VICTOIRES DU REGGAE 2018 : Résultats
chronique Roots 13

VICTOIRES DU REGGAE 2018 : Résultats

L'édition 2018 des Victoires du Reggae© s'achève avec son lot de surprises, de découvertes et de valeurs sûres. Vous avez été près 12703 votants et nous vous remercions plus que jamais pour votre lourde participation. Comme chaque année, l'évènement a été réalisé sous contrôle d'huissier, et ce afin d'éviter toutes les polémiques, doutes ou suspicions.

Nous remercions tous nos autres précieux partenaires, toujours plus nombreux chaque année, qui élaborent la sélection avec nous, continuent de nous suivre et de nous soutenir à l'occasion de cette opération. Tous représentent une majeure partie des activistes et militants du mouvement reggae en France et nous les remercions, une fois encore, de leur fidélité sans faille.

On big up les magazines, sites et radios partenaires suivants :
Reggae Vibes
La Sélection Reggae (Mouv')
Culture Dub (site internet et radio - Poitou-Charrente)
Studio One L'Emission (site internet et radio - Languedoc-Roussillon & PACA)
Selecta Kza.net
La Grosse Radio
Reggae-Promo.com

France Guyane Musique
Rootsandculture.net
Rootsblogreggae.com
Yanaclip-tv.com 
We Are Reggae
Aux Armes (Rhônes-Alpes)
Big Faya Show (Paris)
Cultural Vibes Outernational Radio Reggae Show (PACA)
Dawastation (Champagne-Ardenne)
Get Up Radio Show (Pays de Loire)
InTheMood.tv
Irie Corner (Aquitaine)
Karément Roots (PACA)
Kartier Reggae (Réunion) 

Jamaikan sessions (Réunion)
Inity-I-Station (Réunion)

Oldies Sessions
(Réunion)
Reggae Unity Web Station (Réunion)

Top Ten
(Réunion)
Womanity Soul Station 100% Sisters
(Réunion)
Made in Africa (PACA)
Mix Ray Sound (Marseille)
Ok Fred (Alsace)
Positive Vibration Time (Paris)
La Vraie Radio (Languedoc-Roussillon)
Racines Musicales (Québec)
Shake the Town  (Paris)
Lion Freecaency (Normandie)
Natural Mystic  (Nord)
Ready pour le Show (Picardie)
Reggae Connection (Côte d'Armor)
Reggae Mix Station
Reggae Stories (Centre)
Reggae Sunsplash (Auvergne)

Riddim (Franche-Comté)
Riddim Up avec Boulibaï (Normandie)
Roots Rock Reggae (Rhône Alpes)
Roots'Secours (Morbihan)
Run the Track (Nord)
Selectress Sista Ka Radio Show (London)
Shashamane (Tahiti)
Space Invadaz Radio Show by Gravity Sound
Stand Firm (Rhônes-Alpes)
Studio Roots / Time Will Tell (Bretagne)
Vibes (Paris)
Vibes A Come Radio Show (Région parisienne)
Zion Gate (Bourgogne)


Place aux résultats, avec pour chacun des gagnants la reprise de la chronique ou d'un article paru dans nos colonnes.
Les internautes gagnants d'albums ont été ou seront contactés par mail dans les jours qui suivent. Nous remercions d'ailleurs tous les labels partenaires, dont le soutien nous permet de vous offrir de beaux cadeaux à l'occasion de votre participation.

Merci à tous et on ne le répètera jamais assez : continuez de soutenir vos artistes en achetant leurs albums et en allant les voir en live !

And the winner is…


ALBUM / EP ROOTS DE L'ANNÉE
1. Inna De Yard – The Soul of Jamaica
2. Ziggy Marley – We Are the People Tour
3. Brain Damage & Harrison Stafford – Liberation Time




Inna De Yard - The Soul of Jamaica
Chronique du 09/03/17 - Auteur(s) : Ju-Lion
On l'attendait avec impatience... On avait presque fini par perdre espoir, mais le projet Inna De Yard - initié en 2004 par feu le label Makasound - renaît de ses cendres chez Chapter Two Records. Même si le virulent guitariste Earl Chinna Smith ne fait plus partie de l'aventure, le concept reste le même : enregistrer des bijoux de la musique jamaïcaine en versions acoustiques en plein air. Un joli collectif s'est donc rassemblé sur la terrasse d'une maison dans les collines de Kingston pour pondre ce nouvel album, The Soul of Jamaica, en à peine quatre jours.

Quelques anciens présents dès les débuts de l'aventure sont encore de la partie, comme le mystique Kiddus I, l'excentrique Cedric Myton ou le jeune talent Derajah. Une team de premier choix renforcée par de nouveaux éléments non moins légendaires : Ken Boothe, Winston Mc Anuff ou encore Lloyd Parks. On imagine le casting de l'équipe réalisé au hasard des passages de chacun sur les lieux de l'enregistrement. C'est ainsi qu'on découvre même quelques surprises comme Stephen Newland, chanteur de Rootz Underground (dont les nouvelles se font rares), le jeune Var, inconnu au bataillon, et même le guitariste Bo-Pee qui pousse la chansonnette sur Thanks and Praises, l'un des titres les plus doux de cette tracklist où les percussions et la basse s'absentent pour nous laisser apprécier pleinement le texte spirituel de Bo-Pee.
Les Viceroys se chargent d'ouvrir l'album avec le délicieux Love is the Key à l'émotion palpable. Le trio vocal est aussi responsable des chœurs de certains titres. C'est aussi ça la magie Inna De Yard : la force du collectif, la beauté des rencontres et la spontanéité du moment. On les retrouve notamment derrière Ken Boothe dont la voix nous colle toujours autant de frissons lorsqu'il réinterprète le rocksteady Let the Water Run Dry ainsi que son classique de toujours Artibella.
Le bassiste Lloyd Parks a lui aussi droit à deux tunes, le terrible Slaving et le moins connu Money for Jam. Les percussions impriment chaque titre dans les oreilles de l'auditeur et les quelques cuivres subtilement placés embellissent des mélodies déjà rondes à souhait, notamment lorsque Kush McAnuff revisite Black to I Roots de son groupe The Uprising Roots. Son père nous dévoile quant à lui un épatant Secret, un titre aux couleurs soul que les aficionados avaient déjà découvert sur l'album Diary of the Silent Years sorti par Makasound. Le tune Stone figurait également sur cette belle sortie de 2002, la première du label français, mais cette fois ce n'est pas Winston qui s'y colle, mais Derajah qui n'hésite pas à rajouter un couplet signé de sa main.
L'alchimie Inna De Yard est intacte ! Le collectif parvient à nouveau à communiquer cette âme qui hante la musique jamaïcaine depuis des décennies pour notre plus grand plaisir. La simplicité des arrangements – qu'ils soient joués au piano, aux cuivres ou à l'accordéon – ne vient pas perturber l'authenticité des morceaux et bien que l'on ne ressente plus autant l'innocence et l'impulsivité des premiers volumes, lorsque Chinna était encore aux commandes, on a largement gagné en qualité sonore ! Le yard n'est plus le même, mais son esprit a magistralement survécu.

ALBUM / EP NEW ROOTS DE L'ANNÉE
1. Damian Marley – Stony Hill
2. Alborosie – Soul Pirate Acoustic
3. Nattali Rize – Rebel Frequency




Damian Marley - Stony Hill
Chronique du 19/08/17 - Auteur(s) : Ju-Lion
Douze ans qu'on l'attendait ce nouvel effort solo. Douze ans que le dernier fils Marley nous fait patienter avec des albums en collaboration, des compilations et autres singles tous plus efficaces les uns que les autres. Douze ans c'est long, mais l'attente en valait la peine. Même si les plus grosses balles avaient déjà été dévoilées ces derniers mois (l'énorme Medication en tête), Stony Hill s'avère d'excellente facture avec une tracklist variée, des instrus soignées et des lyrics affûtés. C'était le moins qu'on puisse attendre de la part de l'artiste reggae le plus plébiscité de la planète.
Stony Hill c'est le nom du quartier où Damian a grandi. Un arrondissement huppé de la capitale jamaïcaine perché sur une colline où les plus grandes fortunes de l'île viennent se réfugier. Le petit Gong ne renie pas ses origines ; lui qui n'a pas connu les ghettos contrairement à certains de ses frères, ne cherche pas à cacher les cadeaux que la vie lui a faîts. Conscient de sa chance, il narre l'histoire de son père qui lui a permis d'échapper à la misère sur un Living it Up au refrain très radiophonique en saisissante opposition aux délicieux couplets deejay. S'il n'a pas connu les difficultés de certains de ses compatriotes, Jr Gong n'est pas arrivé au sommet sans effort. Il profite également de ce titre pour balayer les critiques tout comme sur Here We Go, premier sur la tracklist et l'un des tunes les plus réussis posé sur un hip-hop où la voix de Dennis Brown se fait entendre après que Big Youth se soit chargé de l'intro en reprenant son mythique I Pray Thee sur fond de tonnerre et nappes de synthé très dark. Une atmosphère pesante que l'on retrouve indubitablement dans l'univers de Damian ; les singles déjà connus Nail Pon Cross ou R.O.A.R. sont là pour en témoigner.
Comme à chacun de ses albums, Gong Zilla glisse quelques ballades parmi ses titres comme le très beau piano/voix Autumn Leaves, sans doute une référence à Nat King Cole... So a Child May Follow et Speak Life suivent le même chemin, guitares et percussions en plus. Le dancehall a aussi sa place sur l'opus ; Damian Marley a grandi avec cette musique et elle fait partie de lui tout autant que le reggae roots. La rencontre avec Major Myjah, le fils de Bounty Killer, sur le très R&B Upholstery ne nous convainc malheureusement pas vraiment, pas plus que le tune Time Travel où l'artiste se contente d'une énumération d'avancées technologiques salies par la bêtise humaine. La litanie est depuis longtemps l'une des marques de fabrique de Damian (souvenons-nous notamment de l'énorme Nah Mean avec Nas), mais ce n'est pas non plus avec Grown & Sexy en featuring avec son frère Stephen qu'il parvient à nous charmer. Le petit clin d’œil à la ville de Bordeaux où il enregistra les voix de cette chanson au lendemain d'un passage au Reggae Sun Ska n'y fera rien, ce n'est pas notre came ! On adhère par contre à 100 % aux deux titres roots de l'album, Looks Are Deceiving et The Struggle Discontinues, où les Wailers semblent revivre derrière le fils de feu leur leader. Autre très belle réussite : la refonte du Whole World is Africa de Black Uhuru sur le très rythmé Caution. Il s'agissait en fait du tout premier single dévoilé en juin 2016, mais on en découvre ici une version remixée beaucoup plus dynamique et hautement aboutie.
Particulièrement influencé par son environnement proche, Damian Marley vient de livrer un album complètement ancré dans la modernité tout en gardant son cachet d'antan. Il nous a toujours habitués à quelques curiosités tout au long de sa discographie, preuve qu'il ne se repose pas sur ses acquis et tente sans cesse de nouvelles choses. L'extrême diversité de ce Stony Hill n'est pourtant pas synonyme d'irrégularité. Damian Marley confirme haut la main son statut d'artiste reggae polyvalent N°1 !


ALBUM / EP REGGAE REVIVAL DE L'ANNÉE
1. Chronixx – Chronology
2. New Kingston – A Kingston Story  : Coming from Far
3. Samory I – Black Gold




Chronixx - Chronology
Chronique du 13/07/17 - Auteur(s) : Adrien
Chronixx s’est fait connaître avec sa première mixtape en 2012 (Start a Fyah, mixé par Major Lazer), avant de revenir deux ans plus tard avec son EP Dread & Terrible où l’on retrouvait notamment le hit Here Comes Trouble. Ce premier EP qu’il avait défendu avec talent sur les scènes des festivals l’avait révélé comme un des artistes qui compte dans cette jeune garde du new roots jamaïcain avec Kabaka Pyramid, Protoje ou encore Jah9. Il nous avait fait attendre en 2016 avec une nouvelle mixtape, mais cela ne suffisait pas ! Il revient enfin en cet été 2017 pour nous présenter son premier album Chronology disponible depuis le 7 juillet. Seize titres qui montrent toute l’étendue du talent de l’artiste, qui ne s’est pas cantonné au reggae pour ce premier album et qui prouve sa vocation à plaire au plus grand nombre.
Chronixx a grandi dans la ville de Spanish Town et plus précisément dans le quartier de De La Vega City, c’est ce qu’il nous raconte sur un riddim simple et posé dans le premier titre de l’album, Spanish Town Rockin’. Sur le second morceau de l’opus Big Bad Sound, on retrouve  le seul invité qui n’est autre que Chronicle, le père de Chronixx qui s’illustrait dans le dancehall des 90’s. Père et fils nous offrent donc un titre sublime sur une instrumentale entraînante. On retrouve avec plaisir des morceaux comme Ghetto Paradise ou Country Boy, dans un new roots hyper efficace et plein d’énergie qui nous rappelle les précédentes sorties de l’artiste. Le flow du chanteur sait aussi se faire caressant dans un style très lover qui va bien, sur des morceaux comme le langoureux Skankin Sweet ou encore Smile Jamaica.
La nouveauté de cet album c’est la liberté que s’est autorisé Chronixx à explorer d’autres styles musicaux que le reggae, certains morceaux sont donc teintés d’une pop très fraîche, très actuelle et aux sonorités acidulées. C’est le cas de I Can, dont on se demande pourquoi il ne passe pas sur toutes nos ondes (!) ou de Loneliness. On se tourne vers le hip-hop avec le très touchant Black is Beautiful, une ode aux héros de l’émancipation du peuple noir ou encore avec Likes plus orienté vers un R&B très urbain. On trouvera aussi une bonne touche de soul dans un style lent et langoureux avec Majesty ou mélangé à du reggae et de la pop sur Christina et son refrain tellement funky.
Avec Chronology, Chronixx nous dévoile sa palette musicale et l’efficacité avec laquelle son flow se pose sur tellement de styles différents. Un album qu’il défendra cet été sur les festivals européens comme le Reggae Sun Ska, le No Logo ou le Rototom.  A découvrir absolument.

ALBUM / EP DANCEHALL DE L'ANNÉE
1. Major Lazer – Know No Better
2. Busy Signal – Fresh from Yaad
3. Alkaline – Showcase Raw




Major Lazer était de retour avec un nouvel EP . Le cocktail de musiques electroniques et rythmes caribéens du trio international fonctionne toujours autant. Know No Better regroupe cinq nouveautés dont des featurings avec Sean Paul, Konshens, Machel Montano ou encore Busy Signal qui nous refait un tune à la Bumaye. Comme à son habitude, le collectif de Diplo dépasse même les frontières du dancehall fait bouger les foules en tous genres !

ALBUM / EP REGGAE FRANÇAIS DE L'ANNÉE
1. Yaniss Odua – Nouvelle donne
2. Atomic Spliff – Robomuffin
3. Scars – Je suis comme ça




Yaniss Odua - Nouvelle donne
Chronique du 19/05/17 - Auteur(s) : Sacha Grondeau
On avait laissé l’ami Yaniss Odua au soir d’une tournée triomphale clôturant en beauté la sortie de l’album Moment idéal. L’opus et ses deux hits Rouge, Jaune, Vert et Chalawa avaient séduit la France entière et fait jumper de Paris à Abidjan, de Saint-Etienne à Fort-de-France. Quatre ans déjà que les sound addicts rongeaient leur frein en attendant le nouvel LP du chanteur reggae.

Leur patience aura payé puisque Nouvelle donne sort ce 19 mai et qu’il ne risque pas de les décevoir. La facilité artistique aurait été de reprendre les mêmes ingrédients que sur Moment idéal, mais Yaniss a une autre conception de la musique. Il va où le mènent ses inspirations, ses expériences, ses envies. Tout en restant reggae dans l’énergie et la vibe, il voulait explorer de nouvelles sonorités et poser son flow dévastateur sur de nouvelles intrus. Aidé de l’indispensable et légendaire Clive Hunt à la réalisation, le chanteur martiniquais a fait appel à différents beatmakers (Winta James, le clavier de Damian Marley ; Asha D. du Artikal Band ; Edwin Mac Lennan et Boussbouss ; John Makabi) pour proposer à ses fans une nouvelle aventure musicale pleine de bonnes surprises. 

Treize titres conscients et engagés dont s’extrait déjà l'énorme big tune hip hop reggae Ecoutez-nous posé avec la rabia del pueblo, la rappeuse Keny Arkana, et le hit en puissance Refugee relatant le destin tragiquement humain d’un immigré quittant son pays . Pour danser toute la nuit, Yaniss a pensé à vous, en mode dancehall mais sans se prendre la tête, sans Bling Bling, ou en mode ska-rocksteady avec La maison ne fait plus crédit. Le chanteur est éclectique et sa seule exigence est l’impeccable production de ses instrumentales. On le retrouve ainsi brûler le micro dans un style plus électro, sur Bad Boy N Cowboy, s'envoler vocalement sur une inspiration dubstep (Jump) et poser une vibe plus new soul, qu’il partage avec le jamaïcain Brian Gold sur le titre Feeling.

Fier de ses racines, fier de ses valeurs, certain de leur universalité, Yaniss Odua explore les grands enjeux qui traversent la société, sans jamais se départir de sa spiritualité rasta. Guide, grand frère, ami, artiste tout simplement. Le chanteur relate la détresse sociale de notre temps (Dans la rue), notre exigence de liberté de penser et de vivre (Garder mon droit), la force de la jeunesse (Nouvelle donne, un morceau co-écrit avec Balik de Danakil !) le sort misérable des réfugiés rejetés et leur détresse oubliée. Il tape juste, il tape fort. Nouvelle donne n’est pas l’album de la maturité, non, il est celui d’un artiste de son temps capable de retranscrire en musique les émotions d’une grande partie de son peuple. Une raison de plus pour découvrir sans plus attendre un des meilleurs albums reggae français de l’année.

ALBUM / EP REGGAE DANCEHALL LOKAL DE L'ANNÉE
1. Kalash – Mwaka Moon
2. Admiral T – Totem
3. Sista Jahan – Viv' Love




Kalash - Entretien inédit
Entretien du 26/10/17 - Auteur(s) : Franck Blanquin avec Ju-Lion - Photos Franck Blanquin
Kalash a débarqué il y a quelques jours avec son quatrième album Mwaka Moon. Mi dancehall mi trap, l’album est déjà un énorme succés et cumule des dizaines de millions de vues sur Youtube. Surtout, c’est un bijou de productions qui montre s’il le fallait encore à quel point l’artiste martiniquais a une voix, un flow et un charisme hors du commun et qu’il n’est pas possible de le placer dans une case musicale spécifique, tant il manie l'art de mélanger les styles pour créer sa propre identité artistique.

ALBUM / EP REGGAE FRENCH TOUCH DE L'ANNÉE (ARTISTES FRANÇAIS CHANTANT EN ANGLAIS)
1. Naâman – Beyond
2. Biga Ranx – 1988
3. Marcus Gad – Chanting



Naâman - Beyond
08/11/17 - Auteur(s) : Aurore avec LN
Le tant attendu troisième album studio de Naâman Beyond est sorti le 6 octobre dernier (Big Scoop Records). Composé de 12 titres, il vient confirmer le talent de ses auteurs (FatBabs est à nouveau à la production) ainsi que l’ascension remarquable de l’artiste depuis quelques années. Avec une production et un travail d'arrangements de grande qualité, l'album présente aussi des surprises de taille.

Le producteur Fatbabs réussit à dévoiler une nouvelle facette du chanteur – plus soul – dont on avait perçu la dimension sur l’opus précédent mais qui est ici pleinement affirmée avec le très solaire I’m Alright et ses chœurs gospel. Une attention particulière est d’ailleurs portée aux chœurs sur tout le reste de l’opus, lesquels sont menés de main de maîtres par les voix féminines de Groundation. Plant It Over dépeint aussi cette couleur très soul, tout en portant un message de révolte. Le point d’orgue de ce parti pris se situe sur Got to Try enregistré en Jamaïque, où Naâman a le privilège de partager le micro avec celui qui aurait inventé le mot « reggae », le légendaire Toots Hibbert.
La Jamaïque et ses premières amours reggae, Naâman ne les oublie pas, loin de là. Il sait toujours aussi bien faire skanker et nous emporter dans son univers avec le morceau autobiographique Tomorrow, le message amoureux de Way Too Long, ou encore Feel Good, hommage à Three Little Birds de Bob Marley. Le spirituel Beyond, où seule la guitare de Naâman vient répondre à ses chants, est une pause reggae acoustique bienvenue.
On retrouve cette guitare, accompagnée par d’inattendus violons, sur le réussi Love is Allowed inspiré par Bob Dylan mais illustrant aussi un côté très pop de l’album. Simplicity reflète aussi ce virage pop risqué que Naâman et le Deep Rockers Crew abordent avec facilité et habileté. Own Yourself en fera fondre plus d’un(e) - avec un chant en français d’un Naâman doux, profond et nostalgique. Le puissant et langoureux I Feel your Soul, est quant à lui digne des plus gros succès internationaux.
Naâman grandit sous nos yeux et nous offre en musique sa philosophie positive et consciente, une bouffée d’air frais qui rappelle par moment Ben Harper. On souhaite au Dieppois le même succès que l’artiste américain.  Avec Beyond, les amateurs de Naâman verront leurs attentes comblées. Ses détracteurs passseront leur chemin mais ne pourront qu’avouer la grande qualité de production. Beyond s’inscrit sans aucun doute sur la liste des meilleurs albums hexagonaux de l’année.

RÉVÉLATION DE L'ANNÉE
1. Lyricaly – Force
2. Roots Attack – Presenting I Fi
3. The Tuff Lions – Spirit




Focus aujourd'hui sur un jeune chanteur originaire de la région Centre : Lyricaly. Ce dernier privilégie un reggae urbain et métissé sur lequel il vient poser ses textes dans la langue de Molière.
Après un EP sorti en 2015, il sort cette semaine un premier effort intitulé Force. Onze titres à découvrir et pour lesquels l'artiste s'est bien entouré avec notamment, au titre des beatmakers : MadaSquad, Massive Job, Shaman Culture, Jagan Makoka, Serial-p ou encore Max Livio, lequel figure aussi parmi les featuring de l'album aux côtés de Rosa Shanti, Missié Bamboo et Brahim. Gages de qualité !

ALBUM / EP SKA/ROCKSTEADY/EARLY REGGAE DE L'ANNÉE
1. Ken Boothe – Inna De Yard
2. Jim Murple Memorial – Stella Nova
3. 8°6 Crew – Working Class Reggae




Ken Boothe - Interview Inna De Yard
10/11/17 - Auteur(s) : Propos recueillis par LN ; Traduction : Ju-Lion
Il fait partie des plus grandes légendes de la musique jamaïcaine encore parmi nous. Ken Boothe a fait plaisir à tous les passionnés en intégrant le projet Inna De Yard en mars dernier. Et quelle ne fut pas notre surprise de découvrir, quelques mois après la sortie de The Soul of Jamaica, un album complet du concept acoustico-nyabinghi entièrement consacré à celui que Coxsone surnomma Mr Rocksteady dans les années 60. Le crooner y revisite ses plus grands tubes, de When I Fall in Love à Artibella en passant par Black Gold and Green et Speak Softly Love, sans oublier de dépoussiérer quelques titres plus obscurs de son répertoire. Le résultat offre un album majestueux, émouvant, frissonnant, bouleversant... Les adjectifs ne manquent pas ! On n'hésite même pas à parler de chef d'œuvre à l'écoute des cuivres lancinants, des percussions envoûtantes et du doux piano qui accompagnent la voix tout juste émoussée mais toujours touchante de Ken Boothe. Après plus de cinquante ans de carrière, le chanteur donne une seconde vie à ses classiques d'antan et prend un plaisir fou à les (re)faire découvrir au public français. De passage à Paris pour une date unique avec la team Inna De Yard fin octobre, il s'est entretenu avec nous pour revenir sur cette expérience unique...

ALBUM / EP REGGAE AFRICAIN DE L'ANNÉE
1. Royal Sanké – Wonaraba
2. Mamakaffé – Slave
3. Salim Jah Peter – Nature




Le reggae africain compte un nouveau représentant de haut niveau avec le quatuor Royal Sanké de Guinée Conakry, un pays décidément vivier de talents (Takana Zion, Lyricson, Banlieuz'Art...) Wonaraba est le premier album du groupe qui a déjà marqué les esprits à coups de singles, de clips et de concerts dans son pays. Particulièrement attendus chez eux, Blackos, Mano Cry, Lokssine Faya et Selecta risquent d'attirer les oreilles étrangères avec cet album très réussi. Du new roots énergique comme on l'aime soutenu par un mélange de voix aiguës façon griots et de toast acéré. Les connaisseurs reconnaîtront quelques riddims dont l'excellent The Empire Riddim des Canadiens de Riddimwise sur le tune Whakati Barali. Alternant entre français et dialectes locaux, la formation adresse ses messages d'espoir et d'élévation au monde entier sur une musique très moderne parfois agrémentée d'instruments africains. Héritiers de la nouvelle génération, les Royal Sanké prouvent à nouveau que le reggae africain est capable d'évoluer. On valide !

ALBUM / EP REGGAE WORLD DE L'ANNÉE
1. Soja – Poetry in Motion
2. Sara Lugo & Jazzrausch Big Band – Swing Ting
3. Meta and the Cornerstones – Hira




Les Américains SOJA sont de retour avec leur huitième album studio, Poetry In Motion, un album concept comme sait si bien le faire le groupe qui appelle ici à reconnecter les humains entre eux avec des textes fédérateurs et un univers musical accessible et varié. Toujours teinté de pop, le reggae de SOJA s'aventure aussi cette fois dans le rock et même le hip-hop. Le leader Jacob Hemphill abandonne le chant de temps à autre pour laisser la place à Bobby Lee (incroyable d'énergie sur le tonitruant To Whom it May Concern) ou à Trevor Young sur quelques refrains très pop (Bad News notamment). Chaque musicien a la place de s'exprimer pleinement. Les cuivres, toujours très présents et reconnaissables, répondent aux percussions et aux solos de guitare et de batterie particulièrement bien exécutés. Pas de featuring cette fois pour SOJA qui se concentre ici sur l'énergie propre au groupe. Poetry In Motion est un album très organique qui aborde l'amour, la beauté de la nature et se questionne sur les raisons de notre présence sur terre, sur l'avenir, sur l'humanité. L'opus se clôture sur une ballade émouvante qui plaira aux fans féminines de la voix nasillarde de Jacob, toujours aussi irrésistible.

COMPILATION REGGAE / PROJET VARIOUS ARTISTS DE L'ANNÉE
1. Booboo'zzz All Stars – Studio Reggae Bash
2. Sizzla, Pressure, Marlon Asher, Ras Shiloh & Izac King – Life of a Ghetto Youth
3. Gentleman – The Selection




Les fans de reggae bordelais connaissent bien le Booboo'zzz All Stars. Groupe live emblématique de l'Aquitaine formé par des membres de Wyman Low & The Ravers, The Jouby's ou encore Train's Tone, la formation a longtemps ravi le public  bordelais lors de concerts mémorables où les musiciens s'amusaient à reprendre différents titres à la sauce reggae. L'aventure se poursuit aujourd'hui sur un disque avec l'album Studio Reggae Bash qui regroupe treize titres interprétés par des artistes français comme Volodia, Flox, Max Livio, Guive ou encore Peter Harper. Chacun y va de sa reprise et tous les styles y passent ; de la chanson française (Alain Bashung, Maxime Le Forestier) au rap (MC Solaar, Gorillaz) en passant par la pop (Björk) ou la soul (Amy Winehouse, Tom Jones...). Vous aviez déjà découvert le concept sur Reggae.fr avec la reprise de It's Not Unsual par Guive, en voici quelques autres également présentes sur l'album.

MIXTAPE DE L'ANNÉE
1. Terminal Sound - Terminal Dub Box #2
2. Dj Kash – Baco Tape vol. 2
3. Gravity Sound X Typical Féfé – Je suis une légende urbaine




Habitué à accompagner Scars en sound system et de nombreux artistes français comme Volodia ou Jahneration, Selecta Antwan du Terminal Sound sortait cette année sa deuxième mixtape 100 % dubplates. 26 tunes enchaînés pendant 50 minutes comme en soirée ! On passe du roots au dancehall classique en glissant vers le hip-hop old school et même des vibes beaucoup plus modernes flirtant avec la bass music. La majorité de la scène française est représentée avec des artistes proches du crew Terminal comme Volodia, Naâman, Atomic Spliff, Tomawok, Papa Style, Tchong Libo et bien sûr Scars. Les anciens Pierpoljak, Yaniss Odua et Big Red (mention spéciale à son medley Raggasonic sur le Sleng Teng) sont aussi de la partie. Et quelques Jamaïcains se glissent sur la tracklist comme Ken Boothe qui ouvre la tape avec le classique Everything I Own en mode clash, mais aussi Fantan Mojah, Burro Banton et Joseph Cotton. Malgré quelques irrégularités dans la qualité des dubplates, on salue les enchaînements enregistrés en live, chose de plus en plus rare dans les mixtapes. Voilà de quoi passer une petite heure comme si vous étiez en sound system !

ALBUM / EP REGGAE DIGITAL DE L'ANNÉE
1. Biga Ranx – 1988
2. Manudigital meets Joseph Cotton and Friends
3. Flox – Taste of Grey




Biga Ranx - 1988
Chronique du 08/06/17 - Auteur(s) : Adrien
Quand on a reçu le tant attendu nouvel album de Biga Ranx, on savait qu’il allait nous replonger dans l’univers brumeux du vapor dub dont lui et ses acolytes du Brigante Crew se sont fait les spécialistes. Ce style très digital aux basses surdimensionnées, où les percussions semblent avoir été recouvertes de coton, brise toutes les frontières en s’inspirant aussi bien du reggae,  du dancehall et du dub que du hip hop, de la trap ou de l’electro.
Dés le premier titre Liquid Sunshine (qu’on avait découvert il y a un petit moment déjà) on pénètre dans le monde flou et vaporeux  de 1988. Homegrown nous y enfonce encore un peu plus avec cette instru très légère qui semble flotter sur une ligne de basse gargantuesque. On y retrouve le flow affûte de Biga sur les couplets quand celui ci se fait doux et caressant sur les refrains. L'opus renferme beaucoup de collaborations, à commencer par  le surprenant et entêtant Monday dont vous reprendrez vite le refrain chanté par LEJ et le couplet rappé par Mr Akhenaton en personne.
Blundetto s'est chargé de la production de plusieurs morceaux comme Low Grade ou encore French Fries, le slow à la sauce Brigante. Autre producteur proche de Biga présent sur cet album : le frérot Atili Bandalero avec Contrebande, un pur vapor dub très lent sur lequel la voix trafiquée du chanteur semble flotter comme un nuage de fumée. Sur le riddim très posé de Tropic Sky, le phrasé hyper rapide et complètement fou du rappeur autrichien Ruffian Rugged se mêle aux voix robotisées de Prendy et Biga ainsi qu’au discret mélodica d’Art-X. Petit Boze, en duo avec Biffty, nous offre quant à lui un vrai délire entre rap et trap. Le dernier invité n'est autre que l’autre spécialiste du vapor dub à la française : Big Red vient en effet retrouver Biga Ranx pour le planant Veleda.
Life Long et My Face sont sûrement les morceaux qui s’éloignent le plus de l’esprit vapor de  l’album, ressemblant plus à un mélange entre dub et dancehall qui nous ramène aux premières sorties du chanteur sur lequel il se promène dans son style unique. Tous les autres morceaux nous plongent totalement dans cet univers embrumé si particulier fait de mélodies digitales et fantaisistes. C’est le cas de  Do my Thing aux sonorités aériennes et ses notes de synthé qui semblent s’envoler dans les airs comme des bulles de savon insaisissables ou encore de l’énorme PMU délivré en français par un Biga qui s’inspire de la trap d’aujourd’hui dans une ambiance sombre et toujours plus enfumée. Parfait générique de fin, Lazer Beam conclut cet opus de sa mélodie mélancolique.
1988 est le travail d’un artiste libre qui n’a plus rien à prouver et qui explore le riche univers musical qui est le sien selon ses envies en ne s’imposant aucune limite ; tout ça avec autant de talent et de précision à chaque sortie. Un opus dans l’ère du temps, peut-être même avant-gardiste, qui saura plaire au plus grand nombre et s’imposer comme un des albums qui comptent cette année. Parfait pour chiller !

ALBUM / EP CROSSOVER DE L'ANNÉE
1. L'Entourloop – Le savoir faire
2. Chinese Man – Shikantaza
3. Fatbabs – Daily Jam




L'Entourloop - Le savoir faire
Chronique du 18/09/17 - Auteur(s) : Adrien
L’Entourloop c’est ce duo de DJs/beatmakers dont on avait apprécié les prestations en live pleines d’énergie à chaque fois qu’on a croisé leur route. En 2015 ils avaient frappé fort dès leur premier album Chickens in Your Town sur lequel on découvrait avec plaisir le mélange entre reggae et hip-hop qui est leur marque de fabrique. En cette rentrée 2017 ils nous présentent leur second album, « Le savoir faire, qui nous ramène à l’époque des mixtapes avec intro mixées et interludes travaillés, samples tirés de dialogues de films et part belle faite au scratch. L’Entourloop a toujours été influencé par de nombreux styles musicaux dont cet album est un savant mélange. On y retrouve d’ailleurs un nombre impressionnant d’invités venus chacun avec leur style et leur univers.
Après une introduction groovy à souhait, on est accueilli par Weh U Come from, un mélange entre reggae et hip-hop à la sauce entoorloupienne chanté ou plutôt toasté par Ras Demo. Autre mix réussi entre ces deux styles : Soundbwoy, une instru hip-hop très funky sur laquelle Troy Berkley pose son flow tranchant aux accents dancehall.  Avec Shoefiti, on rajoute une touche de soul à ce mélange reggae et hip-hop jazzy grâce à la voix de Marina P, quand Soom T nous offre elle un morceau hyper frais dans son style unique sur Fonk Monk.
On découvre avec plaisir la rappeuse venue de San Francisco Blimes Brixton sur Boomblast, pur hip-hop aux samples orientaux. D’autres rappeurs sont invités pour des morceaux totalement orientés hip-hop comme Sounds to Wake the Kids up.
On trouve une petite dose de jungle et de dubstep sur des morceaux comme Le rendez-vous (feat Tippa Irie et N’zeng)  ou The People and the Police avec Kill Emil.  Le duo s'aventure même avec talent vers le vapor dub en invitant Biga Ranx sur Push the Limits avec ses mélodies légères et ses claviers aussi entêtants que ses samples.
Deux big tunes pour finir ! D'abord avec l'Anglais Charlie P pour le dansant One & Only, puis une très jolie collaboration avec Panda Dub sur un stepper lourd et bien nommé : Le bonheur.
Avec Le savoir faire, L’Entourloop confirme tout le bien qu’on pensait d’eux, réussissant le tour de force de s’adapter avec talent aux styles variés de chacun de leurs nombreux invités. Un album disponible dés le 22 septembre.

FESTIVAL HEXAGONAL DE L'ANNÉE (MINIMUM DEUX JOURS)
1. Reggae Sun Ska
2. No Logo Festival
3. Dub Camp Festival




Le suspense aura été de courte durée. Alors qu'on apprenait la semaine dernière que les mairies de Talence, Pessac et Gradignan ne souhaitaient plus accueillir le Reggae Sun Ska sur le Domaine Universitaire de Bordeaux, le festival a déjà trouvé une solution de repli et sera de retour sur ses terres médocaines du 3 au 5 août sur le Domaine de Nodris à Vertheuil. Et voilà sans plus attendre les premiers noms de cette 21ème déition : Jimmy Cliff, Groundation (qui fera son grand retour sur scène après trois ans d'absence), SOJA, Naâman, Samory I, Touré Kunda, Havan meets Kingston, Hollie Cook, Channel One, Demi Portion, Adrian Sherwood, Congo Natty et Legal Shot Sound System !
Comme nous l'indique le directeur Fred Lachaize aujourd'hui dans un interview qui explique la situation compliquée du festival, le Reggae Sun Ska ne pourra accueillir cette année que dix à douze mille personnes. Il ne faudra donc pas traîner pour prendre sa place. La billetterie est déjà ouverte !

ALBUM / EP DUB DE L'ANNÉE - SORTIES PHYSIQUES (AVEC LA COMPLICITE DE CULTUREDUB.COM)
1. Danakil meets OnDubGround
2. Alborosie – Freedom in Dub
3. Brain Damage & Harrison Stafford – Liberation Time




Danakil meets ODG
Chronique du 08/12/17 - Auteur(s) : Aurore avec LN
Une fois n’est pas coutume de l’exprimer ainsi, on a pris une grosse claque avec l’album Danakil meets OnDubGround. Les Danak nous avaient habitués à revisiter chacun de leur album en version dub (notamment Entre les lignes dub, Echos du dub) avec l’assistance et les mains de maître de Manjul, qui savait révéler l’essence de chaque morceau. Pour la relecture de leur dernier album La rue raisonne, c’est au collectif tourangeau ODG que les Franciliens ont fait appel, et pour quel résultat ! Plus qu’un décodage de l’album original c’est une nouveau voyage musical que nous offre ODG, un album à l’identité propre, où sont invités de nombreux MCs.

EchoSysDub est la première surprise de l’opus et nous fait vite comprendre que Danakil a décidé de se placer là on ne les attendait pas forcément. ODG y apporte des vagues dub electro et dubstep de toute puissance. C’est également le parti pris de 33 mars, où Joseph Cotton vient faire son apparition. C’est sur une base de trap / hip-hop synthétique et un fond de discours du Général De Gaulle que Parisian Dub nous est présenté, transformant le morceau original de Patrice et Balik en véritable dialogue entre leur chant et la ville.
Green Cross réussit à garder le côté lover et ensoleillé de Comme je sur Nuff Power. En écho au titre Back Again, Dub Again nous plonge dans l'univers des sound systems et lui offre une nouvelle parure musicale, presque martiale, à coup de grosses basses et percussions. Dub of the Nation remixe le morceau Mediatox avec un style très mystique tant dans son rythme envoûtant que dans les interventions vocales. Blow with the Wind est un conte digitalo-oriental qui ne laissera aucun auditeur indifférent.
Sir Wilson et Jamalski viennent épauler les réinterprétations digitales de Quelque chose et Dis leur sur respectivement Something et Tell Dem. Avec Butterflies, Danakil et ODG ont pris le risque de proposer un morceau pratiquement uniquement instrumental où les seules voix que l’on perçoit sont à ce point distordues qu’elles en deviennent elles-mêmes des instruments, des vagues sonores abstraites. Les trois derniers morceaux de l’album vont crescendo. Le nostalgique Lumière de la mémoire est repensé façon hip-hop sur un excellent Memories. On reste dans une vibration electro hip-hop avec les flows ravageurs de Miscellaneous & Adam Paris sur J’attends la nuit. Enfin, le Baco All Stars se retrouve sur World of Dub aux basses pachydermiques, avec notamment une explosive Nattali Rize qu’on n’aurait pas forcément reconnue.
Une autre énergie se dégage de ce projet, d'autres univers sont créés par les sons, la manière de traiter le texte et les matières donnés aux riddims. Le pari de la rencontre entre les deux collectifs français est réussi. En bref, Danakil meets Ondubground, ça déboite.

ALBUM / EP DUB DE L'ANNÉE - SORTIES DIGITALES (AVEC LA COMPLICITE DE CULTUREDUB.COM)
1. Panda Dub – Shapes and Shadows
2. Mahom – Fell In
3. Mystic Fyah - A Dub Odyssey




Le nouvel album de Panda Dub est disponible depuis le 1er mars en téléchargement gratuit chez ODGProd. Shapes and Shadows est un opus très épuré où les multiples influences du dubmaker français s'expriment sur des morceaux instrumentaux moins digital que ses précédents efforts. 10 nouveaux titres dont un remix du Bad Weather d'High Tone à découvrir d'urgence !

COMPILATION DUB / REMIXES & MEETINGS – SORTIES DIGITALES (AVEC LA COMPLICITE DE CULTUREDUB.COM)
1. High Tone – Dub to Dub
2. Ondubground - Various Dubz 2
3. Art-X - Digital Soul




CHRONIQUE CULTURE DUB
Le groupe phare de la French Dub Touch est de retour avec l’album « High Tone Remixed – Dub to Dub » et ses 13 remixes, réalisés par 12 acteurs de la scène Dub actuelle qu’ils ont influencé  : Ondubground, Panda Dub, Mahom, Alpha Steppa, Jacin, Adi Shankara, Radikal Guru, Dub Engine, Tetra Hydro K, Mayd Hubb, Rakoon et Full Dub, en libre téléchargement à partir du 07 Novembre 2017 sur ODG Prod, produit par Aftrwrk !
En 1997, sur le pentes de la Croix-Rousse à Lyon, cinq potes s’apprêtent à former l’un des groupes qui écrira les bases du Dub en France. Vingt ans plus tard, High Tone est encore là, et peux même se vanter d’avoir influencé toute une génération d’artistes qui continuent d’écrire l’Histoire de notre musique préférée. C’est à une partie d’entre eux que les lyonnais ont décidé d’ouvrir leur répertoire, transmettant alors des multipistes tel un passage de témoin. Un joli cadeau d’anniversaire qui prend la forme d’un album intitulé « High Tone Remixed – Dub to Dub » offert librement par le groupe et ses 12 remixeurs via ODG Prod.
Instigateur de ce que l’on a appelé la « French Dub Touch », High Tone a logiquement fait appel à des dubmakers de l’hexagone, mais pas uniquement puisque figurent aussi sur la tracklist l’excellent duo italien Dub Engine, le polonais Radikal Guru avec un remix osé du ‘Until The Last Drop’ chanté par Shanti D, ou encore le terrible ‘Urban Style’ enregistré avec Martin Campbell et revisité ici avec brio par Alpha Steppa et son équipe familiale Dub Dynasty. On citera ici également Jacin, producteur français installé à Abidjan, qui se distingue avec un remix rootical du titre ‘Zentown’ qui figurait sur l’album rencontre entre High Tone et Zenzile.
Pour les autres artistes, on retrouve donc cette fameuse « nouvelle » génération de dubbers français, tous affiliés au netlabel ODG Prod et à l’agence Aftrwrk Prod, deux des entités à qui l’on doit ce superbe album. Celui-ci s’ouvre avec le remix d’Ondubground du terrible ‘The Orientalist’, les boss d’ODG Prod signant une prod dans la lignée de l’excellent travail qu’ils ont réalisé pour Danakil dernièrement. Après avoir remixé ‘Bad Weather’ sur son album « Shapes and Shadows », Panda Dub s’est cette fois attaqué à un morceau plus récent de High Tone pour y apposer sa touche personnelle. Mahom suit avec un remix cosmique du hit ‘Rubadub Anthem’ et son célèbre refrain scandé par Pupajim. Big tune !
Si la plupart des remixeurs sont aller piocher dans les albums mythiques d’High Tone, d’« Opus Incertum » à « Ekphrön », en passant par « Acid Dub Nucleik », « Underground Wobble » et « Outback », Adi Shankara a choisi le (trop) méconnu « Ghost Track EP » sorti en 2015 chez Jarring Effects bien sûr. Le résultat est un titre Dub progressif de haut niveau, chapeau ! Les Tetra Hydro K ont quant à eux opté pour du classique en remixant le génial ‘Enter The Dragon’, un titre qui de base leur correspond totalement, et dont ils ont accentué le côté Drum & Bass en y ajoutant également une voix féminine pour contrebalancer, voix qui n’est autre que celle de Sabry du duo Dub Engine.
Comme ses jeunes collègues, Mayd Hubb n’a eu peur de rien en plongeant dans la riche discographie de High Tone, c’est le message qu’il a choisi en reprenant ‘Afraid Of Nothing‘ ! Enfin, le beatmaker Rakoon a retravaillé à sa façon le ‘Dirty Urban Beat’ de ses ainés, tandis que Full Dub a conservé la célèbre mélodie du ‘Glowing Fire’ pour reconstruire un morceau personnalisé.
Plus qu’un simple album, « High Tone Remixed – Dub to Dub » est la release qui démontre que la scène Dub est en pleine expansion ! Comme des grands frères consciencieux, les 5 musiciens de High Tone ont transmis leurs racines avec des pistes de titres extraits de leurs nombreuses compositions à des plus jeunes dubbers qui, dans le respect du cadeau offert, ont donné le meilleur d’eux-même pour continuer le partage de cette vibe Dub qui ne cesse de s’ouvrir des portes musicales mais toujours portée par un groove sans faille que High Tone défend depuis ses débuts !!… The Dub Mission Continues !

 

Par 12703 votants
Commentaires (3)
Gravatar
Par kylian420 le 12/02/2018 à 10:01
Merci à l'équipe de reggae.fr pour le taff ! Sa fait plaisir, content du résultat. Des reconnaissances bien mérité pour des artistes talentueux
Gravatar
Par Karadoc le 04/03/2018 à 17:40
Merci pour le taff. Je suis très étonné que les gens n'aient pas préféré Brain Damage et Harrisson Staford,sur la sortie physique...
Gravatar
Par bbh poliafront le 14/07/2018 à 13:35
panda dub et mahom sans aucun doute non rien volé , récompense entièrement mérité !!!

Les dernières actus Roots