Le Reggae Sun Ska retourne dans le Médoc
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Le Reggae Sun Ska retourne dans le Médoc

Le Reggae Sun Ska aura bien lieu ! Les communes de Pessac, Talence et Gradignan ne veulent pas soutenir la présence du festival – manifestement pour des raisons purement politiques – sur le campus universitaire de Bordeaux. Qu’à cela ne tienne, le festival en a vu d’autres depuis 20 ans … Il aura bien lieu les 3, 4 et 5 août prochain sur le Domaine de Nodris à Vertheuil. Cette 21ème édition signe donc le retour du festival dans le Médoc, sa terre natale, où Music Action et l’association Reggae Sun Ska travaillent depuis de longs mois en parallèle, à la création d’un pôle culturel. Entretien avec Fred Lachaize, le directeur du festival.

On a été surpris par cette annonce des mairies de Pessac, Talence et Gradignan de refuser l’accueil du Reggae Sun Ska sur le Campus Universitaire de Bordeaux. Peux-tu nous récapituler l'accord qui existait ?
Quand on est arrivés sur le campus, on a signé une convention dans un premier temps pour trois années d'exploitation du site. Cette convention a été signée avec les deux Université de Bordeaux et la Métropole car il y a actuellement un plan campus en cours qui œuvre à la réhabilitation du domaine universitaire de Bordeaux. On nous a d'abord accordé trois ans car la Métropole n'avait pas de visibilité à long terme sur l'avancée de ce projet et sur les travaux à mener sur le campus. Au terme des trois ans, on a signé une nouvelle convention de trois années supplémentaires avec les deux Universités de Bordeaux mais pas avec la Métropole (qui nous soutenait quand même en termes de mise à disposition de moyens de transports etc). On n'a jamais rien signé avec aucune mairie puisque les villes ne soutiennent pas l’évènement financièrement. Cette année, les directions des Universités ont avancé avec nous comme les années précédentes pour lancer l'édition 2018, mais on a dû faire face à ce blocage de la part des mairies qui ne souhaitent plus voir le festival se dérouler sur leurs territoires.

Les raisons invoquées par ces mairies, à savoir des plaintes et des dépassements d'horaires, sont-elles fondées ?
Pour ce qui est des dépassements d'horaires, c'est faux. Les horaires ont été fixées en accord avec les services de la préfecture. Il semblerait que les mairies aient reçu des plaintes, mais  de notre côté, nous n'avons jamais été informés de leur caractère. Personne ne s'est plaint auprès de nous directement. Ça nous est déjà arrivé de devoir faire face à des plaintes déposées en gendarmerie, mais ça n'a pas été le cas pour l'édition 2017. A chaque fois, on a identifié les problèmes qui engendraient les plaintes et on a toujours tout fait pour les résoudre. Monter des réunions dans les quartiers, aller voir les habitants, ce sont des choses qui ont toujours été faîtes. Fin septembre, le maire de Pessac nous a fait part des plaintes en nous informant qu'il ne souhaitait plus accueillir le festival, mais il ne nous a jamais donné accès à ces plaintes pour que nous puissions remédier aux problèmes soulevés. On a l'impression que cette interdiction est uniquement politique. Nos demandes de rendez-vous n'ont jamais abouties. On avait réussi à obtenir une réunion avec la directrice de la culture de la mairie de Bordeaux, mais elle a annulé la veille. On a bien compris qu'ils ne voulaient plus de nous.

Vous avez donc annoncé que le festival retournerait dans le Médoc sur un nouveau site. Comment cela s'est-il organisé ?
Ça fait déjà trois bonnes années que l'on travaille sur la mise en place d'un pôle culturel dans le Médoc en partenariat avec une Communauté de communes et tout un ensemble d'acteurs. Voyant la tournure que prenait l'aventure universitaire, on a trouvé une solution intermédiaire pour pouvoir maintenir l'édition 2018. On va donc louer un site, le Domaine de Nodris à Vertheuil, à quelques kilomètres de Pauillac. Malheureusement, on est obligés dans ce contexte de recalibrer l'évènement car ce site ne nous permet d'accueillir que dix à douze mille personnes par jour contre vingt-cinq mille sur le Campus. On est en train de travailler à fond avec les partenaires locaux pour essayer de faire monter cette jauge à quinze voir dix-sept mille, mais on ne pourra pas faire mieux. On sera fixé sur ces questions au mois de mars je pense.

Est-ce que cela pose problème au niveau de votre schéma économique ?
Bien sûr. Les politiques nous ont laissés dans l'incertitude pendant des mois. Finalement, on est obligés d'agir dans la précipitation et on se retrouve à appeler des gens pour leur annoncer qu'on ne pourra pas travailler avec eux pour des questions de budget. On va devoir se passer de certains prestataires techniques, mais on doit aussi revoir notre programmation. On avait validé certains artistes avec des tourneurs mais on est obligés de faire machine arrière. Ça nous met en porte-à-faux parce que ce sont des choses qui ne se font pas dans nos métiers.

Quels sont les artistes confirmés pour le moment ?
Il y a notamment Jimmy Cliff, SOJA, Groundation qui signe son grand retour (!), les Toure Kunda font aussi leur retour pour leur quarante ans de carrière. Il y a aussi Naâman et Samory I qui sont très attendus au Sun Ska. Havana Meets Kingston dont on est curieux de voir ce que ça va donner sur scène. Et puis aussi Demi Portion, Hollie Cook, Adrian Sherwood, Congo Natty, Channel One et Legal Shot. Voilà pour commencer.

Le festival avait été vivement critiqué pour avoir quitté le Médoc. On imagine que certains sont donc ravis de ce dénouement ?

Oui c'est sûr. On est aussi contents de voir qu'il y a des élus dans le Médoc qui sont très enthousiastes et qui se battent pour que ce dossier avance le mieux possible et que tout se passe bien. Le souci c'est qu'il n'y aura sans doute pas de place pour tout le monde vu que notre jauge sera largement réduite. Mais on reste positifs et on garde l'esprit qui fait vivre notre festival depuis plus de vingt ans.

Par Propos recueillis par LN
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