la sono de Salomon Heritage de 14h à 20h. Drapeaux à l’effigie d’Haïlé Sélassié accrochés face à lui, valises débordantes de vinyles emballés dans des sacs plastiques posées sur une table, tout est prêt. Comme souvent avec Shaka, on démarre avec une bonne dose de Bob Marley : Redemption Song suivie de son instrumentale au saxophone, One Love dans sa version ska, Rastaman Chant, Exodus, Mr Music... C’est ensuite la voix de Sizzla qui se fait entendre avec son Praise Ye Jah et Shaka prend enfin le micro pour saluer et remercier le public se tournant vers les portraits d’Haïlé Selassié avant de laisser tourner la face B sur laquelle il improvise un couplet: « Jah Jah Jah Rastafari ! » le ton est donné. L’ambiance ne va pas redescendre avec le morceau suivant, Jahovah de Danny Red. Les big tunes s’enchaînent quand on décide d’aller prendre la température sous la Dub Club Arena où l’on est accueilli avec la fin du set très ska de Gladdy Wax. 

Jah Shaka  


Gladdy Wax  

La session suivante va laisser place à une succession de légendes jamaïcaines : Johnny Osbourne, Horace Andy, Winston Francis, Joseph Cotton… C’est Soul Stereo qui va les backer après un warm up spécial Studio One dans lequel on entendra du Burning Spear ou encore le Declaration of Rights des Abyssinians. Alpheus rejoint ensuite le selecta en premier, il est suivi par Winston Francis et les deux chanteurs nous ramènent à l’âge d’or du ska et du rocksteady. Le public a l’air d’aimer ça. 

Horace Andy & Joseph Cotton  

Winston Francis  

Joseph Cotton  

Johnny Osbourne  

Retour au Sound Meeting Arena au moment où résonne le Watch Dem de Moa Anbessa. Shaka nous prouve qu’il apprécie particulièrement le crew italien en jouant bon nombre de leurs productions (Jah Jah Thank You, Everliving, Jah a di Best...). On entend avec plaisir la collaboration 100% française entre Kandee Dub et Jahzz (Tail the Youth) sortie il y a peu, ou encore le Signs de Ramon Judah. Les galettes s’enchaînent et on passe du roots au steppa et du steppa au roots. Jah Shaka prend le micro pour marteler des messages positifs et des louanges à Jah sur les faces B, entraînant tout le chapiteau avec lui dans ses danses spirituelles. 

On ne s’en était même pas rendu compte mais il est déjà 20h30 et le set aurait dû se finir il y a déjà 30 minutes alors que Shaka balance Kingdom Rise Kingdom Fall des Wailing Souls. On décide d’aller se dégourdir les jambes vers l’Outernational Arena où le Mystikal Sound System est en train de jouer Light up the World de Sama Renuka sur sa sono.

On ne reste pas trop longtemps se demandant à quelle heure The Mighty Jah Shaka va lâcher les platines, et il n’a pas l’air décidé à s'arrêter ! Il continue d’enchaîner les big tunes, entrant dans une transe mystique et contagieuse qui fait oublier à tous les skankers l’heure qui défile. Le festival déborde déjà de 10 minutes sur l’horaire prévu quand un bénévole vient timidement faire signe à Shaka qu’il va falloir finir alors que ce dernier était en train de danser comme tout le public sur des airs de saxophone. Il va ensuite nous laisser un dernier message d’amour, remerciant longuement les skankers en donnant l’impression de tous les saluer un par un.  Il envoie encore une galette, partageant une dernière danse de warrior avec son public. Il est 22h20 quand Shaka éteint les machines, il vient d’enchaîner plus de 8h de sélection en skankant comme un jeune homme jusqu’à la dernière minute malgré son âge (que personne ne connaît vraiment). Y a pas à dire, le reggae ça conserve !

Dernière bonne surprise, l’ENR attend les festivaliers à la sortie pour les ramener en musique jusqu’au camping où Zion Gate éteindra les enceintes à 1h00.

C’est déjà fini et on a même pas eu le temps de vous dire à quel point on a apprécié la qualité des conférences et de leurs intervenants,  les produits locaux proposés aux stands restauration, le soin apporté à la déco et la diversité des activités proposées au camping … En tout cas on voulait vous faire comprendre que le Dub Camp n’est vraiment pas un festival comme les autres. On vous a raconté notre Dub Camp, mais la force de ce festival c’est que chacun peut le vivre à sa manière et selon ses envies. On en repart la tête pleine d’étoiles et de grosses basses et on a déjà hâte d’être à l’année prochaine.  Longue vie au Dub Camp ! 

Par Adrien ; Photos : Sabah Lutanie Moussarif & Ju-Lion
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