Sun Ska 2012: Bilan avec Fred Lachaize
interview Roots 0

Sun Ska 2012: Bilan avec Fred Lachaize

Crédit photo: Carole Moreau

Le Reggae Sun Ska a explosé son record d'affluence lors de sa 15ème édition qui s'est déroulée du 3 au 5 août dernier, avec plus de 80 000 entrées ! Ce succès populaire pour partie inattendue a entrainé un certain nombre de problèmes sur lesquels nous revenons avec Fred Lachaize, directeur et programmateur du festival, sans oublier d'évoquer bien sûr les belles surprises artistiques que la programmation a offertes.  Bilan d'un festival qui se hisse au rang des plus gros festival reggae européen:

Reggae.fr : Quel est le bilan de cette 15ème édition du Reggae Sun Ska ?
Fred Lachaize: Le bilan est extrêmement positif puisqu’il aura fallu attendre 15 ans pour que le festival soit vraiment associé aux grands noms des festivals reggae européens de part la qualité de la programmation et de part l’importance du public qui s’est déplacé. C’est une belle reconnaissance du public qui nous fait confiance depuis des années et qui, je pense, a été satisfait. Je ne vous cache pas que, quand on a commencé, on ne s’attendait pas à une telle réussite avec le reggae, qui reste une niche musicale quand même. Aujourd’hui, on fait même partie des plus grands festivals français, tous styles confondus, et ça prouve que le reggae est une musique plus que présente en France.

Plus de 80 000 personnes sur 3 jours c’est un record. Le festival était complet la veille de son lancement. Comment avez-vous géré ça ? C’était une surprise pour vous ?
D’abord je tiens à préciser qu’on a atteint un point culminant en termes de remplissage. On ne cherchera jamais à faire plus sur ce site. Pour les places, on a commencé les ventes plus tôt que d’habitude et on a vu que ça grimpait au fur et à mesure qu’on se rapprochait du festival. Ça nous a permis de mieux gérer les flux en annonçant 2 jours avant que certains soirs étaient complets, pour éviter à ceux qui venaient de loin sans billet de se déplacer pour rien. Après, c’était effectivement une surprise pour nous, mais ça fait des années qu’on travaille pour populariser le reggae avec une programmation ouverte qui n’a jamais été uniquement spécialisée dans le reggae jamaïcain. Et cette année, on s’est clairement rendu compte que le travail a payé. C’est plutôt une bonne chose car ça permet de casser les clichés qui collent au reggae et de mettre en avant cette culture de manière très positive.

C’est un succès populaire, mais on se rend compte que le reggae reste boudé par les médias traditionnels. Et quand on voit des groupes comme Dub Inc ou Danakil qui ne sont jamais nommés aux Victoires de la Musique alors qu’ils remplissent des salles de plusieurs de milliers de personnes, ça interpelle...
Oui. Et peut-être qu’il y aurait un travail de lobbying à faire avec tous les acteurs du milieu reggae en France. Des gens comme nous, associés à Reggae.fr, aux musiciens et autres organisateurs. Je pense qu’il serait intéressant d’avoir des chiffres officiels de la SACEM pour savoir combien le reggae génère d’argent en France. Et peut-être qu’à partir de là, il y aurait une meilleure considération de cette musique.

Au niveau du site, c’était la deuxième année que le festival se déroulait sur la zone de Trompeloup à Pauillac. En êtes-vous satisfaits ?
Tout à fait. Normalement, on devrait pouvoir l’utiliser encore pendant les trois prochaines années. Notre but c’est de travailler durablement sur un site, pas de changer chaque année. Et cette année, on s’est rendu compte des problèmes de sécurité qu’on pouvait avoir à cause de l’affluence et on sait qu’on a besoin de construire des infrastructures en dur ou semi-dur pour pouvoir répondre à ces problématiques. Donc on travaille très dur en négociation avec les élus pour que cela soit possible.

En effet cette année on a entendu pas mal de critiques de la part du public en ce qui concerne la gestion des déchets et des sanitaires...
C’est vrai que l’énorme affluence du public a fait qu’on était un peu débordé. Les zones de camping ont été prises d’assaut et les tentes bloquaient les passages des camions prévus pour évacuer les déchets. Donc c’est vrai qu’il y a eu des problèmes de ce côté-là. Et il faut signaler qu’on avait plus de 110 tonnes de déchets à traiter, contre 71 l’année dernière ! Même si on avait des équipes de bénévoles plus conséquentes, visiblement ça n’a pas suffit. J’aimerais aussi dire qu’il y a eu un problème d’éducation du public qui doit se sentir responsable par rapport à ça. Peut-être qu’on n’a pas assez communiqué là-dessus, mais les festivaliers doivent se prendre en main. Habituellement, ça se passe plutôt bien, mais cette année, je ne sais pas ce qui s’est passé, les gens n’ont pas hésité à laisser leurs déchets devant leurs tentes sans même les emballer.

Comment allez-vous gérer ça si l’année prochaine l’affluence est la même ?
C’est sûr qu’on mettra plus de poubelles et de bennes. On va également mieux gérer les espaces de circulation à respecter pour permettre l’évacuation des déchets. Et on va mieux communiquer aux festivaliers sur l’importance d’être responsables. Il y aura également plus de sanitaires et plus de douches. On est aussi en train de réfléchir à des infrastructures en dur ou semi-dur, comme j’en parlais toute à l’heure, pour les évacuations des douches notamment.

Tu peux nous dire un mot sur le jeune homme retrouvé décédé dans sa tente ?
On a dû réagir très vite en termes de communication le jour même sans savoir vraiment ce qui s’était passé. Aujourd’hui, tout ce qu’on sait, c’est qu’il a été victime d’un arrêt cardiaque. Mais on n’en connaît pas vraiment la cause. Tant que l’enquête est en cours, on ne peut pas avoir tous les éléments. Ce qui est sûr, c’est que les secours ont agi très vite, moins de 4 minutes après l’appel, et on a tenu à assumer tout ça. On ne sait pas encore si ce décès est lié à une prise de drogues, mais je tiens à préciser que nous alertons les autorités publiques depuis des années sur le problème des drogues dures présentes sur notre évènement. On fait notre possible, mais les autorités publiques doivent aussi nous aider concernant ce problème. En tout cas, ce décès est dramatique, et on a fait tout ce qu’on a pu.

Et au niveau de la gestion des scènes et des changements de plateaux, tout s’est plutôt bien passé, mis à part quelques imprévus...
Oui, il y a eu un problème sur le concert du Peuple de l’Herbe qui n’a pas pu finir sa prestation comme prévu. Mais surtout le gros stress, ça a été la panne de bus de Damian Marley le samedi soir! Contrairement à ce qu’on a beaucoup entendu, le décalage de son show n’était pas dû à un caprice de star mais bien à une panne de bus au niveau de Tours. On a dû appeler une équipe à Paris qui est allée chercher tout le staff de Damian avec des vans pour les ramener le plus vite possible sur le site. On a été obligé de décaler sa prestation de quelques heures, mais tout s’est bien fini.
 
Quel est ton meilleur souvenir sur cette 15ème édition ?
C’est clairement le retour de Damian Marley le dimanche soir pour faire quelques titres en sound system avec Stone Love. Pour moi, ça reste un moment assez mythique. Déjà, on ne savait pas que Damian allait revenir sur le site le lendemain de son concert. Et s’il est revenu, ça veut dire qu’il se sentait bien, et ça c’est important pour nous. Et puis, on avait quand même Wee Pow de Stone Love présent pendant tout le festival ! Ce mec est une légende vivante du reggae et, même l’artiste N°1 mondial du reggae ne peut pas résister à l’obligation de venir prendre le micro pour partager ça avec ce selector. NDLR: REGARDEZ L'APPARITION SURPRISE DE DAMIAN MARLEY AU SUN SKA LE DIMANCHE SOIR DANS NOTRE RUBRIQUE REGGAETV, EN CLIQUANT ICI.

Quelles ont été selon toi les autres surprises ou découvertes de ce festival ?
Je n’ai pas vraiment eu le temps de suivre les concerts, mais je dois dire que j’ai été surpris par le retour du public par rapport aux nouveaux artistes français et plus particulièrement Nâaman. Dans ce que j’ai pu voir, je trouve que Sebastian Sturm a fait un show d’enfer et je sais que le public a beaucoup apprécié. Après, c’était pas tellement une découverte, mais j’ai été bluffé par la prestation de Jimmy Cliff qui nous a fait un concert très réussi.

Par Propos recueillis par LN et retranscrits par Djul
Commentaires (3)
Gravatar
Par trixxx le 26/09/2012 à 20:52
merci pour l'intw ....
Gravatar
Par jahjahman le 27/09/2012 à 19:17
a mourir de rire !!!! une parodie d'interview , il fallait poser les vrais questions et les développer . comment pensez vous pouvoir acceuillir 80 000 personnes sans mettre (ou si peux ) de moyens dans les structure d'acceuil .ca fait des années que cela dur sur le "camping" tres peux de toilettes ,un point d'eau ,aucun service de securité pour gerer ce camping et l'entrée surtout !!!! quand on sait que le rototom va surement changer sa date et vous claquer un festival pour fin juillet debut aout , vous devriez serieusement vous remettre en cause car beaucoups ne vont pas hésiter a choisir un festival qui acceuil les festivaliers avec correction !!!!! et pour finir avec le probleme des dechets ,par votre non respect des festivaliers quand a l'acceuil ,vous etes entrain de faire votre propre selection et cela vaut aussi pour le garance qui s'en va dans la meme direction
Gravatar
Par Reggae.fr team le 27/09/2012 à 22:13
merci pour tes commentaires Jahjahman. Il nous semble que Fred Lachaize explique bien qu'ils ont été débordé et qu'ils comptent construire des structures en durs ou semi durs (comme au rototom d'ailleurs). Cela répond à certaines de tes remarques non ?

Les dernières actus Roots