La Jamaïque derrière les clichés
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La Jamaïque derrière les clichés

Troisième île des Caraïbes en superficie, la Jamaïque est à peine plus grande que la Corse. Faisant partie des Antilles, elle est située au sud de Cuba et à l'ouest de l'île Hispaniola, territoire d'Haïti et de la République dominicaine. Son climat est tropical, sa végétation luxuriante. Montagnes, chutes d’eau, barrières de corail et plages de sable blanc font rêver. Mais c’est aussi un pays qui évoque des notions porteuses d’une symbolique forte : reggae, rastas, Bob Marley, solidarité, respect, cool... un vrai petit paradis. Si cette vision idyllique peut paraître vraie pour un touriste « aveugle », en quête de repos et de dépaysement, la réalité est loin d’être aussi paisible pour les habitants de l’île, étant donné les problèmes sociaux et économiques. L’arrivée au pouvoir de Portia Simpson Miller, première femme élue au poste de premier ministre, marque peut-être le début d’une nouvelle période pour ce pays de 2,7 millions d’habitants. Portia Simpson Miller (PNP) nouvelle premier ministre de la Jamaïque : Portia Simpson Miller a été investie jeudi 30 mars 2006 premier ministre de Jamaïque. Elle devient ainsi la première femme à diriger le gouvernement de cette île des Caraïbes, succédant à Percival James Patterson, au pouvoir depuis 1997. Âgée de 60 ans et issue des milieux populaires de la Jamaïque rurale, la présidente du Parti National du Peuple (PNP) est depuis longtemps la représentante des plus pauvres, dans un pays où les inégalités économiques et sociales sont nombreuses. Elle est le septième premier ministre de la Jamaïque depuis son indépendance en 1962. Entre Ellen Johnson Sirleaf au Libéria, Michele Bachelet au Chili, la course féminine aux révolutions tranquilles est lancée…Portia Simpson Miller a prêté serment au cours d'une cérémonie à Kings House, le siège du gouvernement à Kingston, rompant avec la tradition en faisant précéder sa prestation de serment d'une prière. Très croyante, la nouvelle Prime Minister a évoqué une intervention divine dans son élection . Au sein d’un gouvernement de quatorze personnes , la nouvelle Prime Minister s'est déclarée déterminée à faire progresser les libertés individuelles : « Ma première promesse au peuple jamaïcain, a-t-elle dit, est de faire progresser les droits de l’Homme et les libertés individuelles. Chaque vie individuelle est sacrée. Aucune n’est plus importante que les autres, quelle que soit l’origine, la couleur de la peau ou le sexe. Nous sommes tous égaux devant Dieu » . Son action volontariste a pour objectif de maîtriser la montée de la criminalité en Jamaïque et de lutter contre la corruption : « Je m’engage à travailler infatigablement pour en finir avec toute la corruption et l’extorsion. Les deux diminuent notre potentiel économique et je ferai tout mon possible pour en finir avec le pouvoir des délinquants », a ajouté la dirigeante . "Nous partageons tous la responsabilité d'aider les pauvres et les opprimés", a-t-elle conclut . Engagée dans la vie politique jamaïquaine depuis les années 70, Portia Simpson Miller a su se faire connaître des électeurs. D’origine modeste, elle a gravit tous les échelons au sein de son parti dont elle est vice-présidente depuis 1978. Elle a été ministre du Travail de 1993 à 1995, puis ministre du Travail de la Sécurité sociale et des Sports de 1995 à 2000. Enfin, de 2000 à 2002, elle fut ministre du Tourisme et des Sports. A l’annonce de sa candidature, ses adversaires, furieux de voir une femme prétendre à un destin national, ne se sont pas gênés pour déverser leur haine contre elle. Au sein de son propre parti, une fronde a même été menée pour l’encourager à ne pas se présenter. Le Parti National du Peuple (PNP) était dirigé par l’actuel premier ministre, Percival James Patterson, et son protégé, Peter Philips était promis à lui succéder. Contre vents et marées, celle que l’on surnomme affectueusement « Sister P » a triomphé de ses opposants. Les adhérents du PNP ont choisi de lui faire confiance en la portant, le 25 février dernier, à la tête du parti au pouvoir dans l'île, le parti populaire national (PNP). Sa campagne, exempte de toute rancœur ou amertume contre les remarques sexistes de ses adversaires, a séduit. Dans un pays chaotique qui ne rêve que de paix sociale, elle a su opposer son humanité à la verve souvent mal placée de ses opposants. Cette force de caractère n’est pas passée inaperçue et lui a valu un fort capital de sympathie. Défendant depuis toujours les plus défavorisés, la majorité des Jamaïquains ont vu en elle l’espoir d’une alternative au sein d’un PNP tombé dans l’allégeance aux élites et à la bourgeoisie du pays. Portia Simpson Miller a l’occasion de marquer la vie politique jamaïquaine en prouvant qu’elle a l’étoffe d’une vraie réformatrice. L’enjeu est de taille dans une nation encore jeune prise au piège d’une terrible criminalité et d’une économie chancelante. Sans compter le danger que représentent les membres de la hiérarchie du PNP qui se sont opposés à sa candidature. La récente présidente du PNP et nouvelle chef du gouvernement aura fort à faire avec ces récalcitrants. Si elle a inscrit son nom dans les annales de l’histoire caribéenne en étant la première femme à la tête de la Jamaïque, pour elle, le plus dur reste à faire. Mme Miller doit convaincre rapidement si elle veut se présenter en position de force aux élections législatives, prévues pour octobre 2007. Une économie jamaïcaine en plein redressement Beaucoup d’observateurs ont une vision optimiste de la situation économique de la Jamaïque, essentiellement grâce aux très bons chiffres du secteur touristique. Portée par quelques secteurs dynamiques, l’année 2005 symbolise son redressement. Cependant, la situation est moins satisfaisante qu’elle n’y paraît. En effet, l’économie de l’île peine à retrouver une croissance économique stable et durable à cause de multiples facteurs, comme le poids de sa dette ou la violence qui mine ses quartiers. Petit à petit, l’économie jamaïquaine se redresse… La Jamaïque a l'une des économies les plus importantes et les plus diversifiées des Antilles du Commonwealth. Ses principaux secteurs économiques sont ceux de la bauxite (3ème producteur mondial) et de l'alumine, du tourisme, de l'agriculture et de l'industrie légère destinée à l'exportation. Le secteur de la bauxite et de l'alumine est le deuxième en importance pour la rentrée de devises étrangères. 2005 a été une année record dans le secteur du tourisme. La Jamaïque a vu un afflux d’investissements étrangers sur son territoire. Les investisseurs, venant principalement des Etats-Unis, de Chine et d’Espagne, ont développé de nombreux projets touristiques sur l’île. Ce secteur en plein dynamisme représente sa principale ressource en devises. Malgré les cyclones Ivan, puis Emily en Juillet 2005, le tourisme a progressé de 5% en 2005. On constate que de plus en plus de touristes chinois viennent passer leurs vacances en Jamaïque, attirés par le climat de l’île. En matière d’investissements, la Jamaïque peut donner des leçons aux autres pays de la zone caraïbe. L’île, située à un point stratégique entre Amérique du Nord, Amérique Latine et Europe, est classée par le « World Investment Report » au 17ème rang des pays recevant des investissements directs à l’étranger et au 12ème rang en terme de transfert de technologie. Dans le cadre d’une politique de développement national, le déploiement d’infrastructures en matière de transport (projet Autoroute 2000 en cours) et de communications devrait de nouveau attirer l’investissement touristique en 2005-2006. Grâce aux nouveaux projets, les responsables du secteur espèrent que ses recettes doubleront au cours des prochaines années pour atteindre 2,4 milliards d’euros en 2010. La Jamaïque est le pays des Antilles qui fait depuis le plus longtemps partie du GATT/OMC. Favorable à l'intégration économique régionale, elle a participé activement au processus visant la création de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Richard Bernal, ambassadeur de la Jamaïque aux États-Unis, a présidé le Groupe consultatif sur les économies de petite taille de la ZLEA. Les questions internationales qui préoccupent la Jamaïque sont la vulnérabilité des petits États insulaires en développement et les effets de la mondialisation sur le développement. Sur le plan stratégique, la Jamaïque a renforcé sa coopération avec le Venezuela et la Chine. Outre la fourniture de pétrole à des conditions privilégiées, Caracas s’est engagé à investir 165 millions d’euros pour accroître la capacité de la raffinerie de Kingston. La Chine, où le premier ministre s’est rendu en juin, s’intéresse à la production d’alumine et à la remise en état du réseau ferré. Néanmoins, en dépit d’atouts non négligeables l’économie jamaïquaine doit relever des défis majeurs. Les dévastations du cyclone Ivan, à l’automne 2004, et les prix élevés du pétrole n’ont pas remis en cause le programme de redressement fiscal visant à réduire le poids de la dette publique. Celle-ci s’élève à 138% du PIB, absorbant environ les 2/3 des recettes publiques... Le précédent gouvernement n’avait d’autre choix que d’entreprendre un effort budgétaire rigoureux. Mais l’économie n’a progressé que de 0,7 % en 2005, et l’inflation est restée élevée (12,5 %). Le taux de chômage s’élève à 11,5 % . Pénalisée par la baisse annoncée des prix garantis européens, la production sucrière a poursuivi son déclin. Après avoir frôlé le défaut de paiement en 2003, le gouvernement social-démocrate de Percival James Patterson a augmenté la taxe sur la consommation et négocié un accord avec les syndicats pour limiter les hausses de salaires dans la fonction publique. L’objectif est de ramener la dette publique à 100 % du PIB en 2008. Le gouvernement a cependant dû renationaliser la compagnie aérienne Air Jamaica, qui a accumulé une dette de près de 500 millions d’euros. Un plan de licenciements et d’économies a été mis en œuvre pour tenter de redresser la compagnie . Le FMI assure une surveillance renforcée. Quant à la Banque Mondiale, elle s’interroge sur la durabilité de l’effort fourni par l’ancien gouvernement. A ce sujet, la Communauté Internationale attend avec impatience les premières décisions de la nouvelle Premier Ministre, Portia Simpson Miller. Celle-ci devra chercher à équilibrer les finances jamaïquaines. La tâche n’est pas simple tant l’économie jamaïcaine parait désorganisée : l’apport du secteur informel serait de l’ordre de 45% du PIB. Le climat d’insécurité et de violence constitue l’autre frein non négligeable au développement local. Le coût de la politique de prévention et de réduction du crime ponctionnerait quatre points de PIB. Afin de préserver la paix sociale, la Banque Mondiale a entériné le 10 mai 2005 sa stratégie d’assistance à la Jamaïque (période 2006-2009) avec l’allocation de 75 millions de dollars, affectés à quatre nouveaux projets. La priorité a été donnée aux investissements à destination des poches de pauvreté urbaine et des jeunes, acteurs et victimes. Une situation sociale tendue : Pauvreté, violence (« Kingston se classe parmi les dix villes les plus dangereuses des Amériques »), habitations insalubres, installations sanitaires déficitaires, équipement public déficient font partie du quotidien de la majorité des jamaïquains. Le pays n’est pas parvenu à réduire une criminalité parmi les plus importantes du monde et souvent liée au trafic de drogue. Pour illustrer cette situation, les exemples ne manquent pas. Ainsi, le journal jamaïquain Jamaica Observer du 6 avril dernier, nous apprend qu’une manifestation réunissant 5000 personnes a eu lieu dans le quartier de Spanish Town. Y sont venues en majorité des mères de famille qui n’en peuvent plus de voir leurs enfants partir si vite. Elles ont prié pour demander une accalmie des violences urbaines. Plus de policiers seront affectés dans ce quartier où la situation est explosive : 17 personnes, surtout des bad boys, y ont trouvé la mort ces deux dernières semaines. En effet, comme d’autres quartiers « chauds » de Kingston, Spanish Town est le théâtre d’affrontements entre gangs rivaux, financés et armés par les partis politiques. Le contrôle du ghetto en est le principal enjeu. Les « Clansman », partisans du People’s National Party (PNP), opposés aux « One Order », soutien du Jamaican Labour Party (JLP), ne se font pas de cadeaux. Cette situation de violence endémique est intolérable. Les chanteurs de reggae ne cessent de dénoncer, en vain, cet état d’insurrection quasi perpétuelle propre à la Jamaïque et en particulier à la ville de Kingston. Mais les périodes de calme sont rares. A chaque élection, les affrontements redoublent entre gangs rivaux, partisans du PNP, progressiste, ou du JLP, conservateur. L’espoir d’apaisement paraît mince tant la société paraît imprégnée par cette culture de la violence. Selon l’analyse du Jamaica Observer , si auparavant, les plus démunis pouvaient s’en sortir grâce au système éducatif et à l’emploi, ce n’est plus le cas maintenant. Le quotidien de Kingston pointe le système politique jamaïquain, fondé sur le clientélisme, comme la cause de tous les maux qui rongent la Jamaïque ( rivalité entre gangs, règlements de compte, trafics…). Une dénonciation des circonscriptions politiques corrompues, désignées sous le nom de « garnisons » et qui s’affrontent pour le compte des politiciens. Selon le journal, la nouvelle PM devra regagner les couches populaires délaissées par les pouvoirs publics de puis de nombreuses années. Sacré challenge ! En effet, depuis l’explosion de la violence sur l’île dans les années 1960, tous les gouvernements ont annoncé une lutte sans merci contre la criminalité. Pour aucun résultat…le problème tient à la nature même du système politique jamaïquain…Tous les politiciens, avant Mme Miller, se sont servis des gangs pour représenter leurs propres intérêts. La nouvelle premier ministre devra donc innover. Sans compter sur ces « garnisons » pour défendre ses intêrets, elle devra redoubler d’effort pour tenter de changer le rapport des citoyens vis-à-vis du monde politique.Les réformes dans le domaine social sont urgentes. Que ce soit dans le domaine de l’éducation (sujet prioritaire pour Mme Miller ), de la santé ou des transports, les besoins sont énormes. Néanmoins, l’état des finances publiques ne permet pas d’envisager de véritables réformes structurelles. En effet, le gouvernement doit à l’heure actuelle consacrer 65% de son budget au remboursement de la dette, alors que seulement 9% sont consacrés à l’éducation, et 4% à la santé ! Portia Simpson Miller a annoncé qu’elle voulait maîtriser la montée de la criminalité en Jamaïque. Pour être efficace, l’effort gouvernemental devra être de grande ampleur et les réformes engagées devront démontrer leur efficacité.A travers une étude sociologique de la population jamaïquaine, du journal américain de Boston The Christian Science Monitor , on comprend qu’en fait, malgré les apparences, l’élection d’une femme à la tête du pays est tout sauf un hasard. En effet, à l'université, "plus de 70 % des étudiants sont de sexe féminin, et, dans certaines disciplines telles que le droit, elles sont même entre 80 % et 90 %". Et l'université n'est pas le seul endroit où brillent les femmes de cette île des Caraïbes. Depuis deux décennies, le monde du travail leur a ouvert les bras. La moitié des femmes occupent aujourd'hui un emploi, souvent dans des postes de cadres moyens ou supérieurs."Notre pays est violent et agité, il faut être très solide pour survivre. Dans un tel environnement, les femmes ont développé des talents. En très grand nombre, elles ont cherché à intégrer l'enseignement supérieur car elles savaient qu'il leur fallait obtenir des qualifications supérieures à celles des hommes pour mettre au moins un pied dans la porte", explique la sociologue Hermine McKenzie, présidente de l'Organisation des femmes de Jamaïque. "La société jamaïcaine est un matriarcat, les femmes ont toujours été les chefs – chez elles, à l'église ou dans leur communauté", explique encore Mercedes Deane, enseignante à l'université de Technologie. "Aujourd'hui, elles deviennent ingénieures, informaticiennes, architectes et maintenant Premier ministre, tout cela est très logique." Le monde politique avait en effet été le seul à résister – jusqu'à l'élection de Portia Simpson Miller – à l'avancée des femmes. "Portia Simpson Miller n'est pas la première femme leader politique dans la région : la Barbade, la Dominique, Haïti et le Guyana ont tous eu des femmes présidentes à un moment ou un autre de leur histoire. Un peu plus loin, au Chili, Michelle Bachelet vient d'être intronisée et, au Pérou, Lourdes Flores est bien placée pour l'emporter lors des élections prévues en avril prochain", rappelle le Monitor. Mais cela fait grincer bien des dents. Beaucoup d'hommes, en effet, se plaignent d'être entravés dans un système où les femmes dominent, d'abord à la maison, puis à l'école et enfin à l'université et au travail. Theodore Thompson, un étudiant de l'université de technologie de Kingston cité par le quotidien, reconnaît qu'au début les filles de sa classe l'intimidaient. Puis "la maturité est venue", ajoute-t-il. "Avoir une femme à la tête du pays signifie qu'un nouveau secteur traditionnellement dominé par les hommes est en train de disparaître. Mais à cela aussi on peut s'habituer."D’autre part, d’après de nombreux observateurs, la société jamaïquaine serait profondément homophobe. La loi jamaïquaine, elle même, continue à criminaliser les relations sexuelles entre hommes. Elles sont considérées comme un « abominable crime de bougrerie » dans l ’article 76, le « Jamaican Offences Against The Person Act ». Les peines peuvent aller jusqu’à dix ans de prison pour les fautifs pris en flagrant délit…Dans leurs textes, de nombreux chanteurs jamaïquains reflètent bien ce fait de société. Alimentant et accompagnant même ce phénomène d’homophobie…Certains chanteurs tels Elephant Man ou Sizzla font partie des artistes qui prononcent ouvertement des propos hostiles envers la communauté gay. Révoltées contre cet état de fait, les associations homosexuelles ont organisé la riposte l’an dernier. Ainsi, sous leurs pressions, la tournée française 2004-2005 du « Fire Man » Capleton a été fortement perturbée : le chanteur s’est vu interdire l’accès à de nombreuses salles de concerts. L’actualité sportive en Jamaïque : Actuellement, le phénomène du sport jamaïcain se nomme Asafa Powell, athlète spécialiste du 100 mètres âgé de 23 ans. Auteur d'un début de saison 2005 impressionnant, son plus grand coup d’éclat remonte au 14 juin 2005. Ce jour là, il bat le record du monde jusqu'alors propriété de Maurice Green en courant les 100 mètres en 9"77. Il réalise cette performance lors la réunion d'Athènes qui compte pour le Super Grand Prix sur une piste réputée très rapide. Blessé aux adducteurs quelques semaines seulement après son record du monde, le jamaïcain effectue son retour en mars 2006 en remportant, le 21, la finale du 100m des 18ème Jeux du Commonwealth à Melbourne dans un chrono de 10”03. Quatre jours après, le 25 mars, Powell mène le 4 x 100 m jamaïquain au titre, décrochant sa deuxième médaille d’or dans ces jeux du Commonwealth en Australie. Le cricket est le sport préféré par la population jamaïquaine. On peut même parler à son égard d’ « obsession nationale ». Les matchs se déroulent de janvier à août à Sabina Park, Kingston et sur d'autres terrains répartis dans l'île. Le deuxième sport le plus populaire est le football, qui se joue tout au long de l'année. D’ailleurs, cette année, contrairement à celle de 1998, l’équipe de football de la Jamaïque ne participera pas à la Coupe du Monde qui se déroule en Allemagne en juin prochain . Dans leur groupe 1 de la zone Amérique du Nord, Centrale et Caraïbes, les « Reggae Boyz » se sont classés troisième sur quatre, derrière les Etats-Unis et le Panama. Depuis leur qualification à la Coupe du Monde en France en 1998, les maîtres des Caraïbes se sont laissés entraîner dans une spirale de mauvais résultats, de pagaille organisationnelle et de confusion générale . Disputée avec un patchwork de mercenaires et de pensionnaires du championnat national, la campagne qualificative pour Allemagne 2006 s'est parfaitement fondue dans ce tableau affligeant. En dessous de son niveau, l'équipe nationale n'a pas su s'extirper des demi-finales de la compétition préliminaire de la zone Amérique du Nord, centrale et Caraïbes. Réputés pour leur efficacité offensive, les Caribéens ont cruellement manqué d’efficacité dans le dernier geste. N'ayant pas pu marquer plus de sept buts en six matchs (dont trois face à leurs voisins salvadoriens), cette formation n'a été que la pâle copie de celle qui apporte généralement une dose de fantaisie aux compétitions de la CONCACAF. Avec six buts inscrits sur l'ensemble de la compétition préliminaire, Marlon King a fini meilleur réalisateur des Boyz. Grand espoir du football Jamaïquain, Damiani Ralph évolue à la pointe de l'attaque du club de MLS des Chicago Fire, aux Etats-Unis. Il est l'un des derniers joueurs jamaïcains à avoir pris le chemin de l'exil. Totalisant actuellement quatre sélections, le jeune homme (24 ans) natif de Kingston fait tourner les défenseurs adverses en bourriques depuis qu'il a déposé ses valises dans une université américaine. Le football féminin est également très développé en Jamaïque et de bon niveau . Toutefois, comme les hommes, les Reggae Girls n’ont pas réussi à se qualifier pour le Championnat du Monde de Football Féminin U-20 de la FIFA, qui se disputera à Moscou et Saint-Pétersbourg du 17 août au 3 septembre 2006. A l’issue des qualifications de la zone CONCACAF, les trois équipes ayant gagnées leurs billets pour la Russie sont les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. La tradition du polo remonte à plus d'un siècle, les matches se déroulaient toute l'année à Kingston. Les matches se déroulent toutes les semaines à Kingston et à Drax Hall, près de Ocho Rios. Les courses de chevaux ont lieu à l'hippodrome de Caymanas Race Track, Kingston. Le tennis est également un sport populaire sur l’île. Aujourd’hui, en Jamaïque, si la plupart des jeunes rêvent de devenir sportif ou chanteur, leurs chances d’y arriver sont très minces. Pour beaucoup, la réalité s’impose : il faut travailler pour s’en sortir. Beaucoup rêvent de partir travailler aux Etats-Unis, d’autres veulent être fonctionnaires. Pour offrir aux jeunes de l’île une chance de s’en sortir, la nouvelle PM Portia Simpson Miller mise sur l’éducation . D’ailleurs, fait révélateur, les chanteurs de la nouvelle génération « One Drop », à l’instar de Warrior King, adressent de plus en plus de messages constructifs dans leurs chansons . Leurs textes « conscious » font de l’éducation la principale solution pour régler, à terme, les problèmes sociaux du pays. Vus comme des modèles, ces artistes peuvent avoir des répercussions positives sur la jeunesse de l’île. Nous l’espérons ! En conclusion : L’arrivée au pouvoir de Portia Simpson Miller, première femme élue au poste de premier ministre, marque peut-être le début d’une nouvelle période pour la Jamaïque. En se présentant comme proche du peuple, la leader du PNP suscite un réel espoir de changement au sein des couches les plus défavorisées de la population jamaïquaine. Si la nouvelle chef du gouvernement devra œuvrer activement à l’amélioration des conditions de vie du peuple jamaïquain, elle devra également déployer toute son énergie pour redresser une économie vulnérable, reposant essentiellement sur le tourisme et asphyxié sous le poids d’une dette énorme. Vaste programme…Portia Simpson Miller sait qu’elle n’a pas le droit à l’erreur, condamné à convaincre le peuple jamaïquain avant les élections législatives, prévues pour octobre 2007. BIBLIOGRAPHIE : Médias jamaïquains de référence : Jamaica Gleaner, quotidien national : http://www.jamaica-gleaner.com The Jamaica Observer, quotidien de Kingston : http://www.jamaicaobserver.com Infos en ligne sur la Jamaïque : radiojamaica.com Politique : http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=61025&provenance=ameriques&bloc=11 http://www.granma.cu/frances/2006/marzo/vier31/primer.html http://www.lesoleil.sn/article.php3?id_article=9573 Economie/social : Bilan du Monde 2006, Edition Le Monde, Hors-série, 31e année, http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/geos/jm.html Données chiffrées de la CIA : http://www.odci.gov/cia/publications/factbook/geos/jm.html Site du ministère des Affaires Etrangères français : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo_833/jamaique_522/presentation-jamaique_979/economie_15113.html Caribbean Net News, Cayman Islands : http://www.caribbeannetnews.com/cgi-script/csArticles/articles/000007/000788.htm http://www.indexmundi.com/fr/faits/2004/jamaique/economie_profil.html : données chiffrées Sport : Infos sur Asafa Powell : fr.wikipedia.org/wiki/Asafa_Powell fr.sports.yahoo.com/at/profile/3000000000012980.html Infos sur le foot : http://fifaworldcup.yahoo.com/06/fr/t/team/profile.html?team=jam http://europe.eu.int/comm/development/body/publications/courier/courier178/fr/fr_045.pdf Infos générales sur la Jamaïque : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Jamaique : très bonne présentation générale de la Jamaïque fr.wikipedia.org/wiki/Jamaïque : bonne présentation générale de la Jamaïque http://destinia.com/guide/le-monde/amerique-centrale--le-caribean/jamaique/1-30003-30116/13/fr : très intéressant pour des futurs touristes
Par Alexandre Lemarie
Commentaires (2)
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Par doctoto le 01/05/2006 à 08:45
petite erreur relevée mais sans grande importance : Powell a ainsi amélioré l'ancien record de 9 sec 78/100 détenu par l'Américain Tim Montgomery.
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Par m2p le 17/10/2012 à 14:11
6 ans après? Usain Bolt!!!

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